Chapitre 1 - Sous drogues

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(Poème d'Alphonse de Lamartine, "Le papillon")

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« Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes... »

{ 8 ans plus tard. }

C'était bruyant. A cette heure tardive, le restaurant accueillait de nombreux clients. Les assiettes, couverts et verres se cognaient, leur cliquetis emplissait l'endroit. Les discussions allaient d'entrain, on débattait, on prenait des nouvelles. Les lumières tamisées rendaient le tout encore plus chaleureux et agréable. L'odeur de plats et d'épices se faufilait à travers les narines, appelait à la tentation et à la gourmandise. A une table, on riait aux éclats. On plissait les yeux, haussait les zygomatiques au maximum et dévoilait les dents blanches. L'humeur était toujours au mieux de sa forme. D'après le chef, c'était grâce à ses plats. Il le disait toujours avec un clin d'œil et ça faisait toujours grandement sourire Baekhyun. C'était vrai qu'ici on mangeait bien, on était bien accueilli. L'ambiance était toujours sereine et insouciante. C'était ce qui lui plaisait autant.

Une main s'éleva à une table. Baekhyun saisit son carnet et son stylo, arbora son plus beau sourire et s'y dirigea rapidement. Il connaissait ces clients-là, c'était un couple dans la quarantaine qu'il appréciait plutôt bien. Il lui arrivait de prendre de leurs nouvelles, car il savait qu'ils passaient tous les deux une épreuve difficile avec leur fils. Il s'avérait en effet que le jeune garçon avait un déficit mental. L'unique fois où Baekhyun l'avait aperçu dans la rue en rentrant du travail, il poussait des cris terribles, presque inhumains. Les parents, à bout de force, essayaient tant bien que mal de le garder calme. Ce soir-là, Baekhyun n'avait pas su dormir malgré le souffle rassurant de Chanyeol.

- Bonsoir, vous avez choisi ? demanda-t-il.

Il prit note des commandes en gardant le sourire, puis, d'un ton se voulant doux, il ajouta:

- Comment va le petit ?

La mère soupira lentement, le regarda et finalement répondit:

- Tout ce qu'on peut faire pour oublier un instant tout ça, c'est venir ici, manger et recevoir ce si joli sourire que tu nous offres à chaque fois, Baekhyun.

Baekhyun espérait de tout cœur qu'ils s'en sortent. Ils ne les comprenait que trop bien.
Une fois la commande prise, il alla vers les cuisines et attacha le bout de papier à la hauteur des yeux des cuisiniers, lorsqu'il sentit soudain son portable vibrer. Il se dépêcha de sortir et passa dans le couloir privé pour atteindre la porte qui donnait sur une ruelle calme, à l'arrière de l'immeuble. C'était là où les conteneurs à poubelles du restaurant étaient disposés, et où les fumeurs fumaient leur cigarette à l'abri du bruit et des regards. Il faisait froid, on était en plein hiver, et il faisait déjà sombre depuis un moment déjà. Habillé d'un tablier et d'une simple chemise blanche, Baekhyun frissonna. Puis il sortit le téléphone de sa poche et jeta rapidement un œil sur le correspondant avant de décrocher.

- Chanyeol ?

- Je ne te dérange pas ?

La voix de Chanyeol le réchauffa aussitôt.

- Non non, dis-moi.

- Je ne pourrai pas venir te chercher et je rentrerai plus tard. Ne m'attends pas, d'accord ?

- Entendu.

Il y eu un bruissement dans le microphone. Baekhyun toucha l'anneau qu'il portait à la main gauche, ne cessant de le faire tourner à son doigt.

Envol d'un papillon de nuit [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant