I.

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Octobre 2015, quelque part en France.

Point de vue de Sarah Duval.

Le vent frais l'automne emmêle mes cheveux châtains. Instinctivement, je serre mon écharpe autour de mon cou. Mes pieds continuent à s'enfoncer dans les gravillons du parc de jeu dessert. C'est ma première longue ballade depuis 3 ans. J'ai passé plusieurs mois enfermée dans une chambre d'hôpital puis dans une maison de vacances et chez moi. Le médecin de famille m'a diagnostiqué une maladie des poumons après une crise faite en sport. Au début, je pensais que c'était une crise d'asthme puisque ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait, mais non. A cause de mon stupide beau-père qui fumait minimum deux paquets de cigarettes par jour, mes poumons étaient dans un piteux état. Il faut dire qu'ils étaient déjà très fragiles mais bon il ne faut pas exagérer. Le pire c'est qu'il n'en a rien à faire de ma santé même quand j'ai été emmené d'urgence à l'hôpital. Mais on ne peut pas dire que cela m'est blessée, je le déteste.

Enfin bref. Je vais mieux maintenant et grâce à un donneur, j'ai de nouveaux poumons auxquelles je prendrai grand soin. Je souris à la pensée de cette personne qui m'est inconnue. Je ne la remercierais jamais assez d'être une donneuse parce qu'elle m'a sauvé la vie.

Je finis par sortir du parc et je prends le chemin pour rentrer chez moi. Au coin d'une rue, à gauche, c'est l'entrée de l'hôpital. Je m'arrête. De loin, je reconnais le Docteur Wilhelm avec un gobelet de café à la main, il doit être en pause. C'est lui qui m'a suivit pendant toute ma maladie et qui m'a opéré par la suite. Je m'approche.

« Bonjour Docteur, dis-je timidement.

- Oh bonjour Sarah ! Ça va ?

- Bien et vous ?

- Fatigué mais ça va. Tu arrives à respirer correctement ?

- Oui, je fais un tour tous les jours et je vais de plus en plus loin.

- Je suis content pour toi. Je t'avoue que tu... »

La sirène d'une ambulance lui coupe la parole. Elle se stationne juste à côté de nous. Le Docteur Leprince se précipite pour ouvrir les portes de l'ambulance.

« Qu'est-ce qu'on a ? demande-t-il à un ambulancier.

- Une hémorragie sévère au niveau de l'abdomen et plusieurs commotions légères ! Mais il refuse catégoriquement de se faire opérer. Nous avons d'ailleurs eu beaucoup de mal à le faire monter de l'ambulance.

- De qui s'agit-il ?

- Aucune idée, il n'a pas voulut nous le dire. »

Les ambulanciers descendent un brancard. Je vois un jeune homme à peine plus âgé que moi couvert de blessures ensanglantées. Je reste figée devant son corps à vif mais il n'a pas l'air de s'en soucier. Je peux voir sa tête brune bouger dans tous les sens, comme s'il cherchait à savoir où il était. Le Docteur Wilhelm s'approche de lui, le jeune homme à un sursaut de peur. De sa voix chaleureuse, le docteur se présente et dit comme il l'a fait pour moi :

« Tes blessures sont graves, il faut que l'on t'opère avant que tu ne te vide de ton sang, tu comprends ?

- Me parlez pas... comme si j'étais con... Je ne... je ne veux pas que vous m'endormez..., répond le patient essoufflé.

- Nous sommes obligé, monsieur...

- Non ! Je préfère mourir... laissez-moi crever. »

Il a peur de quelque chose, mais visiblement ce n'est pas de la mort. Le docteur argumente autant qu'il le peut en vain. Vu l'état du garçon n'importe qui accepterai l'opération à sa place. Un sentiment de tristesse me saisit, il a peut-être mon âge. Il doit avoir une famille, des amis qui l'aiment et qui ne veulent pas le perdre. Il y a bien quelque chose qui le rattache à la vie. Le docteur peine à trouver des arguments pertinents, pourtant il a réussit à me convaincre moi. Timidement je m'approche.

Une vengeance à haut risques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant