Chapitre 47 : Création

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L'Ange Blanc contemplait le paysage familier de derrière la fenêtre. Elle ne cessait de ressasser ses souvenirs avec ceux qui étaient devenus sa nouvelle famille. Son départ lui avait fait mal et du plus profond de son coeur, elle voulait retrouver ceux qui l'avaient acceptée, mais elle ne pouvait pas. Leurs destins n'étaient pas de pouvoir vivre ensemble.

La fatalité de son propre destin lui était clair. Elle devait accomplir ce pourquoi elle existait. Que ça lui plaise ou non.

- Votre Sainteté ? Si vous avez besoin de quelque chose vous pouvez toujours faire appel à moi.

Son maître la regardait avec une lueur de tristesse dans le regard. 

Je ne veux pas de ta pitié, songea-t-elle.

Elle appuya son visage contre la vitre.

Cette histoire est si ironique. Je hais ce monde. Et pourtant, c'est moi qui l'ai créé. Voici mon prix à payer. Cela valait-il le coup que je me sacrifie pour ces gens ?  N'était-ce pas mon rêve de me mêler à eux ? De connaître l'amour, l'amitié et la fraternité ? J'ai pourtant de si grands pouvoirs, alors pourquoi ne puis-je pas les utiliser pour servir mes propres idéaux ? C'est ça le statut de Dieu ? Quel triste destin.

Ils me manquent...

Je vois... Si c'est cela, pour eux, je serais prête à le faire. Mais j'aurais tant aimé pouvoir les voir une dernière fois avant que... tout ne s'achève.

- Maître ? appela-t-elle.

- Oui votre Sainteté ? s'anima aussitôt le vieillard visiblement heureux qu'elle fasse appel à ses services. Que puis-je faire pour vous ?

- Combien de temps encore ?

- Uhm... D'après mes calculs, demain soir.

- Je vois.

- Ne vous inquiétez pas votre Sainteté. Croyez moi tout ce passera bien.

- Vous savez... qu'importe ce que vous pensez, vous et lui, je ne regrette pas de mettre fait enlevée.

- Vous ne devriez pas dire ça ! Ces barbares étaient capables de vous tuer !

Elle le foudroya du regard et il se figea.

- Vous ne les connaissez pas. Grâce à eux j'ai découvert des choses qui m'étaient alors inconnues. C'est pourtant mon monde. Celui que j'ai créé. Mais je ne sais rien de lui. Que c'est ironique, sourit-elle tristement.

- Votre Sainteté. Vous savez très bien pourquoi vous n'avez pas droit de sortir. 

- C'est bon. Je sais. De toute manière, tout sera bientôt fini. Mais j'aimerais avant de disparaître, changer les choses.

- Pardon ? Quelles choses ?

- Ce système ne satisfait qu'une part de la population. 

- J'en suis conscient, mais nous ne pouvons nous occuper de tout le monde.

- Je suis pourtant censée être Dieu non ? Je devrais être capable de rendre tous ces gens heureux.

- Votre Sainteté...

- Au final, il y a tellement de malheur et de tristesse. "Ces barbares" comme vous disiez, se sont soulevés contre ce système qu'ils trouvaient injuste. Contre ce système qu'ils n'approuvaient pas. Est-ce normale d'après vous ?

- En 3 millions d'années, c'est la meilleure période que ce monde a connu.

- Mais le malheur réside.

- C'est un conflit dur à régler. Nous n'avons aucune solutions à apporter.

- Je devrais pouvoir en trouver. J'ai eu le temps de voir vous savez. Je dois trouver quelque chose. Sinon, jamais je ne pourrais me le pardonner.


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