XXV.

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Janvier 2016, quelque part en France.

Point de vue de Sarah Duval.

J'ai passé le reste de la journée, allongée sur mon lit, n'écoutant que d'une oreille ma mère qui peinait à me réconforter. Je savais très bien qu'elle me disait les mêmes phrases bateauqu'à la mort de mon père. Mais aujourd'hui, elles n'ont plus le même effet qu'à cette époque. Et puis, je n'avais pas vu mon père mourir, je n'avais pas entendu les machines crier au désespoir comme pour Peter. L'image de son corps sans vie sur ce lit d'hôpital restera à tout jamais gravée dans mon esprit. Je n'avais pas vu papa dans cet état. Non la dernière fois que je l'ai vu, il m'a sourit.Après cela, je ne voyais que cette boite en bois. De toute façon, ce n'est pas la même mort. Avec le temps, j'ai compris que celle de mon père était inévitable. On ne pouvait rien faire contre la maladie. Au contraire, celle de Peter aurait pu être évitée. Si le général Vasseur ne l'avait pas enlevé, il serait toujours vivant. S'il n'avait pas prit cette balle, l'autre soir chez Julien, il serait toujours là. Alors pourquoi lui ? Qu'a-t-il fait pour mériter cela ? Il s'est battu pendant trois ans sans relâche pour faire tomber un monstre et il est tué avant de satisfaire son désir. L'écran de protection que je voyais autour de nous s'effondre alors, nous ne sommes pas invincibles et la mort peut attraper chacun d'entre nous, à n'importe quel moment. Il suffit juste d'un petit faux pas, d'une seconde d'inattention et c'est la fin. S'il arrive la même chose à Nathan ou à Ali je ne m'en remettrais sans doute jamais. La culpabilité de n'avoir rien pu faire serait beaucoup trop grande pour que je relève la tête.J'ai passé une nuit blanche peuplée de cauchemars et de pleurs incessants. Ma mère m'a consolé à chaque fois sans me demander des explications. Elle se contentait de me bercer lentement en fredonnant une douce mélodie à mon oreille. Je crois que je ne la remercierai jamais assez pour ce qu'elle fait pour moi. Je m'en veux presque de ne lui avoir rien dit mais les mots sont toujours rester coincés au fond de ma gorge. Je tourne alors la tête vers ma mère. Elle a fini par s'assoupir à côté de moi. En prenant soin de ne pas la réveiller, je m'assoie au bord du lit et regarde le soleil se lever à travers les rideaux à demi tirés.Vers 9H, j'entends ma mère émerge de son court sommeil. Je me tourne vers elle. Ses yeux se posent immédiatement sur moi.

« Tu as vraiment besoin de dormir, Sarah. Allez, repose-toi,dit-elle en me tirant vers elle pour que je me rallonge.

- Je ne veux pas dormir, dis-je en me rasseyant péniblement.

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, bon sang ? Explique-moi ! Pourquoi as-tu soudainement disparut pendant ton voyage avec Nathan Mendes ? Pourquoi ce jeune homme a-t-il perdu la vie hier ? Explique-moi Sarah ! »

Je me mets à sangloter devant le ton sec de ma mère. A ce moment là, quelqu'un ouvre la porte. Je ne relève pas la tête et laisse faire ma mère. A la voix, je sais qu'il s'agit du docteur Wilhelm. Soudain une phrase me fait relever la tête.

« La famille de Peter Fennel souhaiterai lui parler. »

Je sais très bien ce qu'ils veulent me dire et j'ai peur de n'être pas assez courageuse pour leur annoncer que Jack est lui aussi décédé. Ma mère me regarde interrogatrice puis elle répond :

« Je ne sais pas si elle leur parlera. Elle ne m'a toujours rien dit.

- Ce sera peut-être différent avec eux, » répond gentiment le docteur.

Je déteste quand les gens parlent à ma place alors que je suis à côté. J'ai l'impression d'être une malade mentale qui ne peut pas prendre des décisions toute seule. Mais le docteur se place devant moi et me demande :

« Qu'est-ce que tu veux faire Sarah ? Je sais que tu vis un moment particulièrement difficile mais je pense que parler te fera le plus grand bien. »

Une vengeance à haut risques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant