Seul à poil face à ton reflet
Avec ton dégoût de toi-même,
Ta culpabilité
Et ton desespoir comme seul témoins.J'enfile un costume. Honnêtement, je n'aime pas ça, mais je suis bien obligé. Aujourd'hui, c'est le baptême de mon filleul, parce que comme tous les Brésiliens, Rafaella et Miguel sont très chrétiens. Mais évidement, ce n'est pas pour ça que mon cœur bat à toute vitesse. C'est pour Juliette que je tremble. Parce qu'en tant que marraine, elle sera forcément présente. A moins qu'elle ne trouve une excuse pour ne pas me voir.
Ce n'est pas le cas. Elle est là, présente, debout, fidèle à son poste, drapée dans sa robe blanche dos nu, et malgrès le vœu de chasteté je peux vous dire que même le prêtre ne peut s'empêcher de la regarder. Elle sent mon regard sur elle, me fixe et détourne la tête. Ok. Comme elle veut. On sera bien obligé de s'adresser la parole à un moment où un autre.
On est placé à côté sur le banc, et elle s'assoit en essayant de ne pas me regarder.Moi: Salut.
Juliette: Salut.
Moi: C'est cool que tu sois venue.
Juliette (en me regardant bizarrement): Tu pensais que j'allais rester chez moi et abandonner ta sœur ?
Moi: Pour éviter de me croiser, oui.
Juliette: Arrête. Je t'ai déjà dit que tout étais cool.La cérémonie commence, très ennuyeuse. Et puis on nous appelle près de l'autel.
Prêtre: Vous, parrain et marraine, vous devez assister les parents dans l'éducation spirituelle de l'enfant.
Je rigolais intérieurement. Juliette, éducation spirituelle. Ça m'étonnerait. Sachant qu'elle ne porte même pas de soutien-gorge.
Prêtre: Et vous devez subvenir à ses besoin si les parents ne sont plus en mesure de le faire.
On se regarde. S'ils arrivé quoique ce soit, elle et moi on devra éduquer cet enfant comme le notre. Cet affreux mais je pense à cet instant que ça serait peut-être la seule façon de réunir. Elle a tellement de tristesse dans ses yeux. Elle serre la mâchoire. Des qu'elle est au contact de cet enfant, elle se crispe, c'est fou.
Apres la cérémonie, je la cherche des yeux, et ne la voit nulle part. Comme d'habitude. Je la cherche et la trouve derrière l'église, assise sur un rocher. Elle doit m'entendre arriver parce qu'elle lance un :Juliette: Neymar. Ca m'aurait étonné. Tu me laisserais jamais tranquille, pas vrai ?
Moi: Non.
Juliette: Pourtant, je t'ai dit pour Bruna.
Moi: Je sais qu'il y a autre chose. Je te connais Juliette.Je m'assois près d'elle et on ne parle pas. Mais elle ne part pas non plus. Elle ne hurle pas, ne tremble pas, ne me dit pas de m'en aller. Alors je me risque à me rapprocher jusqu'à ce que nos épaules se touchent. Elle frissonne.
Moi: Quand j'étais petit, on était pauvre. On vivait dans les favélas et je ne me rendais pas compte que c'était dur pour mes parents. Quand j'ai grandit, j'ai compris à quel point c'était difficile pour eux. Et puis il y a eu le foot. Et tout s'est arrangé. J'ai vécu des trucs moi aussi. J'ai pas besoin qu'on m'épargne.
Elle tourne sa tête et me regarde.
Juliette (d'une petite voix): J'ai pas envie de te faire du mal.
Moi: Ce qui me fait mal, c'est de ne pas comprendre. Et de ne plus être avec toi. Je m'en veux tellement d'avoir embrassé Bruna. Plus jamais je ne te ferais ça, et je le pense. Mais je veux que tu me dises ce qui ne va pas pour que je puisse t'...
Juliette: Personne peut m'aider...
Moi: Dis pas ça..
Juliette: mais c'est vrai. Je suis incontrôlable. Je suis un monstre.
Moi: Dis moi..Dis moi, je t'en supplie. Tu ne veut pas me faire du mal mais c'est mon choix. Je veux savoir.Elle inspire un grand coup.
Juliette: j'ai du rentrer plus tôt de France Parce que j'avais besoin de te voir. Il fallait que je te parle...
Neymar: Parle moi, je t'écoute.
Juliette: J'étais enceinte...Quoi? Je fronce les sourcils et regarde son ventre. Parfaitement plat. Elle regarde le ciel dans un ultime effort pour empêcher ses larmes de couler.
Juliette (la voix tremblante): Je l'ai perdu Ney. Je l'ai perdu. J'étais venue te l'annoncer. Et puis je t'ai vu, alors je suis partie. Je me suis demandée si je devais le garder. J'étais décidé que oui, et quan j'ai voulu venir te le dire... Je l'ai perdu.
Je lui prend la main, et je veux lui dire quelque chose mais elle me coupe pour continuer son histoire.
Juliette: c'est pas à toi que j'en voulais. C'est à moi. Toute est de la faute. Il était la, Ney, il était la (elle prend ma main et la pose sur son ventre). Mais j'ai foiré. Mon corps l'a rejeté, il allait vivre, et je l'ai tué.
Moi: Arrête, c'est pas toi, c'est pas ta f....
Juliette: Si ! Si, c'est de ma faute. C'est mon corps qui n'a pas voulu de lui ! Je l'ai rejeté. J'ai tellement honte. Je ne pouvais pas te le dire. Je ne pouvais même pas te voir. À chaque fois que je te vois, je me dit que j'ai perdu notre enfant. Et quand je vois le Bébé de Rafa, je me dis, est-ce que le notre lui aurait ressemblé ?Je la prend dans mes bras.
Moi: Juliette, arrête. Les fausses couches ça arrive. C'est un accident. C'est pas de ta faute, c'est pas la mienne, c'est celle à personne. On va s'en remettre ensemble ok ?
Juliette: Je suis tellement désolée d'avoir réagis comme ça ! J'aurais dû tout te dire depuis le début. J'aurais pas dû disparaître, j'ai honte, tellement honte...
Moi: Je te pardonne, mais promet moi qu'on va rester ensemble maintenant.
Juliette: Oui ! Oui ! Je m'excuse, je m'excuse. Neymar, je suis désolée, j'étais affreuse, je suis affreuse...Je me déteste si tu savais.
Moi: Faut pas. Je t'en veux pas. Je sais pas comment j'aurais réagit, et puis moi aussi j'ai fait une erreur avec Bruna. Tu m'as tellement manqué. Si tu savait à quel point...
Juliette: Toi aussi...On reste la, incapable de se détacher l'un de l'autre. Je l'ai retrouvée. Je l'ai retrouvée. Je finis par la raccompagner chez elle. Elle se couche sur moi et j'entoure sa taille de mes bras. On s'endort l'un contre l'autre.
Quand je me réveille, il fait nuit. Je regarde ma montre. 8heures. Je sursaute: Davi ! Carolina était censée me l'amener chez moi à 7h. Je me lève doucement pour ne pas réveiller Juliette, lui laisse un mot et part à toute vitesse. En retard, en retard, en retard. J'appuie sur l'accélérateur. Je serai la d'ici dix minutes. Avec un peu de chance. Davi ne sera pas trop triste. J'espère. Que fait ce gosse au milieu de la route ? Je ne pourrais jamais freiner à temps.
300 mètres. Il va s'écarter. Il me regarde avec ses yeux grands ouverts.
200 mètres. Écarte toi !
100 mètres. Dépêche toi de t'écarter ! Bouge allez !
50 mètres. Il ne bougera pas.
Je donne un énorme coup de volant vers la gauche. Mauvais choix. J'évite le gosse, mais ma voiture pulvérise les barrières en planches sur le bord de la route. Elle tourne sur elle-même pendant une vingtaine de secondes durant laquelle je béni ma ceinture. L'aile s'enfonce dans mon flan, je la sens me briser les os. Les vitres explosent et m'en taillent en divers endroits.
Et puis, un rocher arrête la chute. Ma tête heurte violemment quelque chose.