Juliette.
Après deux heures à pleurer dans mes bras, Neymar a fini par s'endormir. Son visage est trempé de larmes, et j'ai remarqué une grosse entaille dans sa main ainsi que plusieurs sur ses jambes. Je me lève doucement et vais prendre du sparadrap et des bandes de gazes dans la salle de bain.
J'humidifie un torchon et m'approche doucement de lui pour ne pas le reveiller. Je nettoie une à une ses coupures, les désinfecte et les recouvre; après quoi, j'essaie ses larmes avec un mouchoir.
Je le regarde, tellement triste et torturé, les sourcils froncés même dans son sommeil que je devine agité. Je lui caresse les cheveux avec douceur comme à un petit garçon. Son torse se soulève régulièrement au rythme de sa respiration.Moi: Qu'est ce qui a bien pu t'arriver, mon chéri ?
Je n'ai pas posé de questions. Je ne l'ai pas étouffé pour essayer de comprendre. Quand j'ai vu que quelque chose n'allait pas. Pourquoi rentrait-il à cette heure-ci ? Ou était Davi ? Pourquoi était-il mouillé et blessé ? Quand il se sent mal, Neymar a tendance à recroqueviller sur lui-même et à se couper du monde afin que personne ne le voit comme ça. Mais cette fois, il était rentré. Il était rentré et s'était jeté
Neymar.
Je me réveille avec le sang qui tambourine à ma tête, et la bouche sèche. Je suis en position assise sur le canapé. J'ai la tête appuyée contre celle de Juliette, au creux de mon cou. Elle a les bras enroulées autour de mes épaules, et même si elle dort elle ne m'a pas lâchée. Une couverture repose sur nous et je suis presque sur qu'elle n'y était pas quand je me suis endormi. Je lève la main pour la passer dans ses longs cheveux quand une déferle le long de mon bras.
J'observe ma main. Elle est enroulée dans un bandage tâché de sang.
De ma mémoire enbrumée émerge ce souvenir. Le cadre.
Davi. Il n'est pas mon fils.
Moi. Les rochers. L'eau qui tourbillonne. L'envie. Juliette.
Nous trois sur une photo. Brisée.
Je sursaute et Juliette se réveille. Larmes larmes recommence leurs parcours sur mes joues. Juliette me tient le visage et me regarde dans les yeux. De ses doigts elle essuie mes sanglots.Juliette: Chuut, Ney, chuuuut....
Je me jette dans ses bras et serre les paupières.
Moi: Davi..
Juliette: Oui, Davi Lucca. Qu'est ce qu'il se passe ?
Moi: Je..Je...
Juliette: Neymar, calme toi, d'accord. Chut. Ne parle pas si t'en as pas envie. Calme toi mon amour.Mais j'ai envie de lui dire. J'en n'ai besoin. J'ai envie qu'elle m'apaiser, qu'elle me rassure, qu'elle trouve une solution. Je veux lui confier la peine pour qu'elle l'atténue. Seule elle en est capable.
Moi: Ce n'est pas mon fils !
Les mots sorte enfin. Juliette s'écarte et m'observe avec des yeux remplis de compassion. Pas de la pitié. De la compassion.
Juliette: Neymar...Je sais pas quoi te dire...
Moi: Il y a rien à dire. J'ai juste besoin que tu sois là.
Juliette: Bien sûr, Ney. Toujours.Elle passe ses doigts sur mon tatouage <<Tudo Passa>> et je sais qu'elle se demande elle aussi comme ça pourrait passer.
Juliette: Ney, Davi restera toujours ton fils. Elle ne peut pas t'empêcher de le voir. C'est impossible.
Neymar: Ce n'est pas mon fils.
Juliette: Bien sûr que si.. Ney tu lui as appris à marcher, à parler, à taper dans un ballon. Tu as été le premier à le tenir dans tes bras. Et regarde le, il est passionné de foot. Il danse comme toi. Il t'adore. Il adore dire que son papa est un footballeur et que c'est le meilleur. Il aime tellement rigoler avec toi. Est-ce que son vrai père peut dire tout ça ? L'éducation que tu lui as donnée compte bien plus que les gènes qu'il a . Il prend exemple sur toi.
Moi: Elle n'a pas le droit de l'empêcher de me voir.
Juliette: Non !
Moi: Alors je doit le voir. C'est mon tour aujourd'hui.
Juliette: Je comprends. Mais tu penses pas que c'est un peu tôt ?
Moi: Non.. J'en n'ai besoin. J'ai besoin de le voir. Mais j'ai aucune envie de la voir. Tu peux pas aller le chercher ? Tu sais où c'est...