Nous étions au tout début de l'hiver et cela faisait déjà quinze jours que je n'avais pas vu Gino, telle était ma décision.
Je n'étais pas retournée chez les Dhoms depuis qu'il m'avait avoué l'annulation de son mariage. De même que je ne répondais pas aux appels téléphoniques de Guito et de Daven, par peur qu'ils ne réussissent à me convaincre de venir les voir.
Je préférais faire "la morte". C'était la seule protection efficace contre Gino ou contre moi-même. La pente était trop glissante et aussi difficile que cela puisse être, je ne devais plus le voir.
Les seules nouvelles qui me parvenaient de lui, et de manière générale de ma famille de cœur, provenaient de Kimy. Elle m'avait dit que je leur manquais à tous, que Guito était peiné que je refuse de lui parler et que Gino n'allait pas bien du tout. Il passait son temps à l'écart de tout le monde. Il était de mauvaise humeur au point que même Daven avait stoppé toute tentative pour le dérider, c'était peine perdue.
Et moi dans tout cela, je nageais en eaux troubles. J'étais toujours tiraillée entre deux voies : celle de la raison et celle du cœur.
Je m'étais convaincue que mon premier choix était le meilleur, mais depuis la dernière discussion avec Gino, je n'étais vraiment plus sûre de rien et ne pas le voir restait ma dernière chance d'éviter une catastrophe.
Mes journées se ressemblaient toutes. Elles étaient aussi tristes que pouvait l'être un cimetière.
Celles du collège me rendaient léthargique, comme celles passées chez moi en recluse. Mes seules distractions étaient courir au stade avec Jump, mes devoirs, la télévision et l'ordinateur. Tous les soirs, j'écoutais la musique en regardant les photos que Gino avait mises de lui sur mon téléphone portable spécial musique. Il avait supprimé celles, trop sombres, que j'avais prises de lui, pour les remplacer par de plus belles. Une attention qui m'avait profondément touchée et tous les soirs, je m'endormais en pleurant...
Pourtant, je tenais bon. Tous les matins, je me levais et vaquais au peu d'occupations que j'avais.
Une rengaine sempiternelle qui était devenue mon rythme de vie. Un rythme de vie dans lequel j'étouffais de plus en plus...
Un événement, auquel je ne m'étais pas préparée, vint cependant le perturber.
C'était la fin des cours, et, avec mes deux amies, nous approchions de la grille qui nous séparait du dehors, quand Kimy s'écria :
— Eh, regardez, y'a Daven là-bas !
Passant la grille, elle lui demanda :
— Qu'est-ce que tu fais là !
— Je viens à la rencontre de Mademoiselle Lili parce que plus de son, plus d'image, ça va un peu, mais ça commence à bien faire, alors je viens vérifier si y'a pas moyen de la reconnecter avec la réalité, dit-il en s'adressant à moi sur un ton plein de reproches.
— Et c'est quoi ta réalité ? lui répondis-je sans vraiment y mettre du mien.
— Regarde derrière moi !
Curieuse, je parcourus du regard le parking derrière Daven. Ce dernier ne me quittait pas des yeux, guettant ma réaction lorsque je découvrirai ce pourquoi il était venu.
Et ce que je vis ne me plut pas du tout. Gino était là qui discutait avec Hélicia...
Manifestement, elle lui sortait le grand jeu car elle se trémoussait, riait aux éclats, et se rapprochait de lui dès que l'occasion se présentait.
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LES AILES DE MA VIE - L'initiation
ParanormalLili a quinze ans, sous ses airs d'adolescente ordinaire, elle dissimule pourtant un lourd secret. Mais l'approche d'inévitables bouleversements et l'arrivée de Gino vont venir contrarier sa vie. Comment va-t-elle s'y prendre pour gérer ces cataclys...