Chapitre XXVI

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J'étais installée silencieusement dans la voiture, côté passager. J'observais le paysage au travers du parbrise, ignorant soigneusement ma mère qui était à côté de moi, au volant. On ne s'était plus parlées depuis hier soir, et c'était bien comme ça. Les mots n'auraient qu'empirés les choses. 

Je ne savais pas trop quoi penser. Je ne savais pas trop comment agir, ni comment réagir. Nous étions sur la route, en direction du salon funéraire, qui avait lieu dans cette petite ville dont j'avais oublié le nom. C'était ici qu'il était mort. Cette idée me semblait étrange, irréelle. D'une certaine manière,j'étais persuadée que ce n'était qu'une mauvaise blague qu'on me faisait. Qu'en fait, il était toujours vivant, quelque part dans le monde.

Ma mère conduisit jusqu'à une petite bâtisse en briques rouges, couverte de neige. Ça rescemblait plus à un simple bungalow qu'à un salon funéraire. Ma mère roula vers le stationnement et gara la voiture. Après avoir coupé le moteur, nous sommes restées toutes deux immobiles, sans dire un mot. De longues minutes passèrent, où les seuls bruits qu'on pouvait entendre étaient nos souffles et le vent qui s'agittait dehors. De tones de questions se bousculaient dans ma tête à présent, et je devais me concentrée pour garder mon esprit clair. Après quelques autres secondes, je finis par trouver le courage de parler.

Moi : Comment as-tu su ?

Quelques secondes passèrent. Je sentis le regard de ma mère, surprise, posé sur moi. Mon regard à moi était planté loin devant, regardant un point flou au travers du parebrise.

Elle : Qu'est-ce que tu veux dire ?

Moi : Comment as-tu su qu'il était mort ?

Le dernier mot avait quitté mes lèvres avec une pointe de fatalitisme. 

Elle : Je... Quelqu'un m'a appelé.

Moi : Qui ?

Elle hésita pendant quelques instants.

Elle : C'était une femme qui aurait fréquenté ton père. Elle... Elle a cru bon de nous informer.

J'ai rien répondu, tout simplement parce que je ne savais pas quoi répondre. Alors comme ça, mon père avait rencontré quelqu'un d'autre, après être parti. Même si ça pouvait sembler bizarre, j'étais presque contente qu'il l'ait fait. C'était pour ça, en fin de compte, qu'il nous avait quitter. Pour refaire sa vie. Je me suis soudain sentie mal pour cette femme, qui partageait avec nous la perte de mon père. 

Sans rien ajouté, je suis sortie de la voiture et claquai la porte derrière moi. Dehors, le froid me mordit les joues, et je resserai un peu mon manteau autour de moi. Je me suis dirigée vers l'entrée principale du salon funéraire. Je n'ai pas eu besoin de me retourner pour savoir que ma mère me suivait de loin. Ni pour savoir qu'elle s'était mise à pleurer. 

Je suis passé devant un groupe de personnes qui fumaient à côté de la porte d'entrée. Ils avaient tous une mine d'enterrement, et me dévisagèrent un peu quand je les ai dépassés et suis entrée dans la bâtisse. À l'intérieur, tout était sombre. Les gens portaient tous du noir, et certains pleuraient. Les enfants, eux, couraient dans le hall, jouant à des jeux pour passer le temps. Après avoir demandé à quelqu'un où se trouvaient les vestiaires, j'y ai déposé mon manteau et je suis repartie vers la pièce où il y avait le plus de monde. J'en avais déduit que c'était là où mon père était exposé, et j'avais raison. J'ai du me faufiller entre les gens, tous des inconnus, et les pousser légèrement pour me frailler un passage jusqu'au fond de la salle. Rendu au fond, il y avait un peu moins de monde, et je pu voir clairement le cercueil. Une boite en bois vernis, entouré de tones de bouquets de fleurs. Autour, quelques gamins regardaient à l'intérieur du coffre, avec une légère curiosité morbide. Lorsque je me suis rapprochée encore plus, les enfants sont partis, et je pu le voir, finalement.

Stormy SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant