XXII.

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Janvier 2016, quelque part en France.

Point de vue de Sarah Duval.

Nous avons accosté à l'aube sur une plage déserte à plusieurs kilomètres au nord de la Rochelle. Les garçons ont jugé préférable d'éviter le port touristique des Minimes pour des raisons évidentes. Je n'avais jamais imaginé que mon visage serait connu de tous les services de police de la région. J'ai l'impression d'être une criminelle recherchée et fichée pour avoir commis des crimes odieux. Cette situation me déplait de plus en plus, il est vraiment temps que cela cesse.

Après avoir marché pendant plusieurs heures le long de la côté Charentaise, nous nous arrêtons devant une petite maison. Ses murs sont blanc sales et des tuiles parsemé de mousses recouvrent le toit. Des mauvaises herbes envahissent le petit terrain autour de la vieille baraque. Surprise je regarde les garçons. Pourquoi ils s'arrêtent là ? Ils connaissent peut-être le propriétaire. Dans ce cas là, je n'ai pas été mise au courant de cette partie du plan.

« Quelqu'un à de l'argent ?

- Seulement des dollars, marmonne Ali. Une petite dizaine de billets de cinq et dix.

- Une trentaine d'euro, » répond Nathan.

Je joue des coudes pour me faire une place entre les fortes carrures de Nathan et d'Ali. Ils sont entrain de regarder une vieille Citroën grise garée le long de la clôture. Sur le pare-brise, une pancarte indique qu'elle est en location : 60€ la journée. Je fouille dans mes poches et en sort un billet de 5€, c'est la somme nécessaire dont j'ai besoin si je veux manger en dehors du lycée avec Emma. Malheureusement, dans notre situation, il nous en faudrait bien plus.

« Et toi Peter, tu as combien? demande Ali après avoir regarder ma faible contribution.

- Il doit me rester une centaine de Rouble que je n'ai pas encore changé.

- Personnellement, je garderai les Euros pour acheter de la nourriture en magasin, fait remarquer Nathan.

- Ouais je suis d'accord, acquiesce Ali. Il faut juste qu'ils acceptent la monnaie étrangère.

- On joue les touristes paumés ? demande Peter avec un large sourire.

- Je te suis, » annonce Ali sur le même ton.

Ils sortent plusieurs billets russes et des faux papiers d'identités. Puis ils vont frapper à la porte. Nathan attrape ma main et nous nous éloignons du portail jusqu'à être caché par un muret :

« Il ne faut pas que le propriétaire de la voiture nous voit sinon on sera vite pris, » se justifie-t-il.

Je hoche simplement la tête sentant ma gorge se serrer. Je sais très bien ce qu'il sous-entend en disant cela et mes pensées sur la criminelle recherchées refont surface. Nous sommes en fuite, traqués par la police et par le général et c'est cela qui m'angoisse le plus.

« Tu as peur ? me demande Nathan.

- Non, mentis-je. Pourquoi ?

- Tu me serres les doigts. »

Automatiquement, je lâche sa main, honteuse, en bredouillant de multiples excuses.

« Ça ne me dérangeait pas, je voulais juste savoir ce qui n'allait pas. »

Après un petit moment de réflexion, les mots qui me brûlaient les lèvres s'échappent de ma bouche et résonnent autour de moi :

« Comment tu fais pour être aussi calme dans ce genre de situation ? Nous sommes recherchées comme des criminels alors que je me demande comment on fait pour rester vivant. J'ai l'impression d'être faible et vulnérables comme jamais.

Une vengeance à haut risques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant