Chapitre 4

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Je détestais les bonnes manières de la cour et l'étiquette. Mais il fallait me rendre à l'évidence : j'étais une princesse. Alors au lieu de me plaindre je m'étais resignée à laisser l'inévitable se produire.

- Princesse, redressez-vous, votre port de tête, je vous prie faites un effort !, s'exclama mon professeur.

Eleonora m'avait envoyé au lycée Charles 6 pour me faire suivre certains cours spécifiques qu'elle n'avait pas le temps de m'enseigner - ou plutôt elle préférait ne pas rater sa séance de massage de seize heure - et je ne m'en sortais pas vraiment bien. Le livre que j'avais posé sur ma tête tomba pour la centième fois à mes pieds. Je poussai un soupir d'exaspération.

- Que ferons-nous de vous ?, siffla le professeur en me tendant le livre.

- Tu y arriveras, Arka, m'encouragea une voix douce dans mon dos.

Je serrais les dents. J'aurai pu survivre à ces cours de bienséances si je n'avais pas eu à supporter l'hypocrisie d'Ema. Elle était entourée de ces filles à papa insupportables et le livre tenait parfaitement sur sa tête, elle avança de quelques pas avec tellement de grace, elle se baissa fit une reverence en gardant sa tête parfaitement droite, un sourire envoutant sur le visage, et se redressa en faisant rouler ses poignets.

- Quelle élégance, mademoiselle Ema, s'exclama le professeur, je vous félicite.

Je levais les yeux aux ciels et allai m'assoir sur une chaise abandonnant la seconde leçon qui était de reconnaitre chaque couvert dans le bonne ordre d'utilisation lors des grands banquets. Quelle importance ?, me demandais-je. Je m'assis et gardais les bras croisés sur ma poitrine en laissant mon esprit vagabonder. Mes yeux papillonèrent un instant, laissant la fatigue m'envahir.

-Arka...tu ne te cacheras pas bien longtemps, souffla une voix toute proche, Arka...où es-tu...laisse-moi t'approcher, laisse-moi t'attraper...laisse-moi te libérer de ce lien qui t'a brisé dès ta naissance...impur...

Je poussais un petit gémissement. Un éclat de rire comme celui de mon premier bal éclata dans mes oreilles. Un rire cruel et sans humanité qui me glaça le sang.

Arka...tu devras mourir !

Je poussais un hurlement en ouvrant les yeux. Ma poitrine se soulevait et s'affaisait tandis qu'une goutte de sueur perlait le long de mon front. Je sentis une main m'aider à me redresser. Une dizaine de visage me dévisageait.

- Mademoiselle ! Allez-vous bien ?, s'inquiéta le professeur.

- Je...j'ai fais un cauchemar, soufflais-je.

Quelques uns tentèrent en vain de cacher leur hilarité.

- Vous...dormiez ?,s'étrangla le pauvre homme.

Je n'osais pas répondre mais à vrai dire j'étais trop terrifiée pour m'en soucier. Ema s'approcha de moi et m'interrogea du regard. Je detournais mes yeux. Une main froide se posa sur la mienne.

- Cela arrive, dit une voix de femme, j'imagine que ce cauchemar devait être...terrifiant.

Je relevais la tête vers cette jeune femme blonde qui me rappelait vaguement quelqu'un sans que je puisse l'identifier.

- Oui...il semblait si réelle, avouais-je, comme si quelqu'un m'avait chuchoté à l'oreille.

Elle garda son regard dans le mien. Sa main se ressera sur la mienne puis elle s'écarta.

- Etrange, répondit-elle simplement.

Je passai une main sur mon front alors que la cloche rententit. Sauvée par le gong ! Je pris mon sac sur mon épaule et sortis de la classe avant tout le monde en évitant Ema.

MalédictionWhere stories live. Discover now