CHAPITRE DEUX - L'arrivée à Paris

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Le train s'immobilise sur le quai de la Gare de Lyon et je récupère mon sac, nonchalamment posé sur le siège à côté de moi. L'homme n'est jamais revenu depuis que je me suis levée pour aller manger au wagon-restaurant. J'avoue que je ne sais pas si je dois m'estimer heureuse ou pas.

- Paris, Gare de Lyon, Terminus !

Je me lève et attends derrière la longue queue de passagers devant les portes du train. Je me fais bousculer parmi la foule et réussis à m'extirper in extremis des corps suants des passants. J'observe ces familles qui se retrouvent en s'enlaçant, ces couples qui se reforment en s'embrassant. Je m'avance à travers la gare en traînant ma valise derrière moi. Je regarde aux alentours, observe les panneaux, demande de l'aide aux gens ; je suis toute perdue dans cette grande ville. Finalement, une femme me dit qu'un bus m'amènera directement au centre de Paris. En plus, c'est gratuit.

Je m'élance à l'extérieur et parviens heureusement à trouver ce bus miraculeusement gratuit. Je m'installe à côté d'une vieille dame qui tient fermement une cage où un horrible caniche aboie à tout rompre. Je décide de remettre mes écouteurs dans mes oreilles et apprécie de ne plus entendre ce maudit clébard.

Après une petite heure, nous arrivons enfin au centre de Paris. Je vois parfaitement bien la Tour Eiffel et décide d'aller la voir d'un peu plus près. Je range mon portable dans mon sac et descends du bus en saluant doucement le conducteur.

Après avoir visité et admiré la Tour, je me paye une glace à la vanille et m'installe sur un troquet. Et là, je sens mon portable qui vibre dans mon sac.

**Samantha** ~17h42

Mam's m'a raconter pour le repas... T'es où ??

Tiens, tiens... Voilà que ma grande sœur Sam prend de mes nouvelles. Cela fait plusieurs mois que nous n'avions pas parlés. Notre mère lui a sûrement dit que j'étais partie. Cependant, je pense qu'elle a « oublié » de lui dire qu'elle et papa m'ont mis dehors.

**Moi** ~17h43

Je suis à Paris. Pap's et Mam's ne m'ont pas laissé le choix. Crois-moi.

**Samantha** ~17h45

Je te crois, mais tu ne peux pas partir comme ça ! Tu vas aller où ?

**Moi** ~17h45

Je ne sais pas.

Je suis vraiment perdue dans cette grande ville. Peut être que j'aurais dû rester à Nice, en continuant d'écouter les reproches interminables que me font mes parents chaque jour. J'observe tranquillement les gens qui passent avec des allures pressées ou désintéressées.

**Samantha** ~17h47

Trouvé, je connais quelqu'un sur Paris. C'était mon ancien coloc'. Je t'envoie l'adresse...

Je me souviens alors que Samantha avait fait ses études à Paris. Je reçois l'adresse et il se trouve que l'appartement ne se trouve pas si loin que ça. Je remercie ma grande sœur. Je m'en veux d'avoir pensé que ma famille ne veut plus entendre parler de moi.

**Timothée** ~17h55

Coucou la sis' c'est ton frère préféré. Sam m'a dit pour les parents et ta fugue. T'as eu raison, vis ta vie et tu verras comme la lutte est belle.

Je relis à plusieurs reprises le message. Tellement longtemps que j'attends un message de mon frère ! Je souris et clique sur le message pour lui faire comprendre que je l'ai vu mais je ne lui réponds pas tout de suite. Je risque de payer cher pour lui parler, vu qu'il réside en Thaïlande avec sa femme et son bébé.

Je m'approche d'un plan de Paris et je trouve le petit point rouge « Vous êtes ici ». Je vérifie l'adresse et me mets en route. Je me sens mal-à-l'aise avec toutes ces personnes autour de moi qui marchent sans prêter forcément attentions sur les autres. L'ambiance est très différente ici qu'à Nice ; là-bas, personne n'est pressé, tout le monde se sourit et se salue. Ici, c'est à peine s'il y a une expression sur les visages.

La plupart des gens sont sur leur portable et ne prennent même plus la peine de lever les yeux vers la Tour Eiffel. Ça me rend triste de constater ça.

Dans les rues arrières, je peux enfin marcher normalement sans veiller à me faire petite. Les ruelles sont plutôt vides, malgré les gens qui passent. J'ai l'impression qu'à n'importe qu'elle heure, il y aura quand même des gens dehors.

Je passe devant une boulangerie et sent les doux parfums des confiseries. Mon ventre réclame à manger une nouvelle fois et je comprends que la simple glace à la vanille ne m'a pas suffit. Alors j'accélère le pas.

J'ai hâte de rencontrer la colocataire de ma grande sœur. Je sais qu'elle sait très bien entendue avec elle. Sauf que je ne sais pas comment elle s'appelle. J'espère au moins que Sam l'a prévenue.

Je vérifie le numéro de l'immeuble et m'arrête devant une porte en bois marron ciré. Je lis les noms de famille sur l'interphone et appuie sur « Khemissa », comme me l'a indiqué ma sœur par message. J'attends, le cœur battant. J'entends soudain un grésillement et la porte se déverrouille. Je pousse la grosse porte en remarquant que c'est vraiment lourd.

Je me rappelle que Sam m'a dit que l'appartement se trouve au cinquième. Je réajuste mon sac sur mon épaule et me prépare psychologiquement à supporter ma valise, heureusement à moitié vide. Puis, je commence à grimper les escaliers vu que l'ascenseur est déclaré en réparation. L'immeuble est sûrement normal pour Paris mais je trouve quand même que cela manque de décorations. C'est un peu triste, les murs gris foncés.

Au cinquième, je m'arrête devant la porte au fond du couloir et frappe. La porte s'ouvre et je fais un sursaut de surprise.

L'ancien colocataire de ma sœur n'était pas une fille...


Au détour d'un trainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant