Chapitre 2

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Je portai une tasse de thé fumante à mes lèvres lorsqu'Etienne se laissa tomber sur le canapé à mes côtés.

- Bonjour !, s'exclama-t-il joyeusement.

- Bonjour. Tu es de bonne humeur ce matin, remarquais-je en arquant un sourcil.

- Cela t'étonne ?

Je fis semblant de réfléchir. Etienne était toujours de bonne humeur, il souriait tout le temps et avait toujours un petit mot gentil pour chacun. Alors non, je n'étais absolument pas étonnée.

- Que fais-tu aujourd'hui ?, je lui demandais.

- Je dois travailler, dit-il avec une grimace.

Le roi qui était assis à une table un petit peu plus loin releva ses lunettes vers nous.

- Ai-je bien entendu une once de découragement dans votre voix, Monsieur Car'Vahl ?, s'exclama mon grand-père.

Etienne se releva et me fit un petit clin d'oeil avant de s'installer face au roi. Je le rejoignis et passais une tête au-dessus de leur ouvrage.

- N'aurais-tu pas un cours de bienséance avec Eleonora aujourd'hui, ma chérie ?, demanda grand-père.

J'aussais les épaules, il savait très bien ce que je pensais de ce genre de cours.

- La bonne tenue ne fera pas de moi une bonne enchanteresse, dis-je, je servirais plus à quelques choses en connaissant les codes de l'économie, la tactique de nos armés et les comptes...

Mon grand-père ne releva pas mais je savais qu'il était d'accord avec moi alors il me laissa les écouter. Vers onze heures, j'abandonnais les deux hommes pour une petite lecture. Je m'étais promis de connaitre l'ombre de la Terre sur le bout des doigts avant d'être couronné enchanteresse. Je m'installai donc sur un transat face au dôme de la serre d'où je pouvais percevoir le village. Je rêvais en secret de m'y rendre, mais à vrai dire je craignais aussi d'y aller seule. En soupirant j'ouvris le livre que m'avait prêté mon grand-père et m'y plongeais avec délice. Peu après, je sentis quelque chose me chatouiller la joue. Je me redressais d'un bond avant de découvrir Etienne avec une plume dans la main le regard hilard.

- Que dirais-tu de m'accompagner à Charles 6 ?, m'interrogea-t-il.

Je savais que le lycée Charles 6 était le plus réputé de Délasio, il se trouvait non loin du palais et éduquais tous les enfants et futurs adultes du palais. Je m'étais rapidement rendue compte que les plus riches et les plus pauvres ne se mélangeaient pas ici. J'acceptais l'offre d'Etienne et posai un baiser sur la joue de mon grand-père avant de quitter la serre au bras de mon ami.

- Rappelle-moi pourquoi je ne vais pas au lycée ?, soupirais-je.

- Parce que tu es une princesse de sang royale et qu'Eleonora tient à prendre en charge ton éducation elle-même.

- C'est vraiment terrible, grognais-je.

Il coinça mon menton entre son index et son pouce et me tourna vers lui. Mon coeur se mit à battre un petit peu plus vite.

- Perdre un bras ou une jambe c'est terrible.

Je me dégageai.

- Tu n'as jamais pris de cours avec Eleonora, dis-je en rigolant, d'ailleurs si elle me trouve elle va me tuer !

Il me rattrapa et nous sortîmes en vitesse du palais par les jardins avant de descendre par de long escalier en pierre une petit falaise qui menait tout droit jusqu'au lycée Charles 6. Le bâtiment était immense et splendide. Nous passâmes par un portail en fer forgé qui entourait ainsi qu'un long muret en pierre l'accès aux inconnus. A l'entrée était posté deux gargouilles en pierre, effrayantes. J'avais toujours l'étrange impression qu'elles nous observaient entrer. La cour était vide, nous passâmes à côté d'une petite fontaine et je ne puis m'empêcher de lever les yeux au ciel. Etienne le remarqua.

MalédictionWhere stories live. Discover now