V.

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« Ne cherchez plus mon cœur ; les bêtes l'ont mangé. » Charles Baudelaire.


Novembre 2015, quelque part en France.

Point de vue de Sarah Duval.


La sonnerie qui annonce la fin de la matinée retentit. Je rejoins Emma aux casiers où je dépose mon sac de cours. Puis nous nous dirigeons vers le self. Nous prenons chacune un plateau au self pour le garnir de nourritures.

« Maël t'as dit à quelle table on devait l'attendre ? demande-je.

- Non, il m'a juste dit qu'il nous rejoindrait alors je suppose que l'on se met où il y a de la place. Tiens regarde là-bas. »

Nous commençons à manger. Emma a l'air toute excité à l'idée de manger avec Maël. De mon côté, grande timide de service, je commence à stresser. J'ai toujours cette réaction quand je parle à de nouvelles personnes. En plus c'est Maël, il est souvent avec des gens que je déteste. Ces amis sont hypocrites, moqueur et ils ont une trop grande estime d'eux-mêmes. D'ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi Maël était avec eux, pour moi il est bien plus mature qu'eux. Enfin bref, j'ai fini par me dire que s'ils s'entendent bien c'est qu'au fond, ils doivent forcément se ressembler.

Du coin de l'œil, je surveille l'entrée du self en écoutant d'une oreille Emma. Soudain, j'aperçois Maël avec quelques amis à lui. Il remplit son plateau en jetant un regard circulaire autour de lui. Ses yeux bruns croisent les miens, il dit quelque chose aux personnes qui l'accompagnent et se dirige vers nous. Il nous adresse un petit sourire qui, pour moi, n'est là que par politesse. De toute façon, il veut seulement des informations.

« Salut, dit-il

- Salut. »

Il s'installe à côté d'Emma. Un silence pesant s'installe à notre table. Emma était pourtant très bavarde, il y a cinq minutes. Maintenant elle semble attend patiemment que la conversation commence.

« Alors, dis-je à Maël. De quoi voulais-tu me parler ?

- De Nathan. »

Je rigole :

« Je m'en doute un peu et donc ? »

J'ai peur d'être un peu sèche avec lui mais j'ai malheureusement l'habitude que les gens comme lui ne viennent me voir que par intérêt.

« Heu... je voulais savoir... comment tu l'as trouvé ? »

Je lève les sourcils pour lui faire comprendre que je ne voyais pas où il voulait en venir. Il s'empresse d'ajouter :

« Il a tellement changé, je ne le reconnais plus alors je voulais savoir s'il a été comme ça avec tout le monde.

- Je ne sais pas comment il était avant mais je peux te dire qu'il a peur de quelque chose qu'il n'est pas sûr de pouvoir battre. »

Un court silence s'installe entre nous avant que Maël ne brise quelques minutes après :

« J'ai vu à la télé ce qu'il s'est passé devant l'hôpital. Il n'a jamais fait ça enfin il s'est déjà moquer des flics - qui ne l'a pas fais ? - mais le truc c'est qu'il l'a fait ouvertement et on aurait dit qu'il avait préparé son texte avant d'intervenir. »

Je souris et dis :

« J'ai pensé à la même chose. Pour moi ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça, il savait comment agir.

- Il t'a dit ce qu'il avait vécu là-bas ?

- Pourquoi il me l'aurait dit ? dis-je en levant les sourcils.

Une vengeance à haut risques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant