Chapitre XXIV

454 15 0
                                    

Samedi, 26 Décembre 2009.

11h20.

Mes yeux sont restés secs. Ils ne se sont pas embués, n'ont pas rougis. N'ont versés aucune larme. À croire que je n'étais pas affectée. C'était une sensation étrange. Comme un vertige. La sensation d'une chute qui se prolonge, sans pourtant qu'on heurte un jour le sol. Comme si je sautais dans un puit sans fond, une chute sans fin. On se sent flotter, comme dans un rêve. Comme si on ne faisait plus partit du même monde et que ce qu'on voyait autour de nous n'était plus la réalité. 

Seule la présence de Zayn à mes côtés me permettait de ne pas trop m'enfoncée dans ce puit sans fond. Il était comme un harnet, une ancre qui me retennait fermemant dans le monde réel. Mes pas résonnaient contre le sol ciré. Bien qu'il y avait foule autour de nous, des gens attendant leur prochain vol, pressés et inconscients, j'avais l'impression qu'il n'y avait que lui et moi. J'ignorais même sa présence à Elle. Dans mon esprit, il n'y avait que Zayn et moi ici, au Leeds Bradford International Airport. Sa main se serrait autour de la mienne spasmodiquement. Il avait l'air plus remué que moi, un peu comme si nous avions échangés nos rôles : il était le boulversé et moi... Moi, je ne savais pas trop ce que j'étais. Un corps vidé d'émotion. Une enveloppe corporelle privée d'âme. Car si j'avais eu une âme, j'aurais été en larmes, roulée en boule sur le parquet glacé. À la place, je me tennais à côté de Zayn, droite, sans aucune expression sur mon visage. Non, j'avais perdue mon âme hier, dans ma chambre, lorsque ma mère m'avait pitoyablement annoncée la nouvelle. Losqu'en pleurant elle m'avait appris la mort de mon père, et qu'elle avait égoïstement attendu plusieurs jours avant de me le dire, gardant la nouvelle pour elle seule, me maintenant dans l'ignorance. Lorsqu'elle m'avait dit que je devrais retourner au Canada avec elle aujourd'hui, pour les funérailles.

TOUS LES PASSAGERS DU VOL 726 SONT PRIÉS DE SE RENDRE À L'EMBARQUEMENT PORTE A5.

La voix à l'interphone me fit susauter légèrement, me rappellant l'approche de mon départ. Je sentis les bras de Zayn se refermer sur moi, m'emprisonnant dans une étreinte déséspérée. Mon visage était enfoui dans sa veste et mes bras, retennus le long de mon corps par ses propres bras que me serrait contre lui. 

Zayn : Ne t'en fait pas, ce n'est que pour une semaine. Ensuite, tu reviendras ici.

Je ne réagis pas, me laissant bercer. Je sentis ses lèvres se presser sur mon front. 

Zayn : Il faut que tu restes forte, Be. Je sais que tu vas pouvoir y arriver.

Toujours aucune réaction de ma part. Je fermai les yeux, oubliant un instant où je me trouvais. Je me suis laissée aller dans ses bras, mon corps collé contre le sien. 

Zayn, murmurant à mon oreille : Je t'aime.

Sur ce, une de ses mains quitta ma taille et se posa sur mon menton. Il tira doucement dessus, ramenant mon visage près du sien, me forçant à le regarder. Je battis des paupières, observant ses prunelles un court instant. Ses yeux était de couleur caramel. Un brun lumineux, mais avec une touche de tristesse. Il me regardait comme il ne m'a jamais regardé, et bien que je savais qu'il m'aimait, c'était la première fois que je le ressentais autant, rien qu'avec son regard. 

Il se pencha lentement, et nos lèvres se soudèrent. Les siennes étaient douces et chaudes alors que les miennes étaient sèches et froides. Il n'y avait aucun mouvement, seulement le contact de nos lèvres et sa main contre ma joue, me retennant près de lui. Mes paupières s'ouvrirent lentement, et je vis alors son visage près du mien. Il avait toujours les yeux fermés, perdu dans le baiser. Il était si beau... Je ne voulais pas que le moment s'arrête. Je ne voulais pas le quitter, je ne voulais pas qu'il cesse de m'embrasser... Mais toutes bonnes choses ont une fin.

Stormy SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant