Chapitre XVI

555 19 0
                                    

Mercredi, 9 Décembre 2009.

Je suis sortie du burreau du directeur, sans attendre son autorisation. Je ne voulais plus en parler, maintenant. Je voulais seulement la paix. J'ai tiré sur la manche de mon pull pour recouvrir la ciquatrice sur mon bras droit. J'ai repensé à ce que Zayn m'avait dit, alors qu'il me pensait endormi. «Je sais que tu n'aimes pas montrer ton corps». Peut-être le savait-il, mais il ignorait la vrai raison. Ou du moins une grande partie. Je me suis rendue à ma case, pour y chercher mes cahiers et y déposer mon manteau. Comme il ne restait que dix minutes de cours avant le dîner, j'ai décidé de les séchées et je me suis tout de suite dirigée vers la cafétéria. 

La grande pièce était vide. Pas un chat. C'était bizarre de la voir sans élève, car habituellement, elle en était remplie à craquer. Je me suis installée à notre table du fond. Je ne savais pas trop si Emma allait venir manger avec moi. On ne s'était toujours pas reparlés depuis qu'elle m'avait vu avec Zayn, en train de s'embrasser... J'avais vraiment peur que ma gaffe soit irréparable. Que mon amitié avec Emma soit définitivement perdue... Je ne voulais pas que ça se termine ainsi entre nous deux. À part Zayn, elle était la seule amie que j'avais ici, et j'étais en train de la perdre...

J'ai repensé à ma longue conversation avec le directeur. Ces souvenirs que j'avais fait ressurgir de mon esprit... Des souvenirs que j'avais pensé avoir oublié pour toujours... Je n'aimais pas avoir à revivre ces émotions, la douleur de la lame dans mon bras, la folie de ma mère... Plus j'y repensais, plus je m'en voulais. Je m'en voulais de ne pas avoir admis sa folie devant la police. Ne pas leur avoir dit que c'était elle qui m'avait planté une paire de sciseaux dans le bras. De l'avoir défendue. Elle n'était peut-être plus dangereuse, maintenant, mais je restais quand même inquiète. Si j'en avais parlé aux urgences ou à la police, peut-être qu'elle aurait du prendre des médicaments, voir un psychologue. Peut-être que ça l'aurait calmé, que ça l'aurait rendue moins dangereuse...

Zayn : Be, ça va ?

J'ai sursauté en entendant la voix de Zayn derrière moi. Je me suis retournée pour le regarder. Il avait un plateau de nourriture dans les mains... non, deux plateaux, qu'il faisait tenir en équilibre sur son avant bras. Il s'est assis à côté de moi et a déposé un des deux plateaux devant moi. 

Zayn : Je t'ai apporter de quoi à manger.

Moi : Merci.

Je lui ai souris, mais il semblait toujours un peu inquiet. J'ai jetté un coup d'oeil autour de nous. La cloche avait sonnée, visiblement, mais je ne l'avais pas entendue, perdue dans mes pensées. Tous les élèves étaient maintenant installés à la cafétéria. Et Emma ne s'était toujours pas pointé. Je sentis la main de Zayn se poser sur mon bras.

Zayn : ... Be ?

Je me suis retournée et je l'ai regardé.

Moi : Oui ?

Zayn : Tout va bien ?

Je lui ai souris pour le rassuré, et sans trop y penser, ma main rejoignit la sienne.

Moi : Oui. Je vais bien.

Mes doigts se serrèrent autour des siens, encore une fois sans trop que j'en aie conscience. Je sentis son pouce aller et venir dans ma paume, comme à son habitude. Il me souria, et on commença à manger. Il me parla un peu de ses cours, des potins qui courraient ces temps-ci. Il me donna aussi des nouvelles de Nick, son ami qui s'était retrouvé saoul et drogué dans son auto. Il allait mieux, apparement, mais Zayn refusait encore de lui parler. Il disait qu'il était dégouté par ce qu'il faisait, trop pour lui reparler. Il disait qu'il ne voulait plus jamais le revoir, mais j'en doutais... Zayn avait toujours eu la manie de se tenir avec les mauvaises personnes, celles qui faisaient des mauvais coups et consommaient des substances illicites. Comme Nick était l'une de ces personnes, il était innévitable que Zayn allait finir par lui reparler.

