XXI.

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Janvier 2016, quelque part au milieu de l'Atlantique.

Point de vue de Sarah Duval.

Les doigts de Nathan se resserrent autour des miens quand la pince à épilé d'Ali retire la balle de son épaule. Pourtant il ne grimace pas. Je jette un coup d'œil sur sa plaie. A la lumière de la luxueuse chambre, je peux voir son sang briller. Il dégouline le long de son bras depuis le trou béant qu'a laissé la balle. Je serre les dents comme si cette plaie était sur ma propre épaule. Je n'avais jamais vu autant de sang en si peu de temps. Pourtant quand je regarde le visage de Peter ou celui de Nathan en ce moment, je suis un peu rassurée. Leurs visages sont impassibles comme s'ils ne ressentaient rien. Pas la moindre douleur physique. Cependant, je reste sensible et sans que je m'en rende compte, mon pouce caresse lentement celui de Nathan comme si je cherché à l'apaiser. Soudain Ali me demande :

« Sarah, je te laisse finir ? Je vais voir si Peter a besoin d'aide. »

J'acquiesce et à contre cœur, je lâche la main rassurante de Nathan. Une fois que la porte s'est refermée sur Ali, le silence retombe lourdement dans la pièce. J'attrape avec des mains tremblantes et nerveuses un rouleau de bandage. La pression n'est toujours pas redescendue et le bruit sourd des détonations résonnent toujours dans mes oreilles, même s'il a cessé en vrai. Je pense que je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Je ne me suis jamais senti aussi vulnérable. J'avais la désagréable impression d'être marquée d'une énorme cible rouge. Pourtant, Peter était près de moi pendant toute la durée de l'opération mais sa présence n'était plus aussi bénéfique que la dernière fois. Il avait les yeux rivés sur sa montre et l'esprit captivé par les sons que diffusait son oreillette. Même si je comprenais parfaitement son comportement, j'avais l'impression d'être à la merci du premier homme du général qui débarquerait sur le pont. Et puis l'alarme de l'île s'est déclenchée et Peter a disparu avec la barque. La peur a encore gagné du terrain dans mon être jusqu'à totalement me possédée quand j'ai entendu les détonations. Je me suis cachée dans la cabine, enfin dans le couloir juste avant et j'ai attendu. Les coups de feu se sont multipliés et rapidement approchées du bateau. C'était l'enfer. J'ai tout de suite cru que les garçons s'étaient fait tuer et que les soldats venaient finir le travail en m'éliminant aussi. Je n'arrivais plus à penser. J'étais tétanisée.

Je me sens soudain très mal. « Non, s'il te plait pas encore. » Je ferme les yeux pour me calmer en espérant que cela suffise pour éviter une nouvelle crise de panique. Oui j'en ai eu à force de paniquer. J'ai tout de même réussi à me calmer juste avant que les garçons ne me trouvent. Cette crise a été vraiment violente et elle m'a beaucoup fatigué. Alors si j'en fais une autre, je ne vais pas tenir debout longtemps, et il est hors de question que je dorme dans ces conditions. Je ne me sens pas du tout en sécurité.

Après m'être assurée que j'allais mieux, je rouvre les yeux. Je souffle un bon coup et me tourne vers Nathan. Ses yeux me fixent avec une étrange lueur. Je sais qu'il a deviné ce qu'il vient de se passer mais je ne fais aucun commentaire. Lui non plus d'ailleurs. Je m'assois près de lui, une compresse à la main. Sous son regard pesant, j'empêche son sang de couler comme je le peux. Puis, les mains toujours tremblantes, j'enroule délicatement le bandage autour de son épaule. Je n'ose pas lever les yeux vers son visage par timidité. Il m'impressionne encore plus avec cette expression indéchiffrable sur son visage. Mes mains deviennent de plus en plus maladroites et je peine à finir ma tâche. Toujours dans le même silence, je range les produits et les compresses non-utilisées dans la boite à pharmacie. Une fois fait, je ne sais plus quoi faire. Nathan ne daigne toujours pas m'adresser la parole mais je n'ai pas envie de le laisser seul pour aller rejoindre les autres. J'aurai l'impression de lui faire la tête alors que ce n'est pas le cas. Alors timidement, je me rassoie près de lui. Un moment passe sans que ni l'un ni l'autre n'esquisse le moindre geste. Puis, je sens ses doigts glisser délicatement entre les miens et un sourire éclaire mon visage hébété. Une agréable chaleur m'envahi alors. Il est le réconfort que j'ai cherché en vain tout à l'heure. Je me sens mieux à présent. Après quelques secondes, je cherche une parole appropriée à lui dire mais il dégaine en premier :

Une vengeance à haut risques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant