Chapitre 2 : Envie

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C'était bientôt l'heure. Elle s'arracha dans sa contemplation du paysage. En dessous d'elle, une porte claqua et des pas gravirent les escaliers. Confirmant son ouïe, une femme ouvrit la porte et baissa la tête. Elle était habillée tout de blanc, y compris son voile qui cachait ses traits. Elle tenait dans ses mains l'habituel plateau de verre garni. Avec précipitation et nervosité, elle déposa le plateau à terre et le poussa dans la fente du mur de verre qui les séparait toutes deux. Elle exécuta une révérence, la tête toujours baissée et sortit de la pièce à reculons.

​Elle baissa les yeux. Sur le plateau, trônait une assiette à température parfaite ainsi qu'un pichet d'eau en cristal et d'un verre. Elle se saisit des couverts en argent et s'assit à même le sol. Elle piocha aléatoirement sans même regarder ce qu'elle mangeait. Après plusieurs bouchées, elle considéra son assiette à peine entamée. Elle s'en saisit et jeta son contenu dans le pot de fleur qui ornait ses appartements.

​Il l'avait déjà réprimandé une fois au sujet de son peu d'appétit. Elle ne voulait pas qu'ils perdent leurs temps sur ce sujet. Il y avait d'autres choses qui l'intéressaient.

Elle soupira en se rasseyant sur le bord de la fenêtre. A travers la vitre épaisse, elle devinait les contours de hautes montagnes aux bouts blancs surplombés par l'immensité d'un ciel bleu. Elle laissa ses yeux dérivés sur un paysage qu'elle avait déjà détaillé des millions de fois.

Sa tour était le centre d'un village en pierres blanches d'où venait la villageoise qui lui avait apporté son repas. Il y avait une centaines de maisons identiques et éparpillés de façon aléatoire un peu partout. Dans les rues, des enfants couraient et des femmes étendaient leur linge blanc.

Elle soupira. Quand pourrait elle voyager dans ce monde qui était le sien ? Le pourrait-elle même un jour ?

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