Highlander ~

Chapitre 28 ~

En parler ou non.

Gabriel avait du mal à décider de ce qu'il convenait de faire. Il était très réticent à l'idée d'informer sa femme de sa récente convocation à la cour. Il préférait qu'elle n'ait pas à s'inquiéter de nouveau. D'un autre coté, il savait que lui cacher la vérité risquait de provoquer plus de dégâts encore. S'il choisissait de lui en parler, il savait qu'il devrait supporter de voir ses yeux se remplir de larmes. Elle ne cesserait plus de se torturer l'esprit jusqu'à son retour, et ce n'était pas bon pour elle.

Alors, autant se taire. Mais elle finirait forcément par avoir vent de la vérité. Lui pardonnerait-elle une nouvelle fois d'avoir trahi sa confiance ? Il était certain que non. Et au final, c'était bien cette solution qui risquait de lui faire le plus de mal.

Les choses lui semblaient claires à présent. Aussi difficile que cela puisse lui paraitre, il devait informer Aileen de son départ imminent pour la capitale. Oui. Il ne lui cacherait rien. C'était la meilleure chose à faire. Ainsi résolu, il parti en quête de sa femme, qu'il ne tarda pas à trouver en compagnie de Moira dans la grande salle. Les deux jeunes femmes semblaient absorbées par leur conversation, et il n'avait aucun mal à en deviner la teneur. L'annonce de Moira quelques semaines plus tôt n'avait pas manqué de leur donner matière à discuter.

Il annonça sa présence par un discret raclement de gorge. S'interrompant aussitôt, Aileen et Moira  se tournèrent vers lui, avec un regard interrogateur.

- Oui ? Tu veux quelque chose Gabriel?demanda Aileen d'un ton léger.

- J'aimerais te parler.

- Oh. Cela ne peut-il attendre ? Nous étions en train de parler de...

- Maintenant !

Surprise par la rudesse du ton employé, Aileen leva un sourcil mais s'abstint de tout commentaire. Elle se leva et, lançant un regard d'excuse à Moira, emboita le pas à son ours de mari.

Gabriel avançait à grande enjambées, et Aileen devait pratiquement courir pour se maintenir à sa hauteur. Cependant, il ne ralentit pas, et, lorsqu'ils arrivèrent à la porte de son cabinet de travail, elle était complètement essoufflée. Il poussa le battant d'un geste vif et la précéda à l'intérieur de la pièce. Il referma la porte dès qu'elle fut entrée et alla s'adosser contre un mur, plongeant alors dans un mutisme dont rien ne semblait pouvoir le sortir.

Au bout de plusieurs minutes, Aileen commença à trouver ce silence pesant. Elle décida alors de prendre la parole afin de briser l'atmosphère tendue qui régnait dans la pièce.

- Et bien ? Me diras-tu pourquoi tu m'as fait venir ici ?

- ...

- Je vois. Mais si tu n'as rien à me dire, tu comprendras que je retourne à mes occupations.

Sans attendre, elle fit volte-face et se dirigea vers la porte. Elle avait à peine touché la poignée qu'une main vint s'abattre sur le panneau de chêne, juste à coté de sa tête. Elle se retourna alors lentement pour faire face à son mari. Le regard fiché dans le sien, elle porta la main à sa joue, passant le doigt sur la ligne dure de sa mâchoire. Sa barbe naissante lui piquait agréablement la peau. Ses traits si familiers ne cesseraient sans doute jamais de la fasciner. Elle s'arracha à sa contemplation lorsque, doucement, il interrompit la course de sa main avec la sienne.

- Gabriel,  dit-elle doucement,  tu sais pourtant que tu peux me parler de tout ce que tu souhaite. Alors pourquoi restes-tu silencieux ?

Il se raidit en entendant ces mots, serrant d'avantage sa petite main entre ses doigts. Puis, enfin, il se décida à parler.