Partie 1: Obéir

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                                                           Chapitre 1


-Debout là-dedans!

La voix rauque n'est qu'un léger murmure au fin fond de mon esprit. Ce sont les trois coups frappés par la suite qui réussissent à me sortir de mon coma matinal. Quand je me décide enfin à me réveiller, l'écho des trois bruits sourds résonne encore. J'entrouvre les yeux et vois une légère lumière qui filtre dans ma chambre. Je m'étale un instant sur le duvet de mousse, de fleurs et de plumes qu'est mon lit avant de me décider à m'habiller. J'ai à peine la place de tenir debout et j'opte pour une tenue légère, vu la chaleur. J'attache également mes longs cheveux blonds en une tresse. Ceux-ci, même tressés me vont au milieu des cuisses. Quand je sors enfin, la lumière m'aveugle. Je reste debout en plissant les yeux jusqu'à ce que ceux-ci s'habituent à la lumière. Quand j'y vois plus clair, j'aperçois une grande étendue d'arbres verts. Le printemps pointe déjà le bout de son nez, apportant une brume translucide chargée de parfums enivrants. Après avoir embrassé le paysage du regard, je me tourne pour faire face à un homme musclé.

-Tu en as mis du temps! me réprimande-t-il.

-Je suis une fille! je réponds

-Quelle excuse minable.... Va t'entraîner! Tu es en retard! aboie-t-il.

-T'es pas mon père!

Je m'éloigne rapidement par peur de représailles et je manque de m'affaler contre les lattes de bois qui recouvrent les pontons. J'entends un rire étouffé derrière moi et je sais que c'est lui. Lui, le commandant en chef du réseau sentinel, marié, un enfant, orgueilleux et sûr de lui, un peu trop parfois. Lui, courageux, dévoué, supportant de grosses victoires et de lourdes défaites, lui, bras droit du roi, spécialisé dans l'art du tir à l'arc, lui, grand brun aux yeux ténébreux mais un peu trop vieux pour moi. Lui, Andrac. Bref, beaucoup envient la carrure intimidante de monsieur muscle, mais moi je pense qu'il se sert de son apparence comme premier atout, car il est loin d'être le plus grand des stratèges... Déjà de bon matin il avait réussi à me foutre en rogne.

Je continue à avancer le long des plateformes de bois, coupant par des ponts eux aussi en bois, m'accrochant à des lianes pour traverser des raccourcis car, oui mon village est suspendu au-dessus du vide. Enfin, pas exactement. Les maisons ont été construites autour du tronc des arbres les plus hauts de Californie: les Sequoia sempervirens.

Ils sont très hauts ce qui permet de bâtir les villages juste en dessous des branches pour se protéger des intempéries. Toutes les maisons sont reliées entre elles par des ponts encadrés de barrières pour empêcher les jeunes elfes de tomber.

Je traverse encore deux pontons et j'arrive à une échelle. J'entame ma descente vers le sol. La hauteur est vertigineuse, une cinquantaine de mètres me séparent du plancher terrien. Je continue. Ma descente est lente et hésitante mais sûre. Plus que douze barreaux, je saute. J'atterris parfaitement sur le sol, une main à terre. Je me redresse et contemple le village minuscule au-dessus de ma tête. De petites tâches foncées représentent les maisons et les ponts sont tellement loin qu'ils paraissent aussi fins que des fils d'araignées.

Un féroce coup de poing me réveille de mon admiration. Je me plie en deux de douleur et sens un goût métallique emplir ma bouche. Je crache un filet de sang sur le sol terreux. Ma respiration se calme, mon rythme cardiaque ralentit et le goût métallique s'évapore. Je lève les yeux. Kimber.

-Lève-toi! m'ordonne-t-elle

J'obéis, la tête baissée.

-Tu es en retard..., reprend-elle, Tu vas me faire cinquante pompes! Avance!

SilvermooreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant