Chapitre 9

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Elle avançait dans la salle sombre, ses pas légers caressant à peine le sol. Il y avait des livres à perte de vue dans cette grande bibliothèque. Elle s'assit à une table, sa chandelle à la main. Depuis quelque nuit, elle avait le sommeil léger et ne trouva d'autre occupation que de lire. La bibliothèque royale était vide à cette heure-ci, à minuit tout le monde dormait profondément. Elle tourna tranquillement les pages de son livre quand elle eut le sentiment qu'on l'observait. Elle promena la flamme de la bougie autour d'elle mais ne vit rien. Elle se rassit mais l'inquiétude commença à n'être en elle. Enfin, une fine silhouette se détacha d'une étagère.

- Vous ? oh, vous savez que vous m'avez fait peur ?, plaisanta-t-elle soulagé de reconnaitre la cause de sa peur.

- Bonsoir Carolina.

La femme blêmit quand la visiteuse nocturne sortit une lame en argent de sa poche.

- Que faites-vous avec ceci ?

Elle s'approcha d'elle mais Carolina se leva et recula.

- Qu'est-ce qu'il vous prend ? Mais...Non ! N'approchez pas ! Laissez-moi...à l'aide ! Au secours...

La lame s'enfonça dans son ventre avec une telle vitesse qu'elle ne vit même pas le coup venir. Elle poussa un cri de douleur et recula de plusieurs pas.

- Adieux ma chère Carolina !

La femme se toucha le ventre en tremblant sentant le sang coulé sous ses doigts, elle tomba au sol faisant tomber une chaise sur son passage. Elle eut tout juste le temps d'apercevoir son meurtrier s'éloigné et d'entendre son rire diabolique signé son crime. Une dernière pensée pour ses enfants et se fut le noir complet.

Je me redressais en poussant un hurlement qui resta coincé dans ma gorge. Je grelottai. J'étais persuadée d'avoir été témoin de la mort de Carolina Dell'Salam. Quand je repris mes esprits, je remarquai que je n'étais pas dans mon lit mais toujours assise à la table de la bibliothèque, à la seule différence que les chandelles étaient toutes éteintes. Il n'y avait pas un seul filet de lumière j'étais dans le noir le plus complet. Je me levais en soupirant et tâtais du plat de la main la table et l'air autour de moi en tentant de m'y retrouver. Heureusement que des filets de lune filtrait à travers les vitres et je parvenais quelques peu à distinguer les ombres, assez pour me diriger dans la bibliothèque. Je longeais les meubles remplis de roman jusqu'à la porte d'entrée. Mais lorsque je tentais de l'ouvrir, elle restait coincée. Je forçais doucement, puis de plus en plus fort avant de me rendre compte qu'elle était coincée. Un rire strident déchira le silence. Mon sang fit un tour dans mes veines et mon cœur bondit dans ma poitrine avant de se glacer. Non...

- Arka...

Cette voix était toujours là, dans mes cauchemars, elle me guettait et me ramenait toujours à ce sentiment d'insécurité.

- Qui êtes-vous ?, hurlais-je.

Un énième éclat de rire accueillit ma question. Un rire froid, glaciale, un rire diabolique et cruel.

Puis soudain quelque chose au loin m'interpella, une sorte de boule de lumière qui se rapprochait de plus en plus vite. J'eus tout juste le temps de me jeter sur le côté qu'une boule de feu s'écrasa à la place où je me tenais quelques secondes auparavant. Une odeur de fumée et de cendre me chatouilla les narines tandis que je me relevai, tremblante de peur. Je me mis à courir pour fuir la chaleur et la fumée. Les bibliothèques prenaient feu, elles brulaient et les livres avec elles. Le rire résonnait toujours et parfois je pensais percevoir une ombre me suivre sur les murs. Mes poumons étaient en feu, j'ettouffais. Je hurlai à l'aide mais quelque chose à au fond de moi me chuchotait que personne ne m'entendrait. Les immenses flammes de l'enfer m'entouraient, elles s'élevaient jusqu'au plafond, menaçantes, presque irréelles. La voix diabolique résonnait toujours. A travers les flammes, elle se moquait de moi, me provoquait. Les poings serrés, je me relevais essayant d'oublier cette chaleur lancinante et poussait ma main vers les flammes. De ma paume jaillit un filet de lumière qui m'éblouit moi-même. Prenant soudain conscience que je n'étais pas sans arme, je repris confiance et fis un pas en avant. La chaleur brulait ma peau, elle caressait dangereusement la limite entre la douleur et le supportable. Je tendis à nouveau ma main mais cette fois je la contractais, me concentrant sur la danse envoutante de ces flammes. Je les contrôlais, j'étais devenue le feu. Mais quelque chose - quelqu'un - résistait de l'autre côté si bien que le feu n'était pas complètement à ma merci. Poussant un soupir d'effort je parvins à créer un passage entre les braises brulantes et sautais de l'autre côté. Je roulais sur la moquette, avant de sauter sur mes pieds et de me remettre à courir. D'un geste sec de la main j'arrêtais un nouveau jet de flamme et comme si un bouclier invisible s'était interposé entre mon corps et cette force, la flamme monta vers le plafond et explosa au dessus de ma tête. Je poussais un hurlement avant de me plaquer contre le sol, les mains sur la tête pour me protéger. L'adrénaline coulant dans mes veines, je roulais sur le dos, me protégeant d'une nouvelle attaque. Je rampais jusqu'à une table et soudain j'aperçus cette ombre sur le mur. Je me relevais à l'aide du meuble en bois. Quelqu'un m'observait de l'autre côté de la bibliothèque, s'amusait de ma peur. J'avais été chassé, à moi de devenir chasseur. Je me mis à courir jusqu'à cette ombre qui évidemment bougea et s'éclipsa avant que je n'arrive jusqu'à elle. Je longeais les étagères à toute vitesse, entendant des pas rapides devant moi. Puis soudain je me retrouvais devant la porte principale. Aucune trace de mon agresseur. Tentant ma chance, je me jetais sur la poignée. Elle tourna entre mes doigts. Je poussais un cri de stupeur en découvrant Victoria qui se tenait de l'autre côté, immobile.

MalédictionWhere stories live. Discover now