Cette histoire appartient a blOody-Dirk
Aimer est un sentiment trop fort et trop douloureux pour que je m'y applique.
Voilà ce que je me répète inlassablement alors que je suis assise sur le carrelage glacé d'une des douches de la salle de bain des préfets-en-chef. L'eau froide que je fais couler depuis, au moins, dix bonnes minutes n'a eu aucun mal à se faufiler au travers du fin tissu de ma nuisette. Mais j'ai beau avoir froid, j'ai beau trembler de tous mes membres, j'ai beau claquer des dents à m'en faire mal, je ne suis pas prête à sortir de là. Je ne peux pas quitter cet endroit tant que je ne serais pas parvenue à éteindre le feu qui brûle l'intérieur de mon être. A mon plus grand désespoir il ne semble cependant pas vouloir cesser, ou même ne serait-ce que diminuer. Je déteste ce sentiment qui me ronge de l'intérieur, depuis plusieurs mois à présent, et qui m'empêche même de dormir en créant des rêves plus vrais que nature à peine mes yeux se ferment-ils.
Je n'en peux plus. Toute cette histoire m'empoisonne l'existence et si ça continue ça va mal finir. Je ne suis plus capable de me concentrer sur rien. Plus capable de songer à autre chose qu'à cette obsession. Mes moindres pensées sont tournées vers cet être unique qui me fait chavirer comme nul autre auparavant. C'est plus fort que moi, je ne peux que penser à lui. Lui et son charme irrésistible. Lui et son regard glacial qui vous transperce lorsqu'il se pose sur vous. Lui et son sourire sarcastique si envoûtant. Lui et ce corps semblable à celui de l'homme parfait. Et ses mains... Ses mains qui me donnent tant de frissons lorsque je les observe bouger de façon si involontairement sensuelle, qu'il travaille, mange, s'entraîne, ou tout simplement qu'il les fasse glisser sur ma peau, le long de mon dos, de mes bras, de mes jambes, sur mon ventre, sur ma poitrine, à l'intérieur de moi... Rien que d'y penser me rend toute chose.
Je commence vraiment à être gelée. Mes ongles sont bleus et mes lèvres le sont sans doute aussi. J'ignore à présent depuis combien de temps je me trouve ici et à vrai dire je m'en fiche. Toutes les nuits c'est la même chose. Lorsqu'il n'est pas à mes côtés, il apparaît dans mes rêves. Des rêves qui paraissent si vrais qu'ils en sont bouleversants. Et à chaque fois je me réveille au moment propice, comme si, même quand je suis endormie, il cherche à me faire languir de désir. Il me torture. Physiquement en me touchant. Mentalement par ces absences et ces mots tranchants comme la lame aiguisée d'un poignard.
Je n'arrive toujours pas à réaliser que moi, Hermione Granger, soit dans un tel état pour un garçon. Surtout ce garçon. Comme si la vie n'était pas suffisamment compliquée et vicieuse à elle seule. J'ai pourtant toujours été quelqu'un de rationnel, j'ai toujours eu les pieds sur terre, je n'ai jamais eu de grands idéaux sur les Hommes et l'Amour me concentrant depuis toujours sur mes études. Et voilà qu'à présent je ne cesse de me tourmenter l'esprit pour ce que je fuyais depuis si longtemps. A dire vrai, cela vous tombe dessus quand vous vous y attendez le moins. Je n'ai pas cherché ce qui se passe actuellement, cela m'est tombé dessus, tel la foudre qui s'abat en un point lors d'un orage et qui dévaste tout. Et c'est douloureux, plus douloureux que l'on n'ose l'imaginer lorsqu'on ne le vit pas.
Dans un brusque mouvement de colère je fais basculer ma tête en arrière avant de pousser un petit cri. Je me masse le crâne, essayant d'ignorer la douleur.
-Tu devrais éviter de te cogner la tête, je ne voudrais pas que cela affecte ton intelligence suprême...
Je sursaute brusquement.
Cette voix au timbre profond... Ce ton si sarcastique... Je n'ose même pas lever les yeux, et, de toute façon, je n'ai nullement besoin de le faire, il s'accroupit pour se mettre à mon niveau. Ses yeux étincelant d'un gris métallisé glacial me transpercent et je ne peux dévier mon regard, complètement hypnotisée, comme à chaque fois qu'il me dévisage.
