Highlander ~

Chapitre 3 ~

Lorsqu'elle se réveilla, Aileen constata que la nuit était tombée. Seul le crépitement du feu venait briser le silence qui régnait. Persuadée qu'elle devait faire peur à voir après les évènements éprouvants de la veille, elle décida d'aller se rafraichir à la rivière toute proche. En se relevant, elle se rendit compte que quelqu'un l'avait recouverte d'un épais manteau de laine. S'étonnant que l'un de ces barbares ait pu faire preuve d'une telle attention, elle entreprit de se rendre au point d'eau le plus discrètement possible afin de ne réveiller personne En effet, découvrir l'humeur de ces guerriers au réveil ne la tentait pas particulièrement.

Malgré l'obscurité, elle parvint à s'y rendre sans encombre. Tentée par la fraicheur de l'eau, et convaincue que tout le monde était endormi, elle décida de nager un peu. Elle ôta sa robe et ses chaussures, et c'est avec délice qu'elle plongea sans hésitation dans l'eau. S'y prélassant encore et encore, elle ne remarquât pas qu'elle n'était pas seule.

De son coté, Gabriel somnolait lorsqu'il entendit un bruit de mouvement non loin de lui. Immédiatement aux aguets, il demeura immobile afin d'essayer de déterminer ce qui pouvait bien faire du bruit à cette heure tardive. Ouvrant discrètement un œil, il distingua Aileen qui semblait se déplacer le plus doucement possible vers la rivière. Pensant à un appel de la nature, il ne bougea pas mais resta aux aguets. Après tout, les forêts n'étaient pas sûres dans les Highlands, et cette inconsciente décidait de s'y promener la nuit, et seule avec ça.

Ne la voyant pas revenir, il commença à se demander ce qu'elle fabriquait, et afin d'en avoir le cœur net, il décida de partir lui aussi vers la rivière. Il arriva juste à temps pour la voir plonger dans l'eau. Les secondes passaient. Ne la voyant pas remonter à la surface, la panique commença à le gagner. Décidant qu'il était temps d'intervenir, il se précipita sur la rive en criant son nom.

- Aileen ! Aileen ! Mais où est-elle passée bon sang !

Il s'apprêtait à plonger à son tour lorsque la demoiselle refit surface avec un immense sourire sur le visage. Sourire qui disparu immédiatement lorsqu'elle aperçut le guerrier à quelques pas de l'endroit où elle se trouvait. Aussitôt, elle s'enfonça dans l'eau jusqu'au cou, afin de cacher sa tenue peu décente.

- Mais enfin ! Que faites-vous là ? Ça vous amuse de jouer les voyeurs ? Allez-vous-en !

Son ton était sec et plein de reproches. Mais pour qui se prenait-il ?

- Vous vous promenez seule dans une forêt que vous ne connaissez pas au beau milieu de la nuit! Évidemment que je vous ai suivie ! Je vous vois plonger dans l'eau sans remonter, j'ai cru que vous vous étiez noyée, petite idiote !

Très en colère, Gabriel s'était mis à crier lui aussi.

- Mais je ne vous ai jamais demandé de vous occuper de moi ! Et je vous croyais endormi !

- Un highlander ne dort que d'un œil madame. Vous vous en rendez compte ce soir. Maintenant, sortez de là et rhabillez-vous. Je n'ai pas que ça à faire et j'aimerais retourner dormir.

Le ton glacial qu'il venait d'emprunter effraya la jeune femme. Elle préférait encore l'entendre crier. Ne sachant pas ce qu'il était capable de faire sous le coup de la colère, elle jugeât préférable de lui obéir pour cette fois. Il s'éloigna un peu et se retourna le temps qu'elle puisse se rhabiller. Quand ce fut fait, il lui prit le poignet et la ramena à vive allure sur le campement. Lorsqu'elle se dirigeât vers son arbre, il reprit la parole.

- Puis-je savoir où vous comptez aller ?