Je n'ai pas touché à mon assiette. Je n'avais pas très faim. Zayn, lui, avait encore un petit creux après avoir gobé son plat en entier, mangeant presque l'assiette en stiromousse avec. Je voyais qu'il reluquait mon repas, que je n'avais pratiquement pas touché. Éclatant de rire, je lui tendit l'assiette, qu'il prit aussitôt et se mit à dévoré.

Zayn, la bouche pleine : T'es shure que sha te déranche pas que she manche ton ashiette ?

J'ai rigolé.

Moi : Allez, fais-toi plaisir.

Il se mit à manger, apparement bien content d'avoir une double ration. Après qu'il eut finit son deuxième repas, il partit se débarasser des plateaux et est revennu s'asseoir, prennant ma main entre ses deux paumes, comme s'il tentait de les réchauffer.

Zayn : Ta peau est toujours glacée.

J'eus un petit sourire amusé.

Moi : Je sais... Tu me l'as déjà dit.

Il prit un moment avant de comprendre de quoi je parlais. Quand il était vennu me voir le soir, chez moi, et qu'on avait tous les deux marchés sous la neige.

Zayn : À oui, c'est vrai.

Il attendit un moment, puis poursuivit, presque en murmurant.

Zayn : De quoi le directeur voulait-il te parler ?

Moi : Oh...

J'ai hésité un instant. Puis, je me suis dit que j'avais assez ravivé ce douloureux souvenir pour aujourd'hui, alors, j'ai mentis.

Moi : Hum... Rien. Il... Il voulait juste me parler de, hum... de mon dossier. Il trouvait que je devrait faire plus attention avant... de faire des bêtises.

Zayn haussa un sourcil, peu convaincu.

Zayn : D'accord...

Il ne rajouta rien, même si je savais qu'il n'était pas dupe. Ça sentait le mensonge à cent milles à la ronde. Je me suis raclée la gorge et j'ai rapidement changé de sujet.

Moi : Tu... Tu as vu Emma, aujourd'hui ?

Zayn fit non de la tête, tout en carressant le dos de ma main avec son pouce.

Zayn : Je ne sais pas. Elle n'était ni dans ses cours, ni à la cafétéria.

Je me suis mordue la lèvre, inquiète. Ma pauvre Emma... Je m'en voulais à mort.

Moi : Zayn, tu m'excuses une minute ? Je vais aux toilettes et je reviens.

Il me fit un salut militaire avec sa main.

Zayn : Message reçu, mon capitaine.

J'ai pouffée et je me suis levée, détachant ma main de la sienne. Ça me faisait bizarre qu'on se donne la main, comme ça, qu'on traîne toujours ensemble... Comme si on était plus que des amis, mais moins qu'un couple. C'était assez complexe et particulier, et je ne savais pas trop comment agir, et quelles étaient les limites. Mais suretout, combien de temps ce petit jeu allait durer. 

Je me suis dirigée vers les toilettes, qui étaient dans le corridor juste à côté de la cafétéria. Je poussai la porte et entrai dans la pièce. Mais dès que la porte se referma, je me suis figée. Devant moi, en train de se laver les mains, il y avait Emma. Emma qui, les yeux rougis, m'observaient au travers du miroir. J'ai sntie ma gorge se serrer. Elle me regardait d'une expression indéchiffrable. Pas de reproche, pas de haine, juste... de l'indifférence. Mon coeur cognait fort contre ma poitrine, et ma bouche s'asséchait. Je ne savais pas quoi lui dire. J'aurais du lui dire désolé, me précipiter pour m'excuser, mais un seul mot s'échappa de mes lèvres. Un seul, mais qui exprimait toute ma détresse, juste au ton de ma voix tremblottante.

Moi, hésitante : Emma...

Rose xox

Stormy SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant