Chapitre 18 : Chute

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Elle s'élançait dans les airs à une vitesse vertigineuse et éclatait de rire à chaque nouveau virage qu'elle effectuait. C'était la première fois qu'elle volait, et n'aurais jamais soupçonné le pouvoir. C'était un sentiment incroyable de se mêler ainsi au paysage. Cela lui donnait l'impression d'avoir toujours fait partie de ce ciel. Toutes les peines et la solitude qu'elle avait enduré jusque là valait largement tout ça. Elle était si heureuse, et elle le montrait avec un sourire jusqu'au oreilles.

Soudain, elle écarquilla les yeux. Son corps se cabra et durant l'espace d'un instant, elle ne vit rien d'autre que du noir. Puis, elle se sentit chuter lentement. Le sol se rapprochait dangereusement, mais son corps refusait de lui répondre. Elle ne put que fermer les yeux et attendre l'impact.

Elle ouvrit lentement un oeil puis l'autre. Elle pendait au-dessus du vide à une distance raisonnable de la cime des arbres. Elle leva la tête. Elle reconnut la femme qui la tenait comme appartenant à ceux qui l'avaient interrogée. Ses longs cheveux bruns chatouillaient son visage et elle semblait plongée dans une intense concentration.

- Amael, murmura-t-elle entre ses dents, tu me lâches, je t'étripe !

- Et ! Et puis je te rappelle que si je te lâche, tu ne pourras pas faire grand chose.

- Vous allez arrêter de gigoter dans tous les sens oui ?! cria une voix plus haut.

- T'inquiètes, sourit la brune, on va te remonter en un seul morceau.

- Je...

Elle ne sentait plus rien. C'était étrange comme sensation, comme si le corps dans lequel elle se trouvait lui était étranger. Elle parvint à imaginer les muscles de son bras tirés douloureusement tandis que la brune l'agrippait avec force. Elle était elle-même tenue par les pieds, la tête en bas.

Avec un léger sursaut, la chaîne humaine qu'ils formaient tous s'ébranla. Elle se sentit tirée par le haut péniblement. Les doigts de la brune menaçait de glisser à tout moment bien qu'elle tenait du mieux qu'elle pût.

Alors qu'elle se demandait si elle ne ferait pas mieux de tout lâcher, on la prit par la taille et on la déposa sur la terre ferme.

Les autres s'étaient écroulés sur le sol, haletants et transpirants. Soudain, ils éclatèrent de rire. Elle les fixait sans comprendre.

- J'ai vu ma vie défiler devant mes yeux, fit un homme blond aux yeux noisettes et à la large carrure.

- T'as pas de vie Gabin, répondit la brune.

- Si je te connaissais pas aussi bien Isaura, je dirais que tu te moques de moi.

- Est-ce que ça va ? demanda une femme aux longs cheveux noirs et à la peau brune en s'approchant. Ne t'en fait pas, ils sont tous toujours comme ça.

- Comment ce fait-il que d'un coup vous ayez cessé de voler ?

Cette fois, c'était le garçon qui était venu la chercher. Uhmmm... Wa'il. Il s'appelait Wa'il.

- Oh ! s'écria soudain Isaura.

Elle se précipita vers l'Ange et attrapa son visage entre ses mains. Les autres la réprimandèrent du regard mais ne firent rien.

- On peut savoir ce que tu fais ?

- Regardez !

Elle se décala et leur laissa voir ce qu'elle désignait du doigt. Dépassant du col de l'Ange Blanc, s'enroulait son curieux tatouage argenté.

- Je ne me souvenais pas qu'il était aussi long, commenta Gabin à voix haute.

L'Ange se tordait le cou pour réussir à voir ce que désignait Isaura, sans succès.

- C'est votre tatouage, lui expliqua Amael. Il a... grandi.

- C'est juste ça ? dit-elle déçue en cessant de bouger dans tous les sens.

- Comment ça juste ça ? fit Isaura.

- Vous savez au début, il ne se résumait qu'à un minuscule motif. Mais c'est normal. Je grandis alors lui aussi.

Wa'il eut une impression de déjà-vu et se rappela lorsqu'elle était persuadée que personne n'avait de nom. Elle avait toujours vécu ainsi. Pour elle ça devait être une évidence. On l'avait enfermé dans la Tour de Cristal où elle n'avait probablement rencontré personne et où elle vivait seule.

Wa'il se souvint des mots du Libérateur : Allez vous laisser vivre cette créature à l'aspect fragile ? Ou allez vous la tuer de sang froid en ayant sa mort sur la conscience ?

- Les tatouages ne sont pas censés évoluer avec leur porteur, expliqua Elias tant bien que mal tandis qu'elle le regardait avec un intérêt manifeste.

- Ah bon ?

- Évidemment !

- Ce n'est pas un tatouage ordinaire, fit Kon.

Isaura leva les yeux au ciel et les autres éclatèrent de rire.

- Vous nous avez dit la dernière fois qu'il s'agissait de la marque de votre pouvoir, tenta Ashaisha.

- Et c'est le cas.

- Donc si on suit la logique, intervint Wa'il, votre tatouage s'étend et votre pouvoir également.

Elle haussa les épaules. Ce genre de sujet ne semblait pas l'intéresser.

Ils s'échangèrent des regard nerveux.

- Donc vous n'êtes pas au maximum de votre puissance.

- Non. Mon maître me répétait toujours qu'entre un enfant et un adulte, l'adulte serait toujours le vainqueur. Il disait que c'était également valable pour mon pouvoir.

- Je vois... Cela veut tout de même signifier que vos pouvoirs ont bien mis 3 millions d'années à évoluer au stade actuel.

- 3 millions d'années ? demanda-t-elle surprise.

- Euh... oui, répondit Ashaisha perturbée par son étrange réaction. Ça fait bien 3 millions d'années que nous les hommes vous vénérons, vous l'Ange Blanc.

- 3 millions d'années ? répéta-t-elle. Je n'ai pas vécu 3 millions d'années. Enfin, je ne pense pas. Le temps passé là-bas était long, mais la dernière fois qu'il m'a rendu visite, il m'avait dit que j'avais 11 ans.

- 11 ans ?! Mais enfin, c'est impossible ?! s'écria Gwyn.

- Ah bon ? Pourquoi ?

- Vous avez peut-être l'apparence d'un enfant, mais vous ne pouvez en être une, dit Wa'il.

Puis, il se souvint de son comportement enfantin, des mots qu'ils avaient échangés, de son enjouement naïf. Et puis pourquoi pas ?

Mais qu'est ce qu'il racontait ?! Cela faisait 3 millions d'années que l'Ange Blanc existait, et peut-être même encore plus ! Elle ne pouvais avoir 11 ans !

- Il se peut qu'on est mis les pieds dans quelque chose de très gros, murmura-t-il. Bien plus compliqué et plus important que nous n'aurions pensé. Quelque chose qui réduit à néant les croyance vieilles de plus de 3 millions d'années.

Les autres ne relevèrent pas et certains même hochèrent la tête.

- Vous êtes bien sûr de n'avoir que 11 ans ? vérifia Gwyn.

- Ben oui ! Mais si vous y tenez, il y a une preuve.

- Une preuve ?!

- Oui. Depuis la naissance de mon existence, il m'a fait écrire chaque jour certaines coordonnées dans un cahier. Donc si vous comptez le nombre de date, vous saurez que j'ai raison.

- Vraiment ? Et où se trouve ce cahier ?

- À la Tour de Cristal.


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