Au détour d'un train

CHAPITRE VINGT - La Tempête est là

Un sourire absolument idiot trône sur les lèvres de Ken tandis que j'ai les yeux fixés dans ceux de Mohammed. Le match Fifa est mis sur pause. En fait, j'ai l'impression que c'est toute la pièce qui s'est mise sur pause. Je retiens mon souffle mais Mo reste de marbre. J'ai la subtile impression que ça ne va pas lui plaire. Au bout de quelques longues, très longues minutes, il se remet en route, comme s'il avait bugué.

Mohammed : Attendez... attendez... vous sortez ensemble là ?

Je me retourne vers Ken qui fait vite disparaitre son sourire. Mo se retourne à son tour vers le Grec. Oh putain, j'ai peur pour sa peau.

Mohammed : T'es sérieux, frère ? Ma coloc' ? Noah ?

Je lève les yeux au ciel en croisant les bras sur ma poitrine. Il compte énumérer tout mes surnoms idiots... ?

Ken : Ouais ben j'y peux rien, c'est arrivé d'un coup. J'ai essayé de la sortir de ma putain de tête, parce que je me suis dis c'était chaud avec toi. Mais même avec Ysaline j'ai pas réussis.

Je grince un peu des dents lorsqu'il mentionne le prénom de cette fille. Les deux gars se considèrent quelques instants sans rien dire. Moi, je suis toujours debout face à eux.

Moi, d'une petite voix : Je peux dire quelque chose ?

Mohammed lève les yeux vers moi. Je n'arrive pas très bien à analyser ses pupilles. Je ne pourrais pas dire s'il est fâché ou pas.

Moi : Je me sentais mal de ne pas te le dire, tu sais. Je me posais sans cesse des questions du genre « Est-ce qu'il sera fâché ? » ou « Est-ce qu'il acceptera ? ». Parce que j'ai peur que ça fasse quelque chose au groupe, à votre harmonie ou je sais pas quoi.

Je sens bien le regard insistant de Ken sur moi mais je lui fais signe de ne pas parler pour le moment. On parlera de nos histoires de couple plus tard. Mo pousse un soupir et se rabat contre le divan en se frottant la mâchoire.

Mohammed : Waaah, c'est chaud quand même...

Ken : On t'a pas demandé ton avis de toute façon.

J'écarquille les yeux et observe Mo se redresse pour fusiller Ken du regard. Contre toute attente, Ken éclate de rire et vient serrer son meilleur ami dans les bras dans une accolade (virile hein). Je me laisse alors tomber sur le divan et Mo ne perd pas une seconde pour entourer son bras autour de mon cou et de serrer, si bien que je ne peux plus bouger.

Mohammed : Et pas de bêtises, je suis juste à côté. Pas envie de vous entendre gémir toute la night.

Je crois m'étouffer tandis que Ken ricane un peu, en arquant son sourcil. Je donne un coup à mon colocataire pour qu'il me lâche. Une fois libérée, je lui donne un autre coup en lui rappelant combien il est bête. Au fond de moi, je suis tellement rassurée qu'il l'ait finalement bien pris. On a déjà passé une première étape.

Justement le soir, nous avons tous rendez-vous chez Benjamin, alias Areno Jaz pour fêter comme il se doit la sortie de leur nouveau tube « Pars avec moi » avec Ken et 1995. J'ai l'impression que Ken sort des nouveaux tubes toutes les semaines. J'adore vraiment leur travail, ils ont tous leur propre signature vocale et c'est vraiment super.

J'enfile vite fait un haut blanc avec de la dentelle et un simple jean. Mon deuxième prénom, c'est la simplicité.

Je retrouve ensuite les deux autres dans la voiture de Mo. Nous démarrons et nous sommes rapidement bloqués dans les embouteillages de notre chère ville. J'écoute les gars rouspéter à l'avant en insultant les « abrutis qui ne savent pas conduire ». Je roule des yeux et dépose ma tête contre la vitre, comme je le faisais étant enfant. Je ferme mes yeux mais j'entends tout de même ce que murmure Mo à mon Grec.