- Et bien, dormir comme vous me l'avez si gentiment demandé.

Étonnamment, il encaissa ce sarcasme sans broncher, mais lui saisit une nouvelle fois le poignet.

- Je ne pense pas non. Vous allez dormir ici. Je n'ai pas envie d'avoir à venir vous chercher une nouvelle fois.

- Je vous demande pardon ?

- Vous avez très bien entendu. Maintenant couchez-vous là et taisez-vous.

Aileen sentait bien qu'il était inutile de discuter. La fatigue commençant à la gagner, elle s'allongea donc à coté de Gabriel, en prenant bien soin de rester le plus loin possible de lui. Il s'allongea à son tour, et sans un mot, ferma les yeux. Elle eut rapidement froid et se mit à grelotter dans son sommeil. Gabriel se retourna une énième fois et poussa un soupir agacé. Son vacarme l'empêchait de dormir. N'ayant pas envie de se retrouver avec une malade sur les bras, il alla chercher une couverture en laine afin de la couvrir. Malgré cela, ses tremblements ne cessèrent pas.

- Décidément, cette femme est pire que la peste, murmura-t-il pour lui-même.

Si elle continuait, elle allait finir par réveiller tout le campement. C'est donc à contrecœur qu'il la prit dans ses bras afin de la réchauffer d'avantage. Elle se calma enfin, et semblait dormir paisiblement.

Gabriel pesta intérieurement contre cette femme. Elle était vraiment une source d'ennuis ! Et insolente en plus de ça ! Il lui ferait vite comprendre qu'on ne lui tenait pas tête impunément ! Oui, décidément, cette femme l'agaçait ! Et ce qui l'agaçait encore plus était que la tenir ainsi dans ses bras ne lui était pas tellement désagréable. A son grand désespoir, il la trouvait belle ainsi, éclairée par les faibles rayons de lune.

Mais il ne devait pas penser ainsi ! Non, pas lui ! Il ne se laisserait pas faiblir aussi facilement. Surtout qu'elle était anglaise. Et donc, par la même, une ennemie. Sur ces pensées contradictoires, il finit par s'endormir à son tour.

***

Au petit matin, la première pensée d'Aileen fut qu'elle était vraiment bien installée, ainsi blottie dans des bras forts et protecteurs. Jusqu'à ce qu'elle réalise où elle se trouvait exactement. Elle lâcha alors un cri de surprise qui eut pour effet de réveiller tout le campement. Et surtout, Gabriel.

Ce dernier, déjà souvent de mauvaise humeur, était encore pire au réveil. Il se leva d'un bond avant de remarquer que ce n'était autre qu'Aileen qui l'avait ainsi brutalement réveillé. Encore elle. Détestant par-dessus tout être réveillé alors qu'il ne l'avait pas décidé, son sang ne fit qu'un tour. Il se mit alors à hurler sur la demoiselle.

- Mais qu'est ce qui vous prend ? Vous êtes devenue folle ?

Loin de se laisser démonter, Aileen lui répondit d'un ton cinglant.

- Et vous ? Pouvez-vous me dire pourquoi vous me teniez de la sorte pendant que je dormais ?

C'en était trop pour lui. Tout en lui lançant un regard noir, il tourna les talons afin de mettre la plus grande distance possible entre cette furie et lui. Elle l'avait énervé. Vraiment énervé. Et le pire, c'est que ça ne lui déplaisait pas tant que ça. Il fallait vraiment que toute cette comédie cesse. Il fallait qu'il s'éloigne le plus vite possible de cette femme. Parce qu'il sentait qu'avec elle, il courait droit à la catastrophe. Et surtout parce qu'il savait qu'en restant trop près d'elle, il courait à sa propre perte. Même s'il ne voulait pas l'admettre.

Sa décision était prise. Dès leur arrivée à Dunkeathe, le château de son père, il mettrait le plus de distance possible entre lui et cette femme !