Chapitre 5

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Cela devait faire plusieurs minutes que je me tenais assise sur le parquet de la chambre d'enfant quand je remarquais quelque chose que je n'avais pas remarqué avant. Je me relevais et me plaçais devant la photo encadré et accroché au mur qui représentait une famille devant le manoir. Il y avait deux garçons, l'un tout jeune, peut-être âgé de douze ans et qui souriait de toutes ses dents à l'objectif. L'autre homme qui semblait être le père de la famille était d'une beauté époustouflante. Il n'avait rien d'une beauté brut, il avait une beauté presque surnaturelle qui hypnotisait au moindre regard. Cependant, il avait quelque chose de chaleureux dans son visage, malgré ses cheveux bruns, ses lèvres fines comme des aiguilles et sa peau pâle. Il tenait la main à une femme qui avait le visage tourné vers lui. Elle, ressemblait à un ange, son sourire illuminait à lui seul la photo. Elle avait de beaux cheveux blond tressé autour de sa tête en couronne et portait une longue robe fluide ceinturé à la taille. Elle était de ces femmes qui avaient une élégance naturelle, un port de tête gracieux et l'on sentait sur son visage l'apaisement d'une femme qui avait vécu beaucoup d'épreuves. Mais je remarquais surtout le pendentif qui pendait à son cou. Le même qui pendait au mien. Je sentis une boule se former dans ma gorge. Sur la photo, il y avait également deux petites filles, l'une avait les beaux cheveux de sa mère et une beauté angélique, elle avait la grâce d'une princesse et la brise légère soulevait légèrement les plis de sa robe. La seconde lui ressemblait comme deux gouttes d'eau à quelques détails près. Ses joues étaient rosis, ses yeux ne regardaient pas l'objectif, il semblait attiré par le bois environnant, elle aussi portait une robe mais bien plus simple, sans rubans. Contrairement à sa sœur jumelle, elle avait hérité des cheveux bruns de son père. Elle était jolie, mais bien moins que sa sœur. Et je n'avais plus un doute, cette petite fille c'était moi. Les pièces du puzzle s'assemblaient lentement. Je me trouvais dans le manoir de mes parents, j'étais dans ma chambre et cette famille sur la photo était la mienne. Celle qui m'avait abandonné...Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une intense émotion me travers le corps. Moi qui avait toujours imaginé ma famille biologique, comme aurais-je pu croire que je mettrais un visage sur eux ? Une larme perla le long de ma joue mais je l'essuyais aussi vite qu'elle n'était apparue. Puis, contre toute attente, la porte s'ouvrit. Je restais un instant inerte. Et sans plus attente je pris mes jambes à mon coup. Si je ne sortais pas de cet endroit, j'allais exploser. Je sautai quasiment toutes les marches et arrivé au premier étage je me plaquai contre un mur pour reprendre mon souffle. Puis, un léger souffle caressa mon cou. Je fis lentement pivoter ma tête vers le couloir. Et c'est avec horreur qu'une sombre tâche, petite molécule au départ se collant les une aux autres, noire se dessina sur le sol au fond du couloir. Avec un gémissement et les larmes aux yeux, je m'élançai vers la porte d'entrée qui se trouvait un étage en dessous. J'ai vu une ombre, hurlais-je intérieurement. Je manquai de glisser sur un grand tapis blanc mais me rattrapai à une commode aussi froide que mes mains. En me relevant je passai un œil pardessus mon épaule. Une deuxième ombre se formait contre le mur, me surplombant de sa hauteur. Elle semblait tendre ses doigts vers moi, comme si elle voulait m'enfermer à tout jamais entre ses bras. "Arka, Arka", chuchotait-elle. Je me relevai et avec une force que je ne m'imaginait pas m'agrippai à la rambarde en marbre de l'escalier et sautai par-dessus. Je me réceptionnai sur mes genoux. Une légère douleur traversa mes jambes mais prise d'une adrénaline violente, je sautai sur mes pieds et m'élançai sur la porte d'entrée qui était resté ouverte. Alors que me m'apprêtai à quitter une bonne fois pour toute ce manoir hanté, mon cœur s'arrêta littéralement de battre. Une autre ombre, sous un rideau cette fois. Prise de vertige, je sautai dehors et une bouffée d'air frais s'écrasa contre mon visage.

« Arka, Arka. Arka ! ». Le chuchotement était atroce et semblait résonner dans toute la maison.

- Je ne connais pas cette Arka !, hurlais-je en me bouchant les oreilles, Laissez-moi !

MalédictionWhere stories live. Discover now