XXVIII.

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Février 2016, Paris.

Point de vue de Nathan Mendes.

Prudent, je descends les marches en béton, le doigt sur la gâchette. Salmont a rassemblé deux unités d'élites pour explorer le souterrain. Je suis en tête de cortège le souffle court,suivit de près par Salmont. A mesure que je descends, je sens une pression familière monter en moi. Ce sentiment de mal-être apparait à chaque fois que le général est dans les parages, comme la musique annonciatrice de danger dans Les Dents de la mer ou Psychose. Dans un sens c'est une bonne nouvelle, cela veut dire que le général est passé par là, alors je n'ai pas tellement à m'en plaindre. Mais dans un autre sens, je n'aime pas me sentir aussi minable et pitoyable, j'en perds mon assurance et ma crédibilité. Malgré la colère que me procure ce sentiment, je n'ai jamais réussit à passer outre ce malaise. J'espère juste que cela ne va pas me déstabiliser au moment fatidique.Le souterrain est sombre et humide. Nos pas résonnent contre les parois rocheuses de ce boyau lugubre et,un léger de goutte à goutte se fait entendre. Sans une parole, nous évoluons rapidement. Je m'arrête devant une grille en fer forgée. Une chaine est enroulée autour d'un barreau et pend mollement dans le vide. Dans un coin, un cadenas cassé git au sol. D'un coup d'œil, je vois qu'il a reçu une balle ; d'ailleurs je trouve la douille un peu plus loin coincée dans une fissure du sol. Je retiens le calibre de l'arme et pousse la grille. Dans un grincement strident, elle s'ouvre et nous reprenons notre course. Mais nous sommes de nouveau arrêter : le souterrain se sépare en deux voies. J'ai beau chercher mais je ne trouve pas d'indice sur la direction qu'ils ont pu prendre. Voyant mon visage fermé, Salmont se tourne vers ses hommes :

« L'unité 4, à mon commandement, vous irez à droite, le reste à gauche.

- Oui mon général ! » répondent-ils en cœur.

Exaspéré, je lève les sourcils. Comment peuvent-ils être aussi disciplinés alors que la mort les guette ? Ils ont une confiance aveugle en un homme qui ne sera jamais là quand la situation deviendra critique. Je trouve cela ridicule. Mais je ne dis rien et me reconcentre quelques seconds plus tard : « Par où es-tu passé Tom ? » Malheureusement, Sandra Moreau interrompe ma réflexion et dit à Salmont :

« Il me semble que nous sommes pas loin des catacombes, monsieur.

- C'est-à-dire ? demande ai-je intrigué.

- Je dirais qu'elles sont à quelques kilomètres au sud de notre position.- Combien à peu près ? - Un ou deux kilomètres, » répond-t-elle.

Le général aime trop l'effet de surprise pour se montrer en public avant son coup d'État. Alors je pense qu'il va vouloir éviter la foule. Mais le général me connait mieux que je ne me connais. Il est capable de prévoir ma réaction dans quasiment toutes les situations. Je me suis fait avoir plusieurs fois à cause de cela. Si c'est le cas aujourd'hui, il va agir à l'inverse de ma pensée et passer par les catacombes, avec la méthode de Tom en Russie pour éviter le bain de foule. Cependant, c'est beaucoup trop facile. Cette réflexion ne peut pas venir du général ni de Tom. J'hésite. En plus, nous allons vers le sud, l'Élysée est au nord de la Seine, ce n'est absolument pas logique. Pourquoi va-t-il par là alors... :

« Oh putain ! » m'exclame ai-je faisant retourner tout le monde.

Voyant Salmont au téléphone, je cours le lui arracher des mains :

« Monsieur le ministre ? appelle ai-je.

- Heu... oui ?

- C'est Nathan Mendes, ai-je dis rapidement. Le général nous a tendu un piège ! Il nous a entrainés au sud pour nous éloigné de son objectif ! Prévenez l'Elysée, ils sont en danger !

Une vengeance à haut risques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant