Chapitre 3

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Toute l'assemblée est réunie dans l'arbre maison. Celui-ci est creux et les branches forment une sorte de bulle au-dessus. C'est le royaume d'Agad, le roi. Tout un comité est réuni aujourd'hui pour choisir le sort qui nous est réservé, c'est-à-dire le sort de Willow et le mien. Nous sommes considérées comme des rebelles pour avoir enfreint les règles. Après, le jugement tombera et on ne pourra rien y changer. Le bruit énorme que fait l'assistance me casse les oreilles. Je suis debout à côté de Willow et, face à nous se tient le roi, majestueusement assis dans son trône de bois. Il a l'air grave. Il porte un long manteau qui désigne qu'il est le plus haut de la monarchie. Il porte bien évidemment une couronne, dorée et simpliste, ainsi qu'un sceptre qui lui sert de canne. Car, oui, le roi est vieux. Il doit bien avoir quatre cent cinquante ans. Une garde personnelle lui est attribuée et le protège tous le temps. Ceux-ci sont baraqués et ont l'une des meilleure défense car c'est le roi qu'ils doivent défendre. Leurs armures sont éclatantes et brillent d'un reflet argenté. Tout autour de nous se tient le congrès composé de villageois. Ils se tiennent assis sur des bancs de bois qui encerclent plus de la moitié de l'espace. Je suis au centre de tout ce monde, debout en plein milieu de la souche. Je cherche anxieusement le visage de ma mère qui doit être en larmes parmi les tribunes. Je ne la trouve pas. Le roi se lève. Le silence se fait.

-Bonjour chers villageois. Pour commencer, nous sommes en deuil. Toute personne osant briser ce deuil sera punie de mort. Les attaques d'hier ont fait de nombreux morts des deux côtés. Beaucoup de pertes elfiques, comme vous pouvez le constater, mais également ennemi. Aujourd'hui, je clame haut et fort que nous ne craignons pas leurs attaques et que, s'ils osent encore se frotter à nous, ils vont le regretter! déclare le roi.

-Pfff... Il dit toujours ça...je murmure.

-Mais, ce n'est pas exactement à ce sujet que je vous ai tous convoqués... C'est pour un jugement judiciaire, poursuit-il.

Toute l'assistance lance des exclamations, brisant le calme qui régnait jusqu'à présent. Agad, d'un signe de la main, fait taire toutes les voix.

-J'appelle les peritum pour défendre ou condamner les accusées! ordonne-t-il.

Deux elfes, l'un masculin, l'autre féminin, s'avancent devant le roi et le saluent un genou à terre, la tête baissée. Ils se relèvent et se placent en avant de nous. Ils portent de grandes toges.

-Ces deux femmes ont enfreint les règles! annonce l'elfe masculin. Elles sont sorties lors de la bataille et sont restées dehors malgré la sirène de danger qui sonnait encore! Et, par-dessus tout, elles ont forcé nos combattants à les couvrir des ennemis, car comme vous le savez sûrement, nos soldats ont reçu l'ordre de secourir, avant tout, les villageois! Ces femmes ont donc mis la vie de plusieurs officiers en danger! C'est inadmissible!

-Objection!

C'est Willow.

-Les accusés n'ont pas la parole! tranche Agad.

-Comment? Mais ce n'est pas juste...

-Tu t'obstines?

-Excusez-moi, mon roi...

Après cette intervention, elle semble vidée. Elle est pâle et anxieuse.Moi aussi. Savoir que notre avenir est en train de se jouer en ce moment, déterminé par de vulgaires avocats...

Le roi fait signe au peritum de continuer. Celui-ci débite toutes sortes d'arguments, certains inventés, d'autres fondés sur des preuves, mais les dévoile avec omission...

-C'est une entrave à nos lois, à nos règles! prêche toujours le premier elfe.

-Objection! cri la femme elfe qui n'a pas encore pris la parole.

-Je vous écoute, dit le roi, visiblement étonné.

-Mon collègue a omis de préciser que ces jeunes demoiselles étaient gravement blessées! Elles ont également combattu seules des orques! Trois précisément! argumente l'elfe féminin.

-Non, que deux. Le troisième a été abattu par Kimber lorsqu'elle m'a sauvé la vie...je déclare.

-Au moins, elle est modeste, continue notre alliée.

-Il n'y a de salut qu'avec des gens honnêtes et droits, qui respectent les lois! persiste notre accusateur. Il faut leur infliger la peine de mort! Cela montrera l'exemple au peuple et leur prouvera que leur roi a un sens aiguë de ses valeurs!

-Cesse de louer le roi pour obtenir grâce et satisfaction! casse l'avocate.

-Cela suffit! crie le roi. Maintenant, c'est au villageois de déterminer le sort de ces deux rebelles. Le châtiment sorti des urnes sera celui appliqué sauf si je trouve celui-ci excessif. 

Le silence s'efface peu à peu pour laisser place au bruit de réflexion des villageois. Ceux-ci sont munis d'une feuille et d'un crayon et doivent inscrire le châtiment de leur choix puis déposer le bulletin dans l'urne. Le châtiment majoritaire sera celui qui nous sera destiné. Le stress monte de plus en plus en moi, augmentant en chœur avec le nombre de papiers dans l'urne. Willow attrape ma main et la serre. Je la regarde. Elle aussi a un air de stress collé au visage. Plus que dix personnes. Les avocats se sont repliés et discutent calmement dans un coin. On dirait qu'ils s'entendent bien et qu'ils revêtent des masques quand ils font leur métier. Des masques convaincants qui nous font croire qu'ils sont en opposition parfaite du point de vue de leur opinion. Je n'aimerai pas suivre cette vocation. Mentir sans cesse, défendre des personnes qui, parfois, n'en valent pas la peine,... Non, je ne pourrai pas faire cela. Je vois ma mère voter. J'espère qu'elle ne s'inquiète pas trop pour moi, car il ne faut pas qu'elle le fasse. Je n'en vaux pas la peine. Elle ne doit pas être très fière de moi. Elle doit avoir honte de moi! Sa fille, une rebelle! Je m'en veux, maman, je m'en veux tellement...

Un toussotement du roi me réveille de ma torpeur. Il ouvre l'urne et trie les papiers en tas. Certains sont plus gros que d'autres. Des tas ne se composent que d'un seul vote et d'autres, d'une vingtaine. Il doit bien avoir une centaine d'habitants dans le village, en comptant ceux qui ne sont pas venu à la réunion.  



















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