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Novembre 2015, quelque part en France.

Point de vue de Sarah Duval.

J'ai pris la décision de ne rien à dire à Emma, ni à personne d'autre d'ailleurs. Je sais que Nathan n'est pas fier de ce qu'il a fait et c'est compréhensible alors je garderai son secret.

Mais durant les jours qui ont suivit ses révélations, il a créé une véritable barrière entre nous. Le matin en arrivant, il va directement devant sa classe sans me dire « bonjour ». Quant on se croise dans un couloir, il baisse la tête comme les enfants après avoir fait une bêtise et rase les murs. Son sourire que j'aime tant a disparu. J'ai fait remonter à la surface des souvenirs qu'il ne pensait pas avouer un jour. La vérité est parfois trop dure à dire. Je viens de le blesser comme son père m'a blessé lors du diner ! Mais qu'est-ce qu'il m'est passé par la tête ? Il faut que je lui parle, que je m'excuse de l'avoir forcer à me parler. Je ne voulais pas.

Ce matin, je lui ai envoyé un message pour lui donner un rendez-vous. En temps normal, je n'aurais jamais fait ça mais je ne supporte plus de le voir déprimer à longueur de journée au milieu de ses potes morts de rire. C'est à croire qu'ils n'en ont rien à faire !

Devant mon insistance, il a accepté de venir me chercher pour que l'on puisse discuter ce soir. Je suis assise sur mon lit en l'attendant. Je ne tarde pas de à recevoir un message de Nathan me disant qu'il est garé devant ma maison. Je lui ai demandé de ne pas se présenter à la porte et d'attendre que je sorte pour ne pas qu'il voit mon beau-père. Je remets mes baskets et descend les escaliers. Au moment où j'attrape ma veste, la voix détestable de Pascal résonne dans le salon. Il est de mauvaise humeur ce soir, et c'est moi qui vais en pâtir puisque ma mère est absente.

« Je peux savoir où tu compte aller trainer à cette heure ? » râle-t-il.

Je souffle un coup me remémorant pourquoi je dois faire cela.

« Je vais voir Emma.

- Dois-je te rappeler que tu as un Bac à la fin de l'année ? dit-il en passant sa misérable tête dans l'encadrement de la porte.

- Si j'y vais c'est pour du français, et j'ai bien compris l'autre jour que tu ne m'aideras jamais et que je « devais me débrouiller », répondis-je en mimant les guillemets. Alors je suis tes conseils en me faisant aider par quelqu'un d'adorable. Je peux y aller maintenant ? »

J'ai suivit les conseils de Nathan à la lettre, j'ai même été jusqu'à demandé à Emma de me servir d'alibi, chose que je ne pensais pas faire un jour. Mais là, tout de suite, j'ai peur d'en avoir trop fait et que la colère de Pascal retombe sur moi. Bizarrement il cède :

« T'as intérêt de rentrer avant ta mère. »

Puis il retourne à ses occupations. Sans attendre un mot de plus de sa part, je sors de la maison avec un soupir de soulagement. Peut-être qu'il ne voulait pas m'avoir dans les pattes ce soir. Quoi qu'il en soit, j'ai un autre problème à gérer en ce moment. J'aperçois au loin la voiture noire de la famille Mendes. Un peu hésitante, je m'en approche. Nathan me regarde à travers le pare-brise. Son visage est on ne peut plus neutre. Il me fait signe de monter. Je m'installe sur le siège passager sans un mot. L'ambiance est tendue. Je vois la main de Nathan crisper sur le levier de vitesses. Je pense que c'est à moi d'engager la conversation. De plus je ne supporte plus de cette tension.

« C'est toi qui stresse maintenant ? »

Je le vois esquisser un rictus moqueur :

« Dans quel état veux-tu que je sois ? dit-il sur un ton sec.

Une vengeance à haut risques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant