Silvermoore

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Le stress s'insinue de plus en plus en moi, prenant la forme d'une boule dans mon estomac et une autre dans la gorge qui m'empêche de respirer. Les hommes de main du roi ont pris la relève et trie les papiers du plus vite qu'ils le peuvent. Soudain, l'un d'eux se lève et chuchote quelque chose au roi.

-Il y a égalité de deux châtiments, annonce-t-il.

Mon cœur est sur le bord d'arrêter de battre. Willow me serre la main encore plus fort.

-Les châtiments sont: le bannissement ou la mise à mort.

-Pardon!? La mise à mort? Pour avoir sauvé une vie? je hurle.

-Tu n'as pas à intervenir! crie le roi. Il fallait réfléchir avant de faire des bêtises, maintenant, ton sort est entre les mains de tes chers compatriotes!

Je ne me sens pas très bien et déglutis péniblement. Je regarde Willow. Son visage est décomposé devant cette peine injuste. J'entends un cri et regarde l'assemblée. Je remarque ma mère en pleure qui hurle. Elle hurle sa douleur aux yeux de tous. Quelqu'un l'aide à se relever et la réconforte.

-Pour déterminer le châtiment commun, nous allons faire un débat! clame le roi pour se faire entendre de tous.

À cet instant, tous les villageois parlent en même temps, débattant ardemment notre faute. Je me sens de moins en moins bien. Je ressens la peur, le stress et la colère mélangés ensemble qui creusent un énorme trou en moi. Ce foutu roi sadique! Les deux peines qui nous sont attribuées sont beaucoup trop lourdes par rapport à ce que nous avons fait! Mais ça, personne ne voudra l'entendre. Personne ne voudra entendre la vérité. Le procès se termine par un vote à mains levées. Je suis au bord de l'évanouissement. Heureusement que Willow serre ma main, cela me donne une raison de rester à côté d'elle, de ne pas l'abandonner.

-À dater de ce jour, et conformément aux avis majoritairement exprimés en notre salle de peuple, les elfes suivants se voient bannis de nos terres pour mise en danger d'officiers et non respect des lois en temps de guerre! annonce le roi avec son air toujours aussi sadique scotché au visage. Elles pourront solliciter la levée de cette peine dans un délai de deux jours. Si une ou plusieurs récidives étaient constatées durant cette période, la peine pourrait être prolongée sur décision de l'assemblée de peuple.

-Quoi? Mais selon les lois, Article 3- Si un natif est victime d'un accident ou d'une agression, les témoins sont dans l'obligation de demander de l'aide et de porter secours à l'individu. Si cette règle n'est pas respectée, la personne concernée pourra être jugée par le conseil pour non-assistance à un natif en danger! proteste Willow.

-Oui, mais selon l'article 5- Toute action d'un individu mettant en péril la vie de natifs et les terres pourra faire l'objet d'une décision judiciaire, répond le roi.

C'en est trop. Je sens mes jambes flancher sous moi et ma tête cogner rudement le sol. Je vois flou. J'entends pleins d'exclamations et de cris mais ne les comprends pas. Mes oreilles sifflent. Tout tourne autour de moi. Mon cerveau est en ébullition. Je suis inconsciente.

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La brume m'entoure à nouveau. Le froid m'enveloppe et j'ai l'impression d'être dans un état second. Ma robe est toujours en aussi mauvais état. Mes pieds nus s'enfoncent dans la terre. Mon corps est couvert d'hématomes. Les ombres fantomatiques des arbres m'entourent. Je me lève et commence à marcher, comme d'habitude. Les voix funèbres s'élèvent de plus en plus et bourdonnent dans mes oreilles. Je n'ai plus peur. Je suis habituée. Mais ma vue se brouille, se trouble. Je ne vois plus rien! J'ai l'horrible impression d'être aveugle... J'avance, à tâtons et je tombe, je tombe sans fin. 

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Des rangées de néon défilent au-dessus de moi. J'entends les roulettes d'un lit d'hôpital.  J'entends des gens qui parlent et un électrocardiogramme qui rythme la cadence de mon coeur. J'entrouvre les yeux et vois flou. Je distingue vaguement des médecins penchés sur moi qui répètent un charabia incompréhensible. Mes oreilles bourdonnent mais le son se fait de plus en plus net. C'est comme si quelqu'un crevait la bulle dans laquelle je suis enfermée.

-Mademoiselle? Mademoiselle! Vous m'entendez? crie le médecin à côté de moi 

Je fonctionne au ralentis et entends un bruit de plus en plus aigu qui s'insinue dans mes oreilles. C'est la même impression que si une bombe avait explosé juste à côté de moi. Je ferme les yeux. Que se passe-t-il? Tout le monde m'oppresse, je veux sortir !!! Je ne vois qu'une profonde obscurité... Je veux me réveiller, rassurer ma famille, comprendre ce qui se passe en moi... Je me dresse en hurlant. J'ouvre les yeux et vois ma mère et Willow autour de moi. Elles ont un air effaré sur le visage.

-Pourquoi vous me regardez comme ça? je demande.

-Non, rien, tout va bien. Ça va? Tu n'es pas trop sonnée? demande ma mère en reprenant un air serein.

-Oui, enfin, je crois... J'ai la tête qui tourne et mal au ventre. Que m'est-il arrivé?

-Tu as fait une crise. Tu te convulsais sur le sol tandis que tout le monde alentour hurlait et clamait que tu étais possédée. Des infirmiers ont débarqué et t'ont emmené à l'hôpital du village, me répond Willow.

-Combien de temps ai-je dormi?

-Deux jours.

-Pardon? Et la sanction? Elle était de deux jours avant qu'on ne puisse demander grâce!

-Ne t'inquiète pas! J'ai rempli ma sanction et me suis porté volontaire pour accomplir la tienne. Entre autres, les deux prochains jours que tu passeras à l'hôpital, je les passerais dehors, m'explique mon amie.

-Tu n'as pas le droit de te sacrifier pour moi et de payer le prix qui m'est attribué!

-Et toi, tu n'as pas le droit de bouger de l'hôpital!

-D'accord, on est quitte...

-Tu vois, quand tu veux...

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