Chapitre douze

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On était à présent chez TaeHyeong. Madipute tambourinait à la porte depuis un quart d'heure. Comme elle était venue à pied au centre commercial et nous en voiture, il n'était donc pas difficile de la devancer. YunGi s'était chargé de demander à TaeHyeong d'ouvrir la porte et bien sûr, il l'avait fait. Il s'était rattrapé au petit meuble de l'entrée en me voyant. Puis nous nous étions tous installés dans le salon en ayant pris soin de fermer la porte à clé. Claire avait son portable posé sur le table et attendait que TaeHyeong revint avec les boissons chaudes qu'il était parti préparer. J'avais les mains qui tremblaient. J'avais peur. Peur de quoi, je ne sais pas vraiment. Peut-être peur qu'il ne croit pas à la vidéo malgré le fait que c'est quand même du flagrant délit. Je m'inquiétais pour rien, je pense. TaeHyeong revint enfin. Il... il m'avait fait une tartine au beurre de cacahuète. Je lui souris tristement, très touchée. Il sourit en se pinçant les lèvres avant de baisser la tête. Il avait l'air coupable. Mais pourquoi n'avait-il pas l'air quand il était chez Claire et YunGi ? Je le détaillais plus en détail. Il avait des cernes. Avait-il pleuré ?

-Je peux y aller ?

Claire avait posé une main réconfortante sur l'épaule de TaeHyeong. Il hocha lentement la tête. Elle mît la vidéo en route et j'entendis pour la deuxième fois ce qui s'était passé aux toilettes. Claire m'avait suivi et était restée derrière la porte juste au moment où Madipute était sortie des toilettes. TaeHyeong regardait attentivement la vidéo. Moi, je n'avais pas envie de la voir. Franchement, qui avait envie de regarder une mocheté, non, une laideur pareille ? Personne. À part une personne du même type. Et j'espère que le destin réserve ce soit à l'autre poufiasse qui est encore à la porte à supplier TaeHyeong de lui ouvrir et de ne pas nous croire, que c'est un coup monté. Elle a même osé dire qu'on l'avait forcé en la menaçant avec un couteau de jouer cette scène. Mais elle était trop dans son élément que de jouer la comédie dans cette vidéo. Et TaeHyeong, visiblement, le voyait bien. On arriva au moment où Madipute fait allusion au passage à l'acte. Je scrutai la moindre réaction de la part de TaeHyeong. Rien. La vidéo se termina, Claire rangea son portable dans son sac. Il n'avait pas bougé sa tête, il fixait à présent la table. Puis il se leva, lentement. Il partit dans l'entrée, on le regarda de loin. Il ouvrit la porte, Madipute se jeta sur lui en le remerciant, en pleurant des larmes de crocodiles. J'avais bien envie de la jeter en pâture pour eux, d'ailleurs. TaeHyeong ne réagissait pas, ne la regardait même pas. Il se laissait secouer comme un pantin par cette sorcière. Comme il n'avait aucune réaction, Madipute posa ses mains sur ses joues et alors qu'elle approchait son visage de lui, il lui asséna une de ses claques qu'elle vola par terre. YunGi n'intervint même pas. Il souriait même.

-Comment oses-tu...

-TaeHyeong, je vais tout...

-Y'A RIEN À EXPLIQUER !! T'ES QU'UNE PUTE, VOILÀ CE QUE T'ES !

Il se pencha et l'empoigna fortement par le bras.

-Et tu le resteras jusqu'à la fin de ta misérable petite vie.

Il la jeta ensuite dehors en claquant la porte. Il passa devant nous et s'engouffra dans sa chambre. Il en sortit avec une valise puis la jeta dehors. On entendit un cri aigüe, Madipute se l'était pris en pleine gueule. TaeHyeong fermai violemment la porte puis s'adossa au mur à côté de la porte. Claire et YunGi se levèrent et s'accroupirent devant lui. YunGi lui serra la main et Claire le serra contre elle, toujours aussi protectrice. Puis ils sortirent. J'étais assise dans le salon et TaeHyeong avait les jambes repliés dans ses bras et la tête sur ses genoux. Puis je l'entendis pleurer. Je pleurai moi aussi. Je baissai la tête. Je ne savais pas trop quoi faire. Sans que je ne l'entende, TaeHyeong s'était approché de moi et m'avait pris dans ses bras.

-Excuse-moi. Excuse-moi. Excuse-moi.

Je passai timidement une main dans son dos, il frissonna à ce contact.

-J'te d'mande pardon, Camille. J'ai été trop con. Pardon.

Je passai ma deuxième main dans ses cheveux. Je pleurais tout comme lui. On mît bien dix minutes à pouvoir enfin se calmer. Puis il me prit contre lui et me balança en avant, de sorte qu'il était adossé au canapé et moi j'étais assise sur ses jambes. On se regardait. C'est tout de qu'on faisait. TaeHyeong jouait avec mes mains. Puis un sourire se dessina sur son visage.

-Tu m'as manqué, ma petite étoile.

De nouvelles larmes me montèrent aux yeux. TaeHyeong le vit et me prit dans ses bras.

-Ne pleure plus. Je suis là. Et je serais toujours là. Je ne vais croire que toi, maintenant. Car il faut seulement croire en sa bonne étoile.

Il passa un bras sous mes genoux et se releva en me portant. Il poussa la porte de la chambre puis la ferma à l'aide de son pied et vint m'allonger dans le lit. Alors qu'il s'apprêtait à partir, j'attrapai sa manche. Il se retourna vers moi. Je pris une teinte rosée sur mes joues. Il comprit alors et sourit. Il passa une jambe au-dessus de moi de sorte à se mettre à quatre pattes puis s'approcha lentement de mon visage. Il m'embrassa tout d'abord le cou puis monta peu à peu jusqu'à ma bouche. Il était très doux avec moi. Il arriva près de mon oreille et me chuchota :

-Je ne l'ai jamais fait.

Un frisson semblable à une décharge électrique me parcourut le corps. Il s'intensifia quand je sentis TaeHyeong me mordiller l'oreille tout en passant ses mains en-dessous de mon t-shirt. Je soupirai son prénom.

-Camille.

Sa voix était encore plus lasse que la mienne. Il se redressa et se débarrassa de son t-shirt, ayant trop chaud je le voyais bien. Je passai mes mains sur son torse, il balança la tête en arrière en soupirant encore une fois mon prénom. C'était moi maintenant qui avait chaud. Et comme si TaeHyeong lisait dans mes pensées, il s'occupa de moi. Nous étions liés. Car oui, nous étions des âmes sœurs. On n'avait nullement besoin de se le dire, on le sentait. Nous sommes les androgynes qui viennent de se trouver ou plutôt, se retrouver. Mais ça... ne l'avais-je pas déjà dit ?

Because you're mineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant