Gabriel fit plusieurs tentatives en vain. La porte demeurait close. Et Aileen ne se manifestait pas. Commençant à perdre patience, il se mit à frapper plus fort, tout en appelant la jeune femme.
-Aileen ! Aileen ! Mais répondez bon sang !
Rien à faire. Elle refusait obstinément de répondre, et il commençait vraiment à être inquiet. Je vous préviens. Si vous n'ouvrez pas cette porte, je n'hésiterais pas à l'enfoncer. Vous savez que j'en suis capable. Alors je vous conseille de m'ouvrir sans plus attendre. Craignant qu'il ne mette sa menace à exécution, Aileen lui répondit enfin.
-Non ! Laissez-moi. Allez-vous-en.
-Pas tant que vous ne m'aurez pas ouvert. J'attends.
-Je...
-S'il vous plait. Je vous promets que vous ne risquez rien avec moi. Ouvrez cette porte.
Hésitante, elle décida enfin de lui ouvrir. Sans attendre d'être invité à entrer, Gabriel s'engouffra dans la pièce.
-Enfin ! Vous en avez mis du temps !
Il s'arrêta net en la voyant. Les cheveux défaits, le visage rougi par les larmes qu'elle avait versées, elle faisait peine à voir. Ses yeux affichaient une expression de tristesse profonde. Et même lui ne pouvait rester de marbre devant un tel spectacle. Il voulait lui expliquer qu'il n'approuvait pas l'attitude d'Isobel. Il voulait lui faire comprendre qu'elle n'était pas une personne insignifiante. Et surtout, il voulait qu'elle arrête de pleurer. Il ne savait pas pourquoi, mais la voir ainsi le rendait triste.
-Je...Isobel n'aurait pas du se comporter ainsi.
-...
-Vous ne devriez pas pleurer pour des choses pareilles. Ça ne vous va pas du tout.
-Elle a dit que...
-Mais au diable ce qu'elle a dit ! Vous n'êtes pas une personne sans valeur ! Je vous interdis de penser des choses pareilles !
-A ces mots, Aileen éclata de nouveau en sanglots.
Gabriel était désemparé devant la détresse évidente de cette femme. Sans réfléchir, il s'avança vers elle, et la prit dans ses bras. Bien que surprise par ce geste qui ne lui ressemblait pas, Aileen ne chercha pas à se dégager de son étreinte. Elle se sentait bien. Elle se sentait en sécurité. Et surtout, cet homme qui paraissait sans cœur avait réussi, par ce simple geste, à la réconforter. Remarquant qu'elle ne pleurait plus, et réalisant ce qu'il était en train de faire, Gabriel la relâcha.
-Je...je vois que vous semblez aller mieux. Je vais vous laisser vous reposer.
Il semblait gêné. Regrettait-il son geste ? -Sans doute, pensa-t-elle amèrement. Déçue par son soudain changement de comportement, elle lui répondit d'un ton glacial.
-Oui. J'ai grand besoin de dormir en effet.
-Aileen...
Il l'avait presque murmuré.
-Bonne nuit, Laird.
-Oui. Bonne nuit.
Elle essaya de déchiffrer son expression, mais son visage ne reflétait rien. Comment pouvait-on être aussi lunatique ? Elle ne le comprenait vraiment pas. La capacité du highlander à changer d'humeur plus vite que son ombre la déconcertait. Soudain rattrapée par la fatigue, elle alla se coucher. Un peu de sommeil lui ferait le plus grand bien.
Gabriel retourna dans sa chambre. Il n'arrivait pas à comprendre son propre comportement. Quand il l'avait vue, l'air si triste, il n'avait pas réfléchi. Il voulait juste qu'elle retrouve le sourire. Il avait voulu s'expliquer. Et le pire, c'est qu'il voulait encore s'expliquer ! Poussant un soupir, il entra dans ses appartements pour découvrir que Callum l'y attendait.
-Alors ? Tu as pu lui parler ?
-Oui...
-Et bien ? Qu'en est-il ? Elle va bien ?
Il passa une main sur son visage, et répondit d'un air las.
-Je crois que oui.
-Tu es étrange Gabriel. Que me caches-tu ?
-Je...je ne comprends pas pourquoi j'ai fait ça.
-Et qu'as-tu fait ?
-Je ne voulais pas la voir pleurer. Et ça m'a rendu triste. Alors je l'ai prise dans mes bras...
-Et maintenant tu regrettes?
-Je ne sais pas.
Callum se mit à rire. Il avait donc vu juste. Ce qui dérangeait son ami, ce n'était pas que le comportement d'Isobel entache son image. Non, ce qui lui posait problème, c'était qu'il commençait à s'attacher à Aileen.
-Tu sais Gabriel , tout serait plus facile pour toi si tu voulais bien admettre que tu as un cœur.
-Mais ça n'a rien à voir ! C'est juste qu'à ce moment là je...Et puis c'est surement le vin du diner ! Oui voilà ! J'ai surement trop bu !
-Tu tiens très bien l'alcool...je crois plutôt que tu te mens à toi-même ! Tu commences à t'attacher à elle et ça te fait peur !
-Pas du tout ! Et puis laisse-moi ! Je suis fatigué.
Chose rare, Gabriel venait d'élever la voix sur son ami. Cela ne faisait que conforter Callum dans son idée. Parce que l'attitude de Gabriel ne faisait que traduire son embarras. Sans s'offenser le moins du monde, Callulm repris la parole calmement.
-Soit. Je te laisse. Mais penses-y. Tu t'empêches de vivre. Et tant que tu ne voudras pas regarder la réalité en face, tu seras malheureux.
Sur ces mots, il sortit. Gabriel n'arrivait pas à comprendre. Les paroles de son ami tournaient en boucle dans sa tête. Et s'il avait raison ? Non. Impossible. Ou peut-être que si ? Il avait peur de répondre à cette question. Il avait peur de lui-même. Il ne voulait pas devenir vulnérable. Il ne voulait pas souffrir. Et surtout, il ne voulait pas se perdre encore une fois. Il avait beau savoir qu'Aileen était loin d'être fourbe, il ne voulait pas que ça recommence.
Fatigué et perdu, il décida de dormir. Au moins, il n'aurait plus à penser à tout ça pendant quelques heures. Allongé dans son lit, contemplant le plafond, c'est en pensant à deux femmes qu'il sombra dans le sommeil.
Il y avait Aileen. Et il y avait Fiona.
- Pourquoi, Fiona...Pourquoi?
Sur ce faible murmure, il plongea enfin dans les délices de l'inconscience.
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Highlander ~
Historical FictionQuand Aileen, jeune anglaise prisonnière d'un homme tyrannique et cruel rencontre Gabriel, Highlander fier et ombrageux, elle sait qu'elle ne doit pas hésiter. Certes, cet homme la terrifie, mais il représente aussi sa seule chance d'échapper à son...