Chapitre 3

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Eleonora était attablée avec sa cour dans les jardins. Les températures étaient douces, le soleil caressait délicatement les fins tissus des ombrelles et illuminait les visages. Victoria et Ema était elles aussi assises autour de la table tandis que plusieurs serviteurs s'affairaient pour répondre aux moindres de leur désir. Les poings serrés je fonçais sur eux. En me voyant arriver, Eleonora qui avait porté une tasse de thé fumante à sa bouche, la reposa délicatement dans sa coupelle et s'essuya le bout des lèvres avec sa serviette.

- Te revoilà, soupira-t-elle.

Mais je ne fis pas attention à ma tante. Victoria m'avait vu arriver comme une furie, ce terrible sourire agaçant collé aux lèvres. Elle avait un air détendu avec son bras pendu au dos de sa chaise.

- Tu ne sais rien de moi, dis-je à son attention.

Contre toute attente, elle éclata de rire et se leva. Mais mon sang bouillait dans mes veines et je n'avais qu'une seule envie : lui faire ravaler son sourire une bonne fois pour toute.

- Tu te trompes. Je sais que tu es du genre à te défiler quand tu perd le contrôle. Je n'ai rien d'autre à savoir sur toi. Vas-tu te défiler encore une fois ?

Dans un élan de témérité, je fis un pas vers elle.

- Je t'ai dis que tu ne me connaissais pas. Je suis venue ici dans le seul but de retrouver mes parents. Et si je me suis défilée auparavant, je ne le ferais plus. Et surement pas à cause d'une

fille comme toi.

Elle me poussa à nouveau du plat de la main mais cette fois je la repoussai brusquement. La colère me montai aux joues et je tremblai. Une sensation étrange mais que je connaissais déjà me traversa.

- C'est ta jalousie pour Celèste qui te rend aussi colérique ?

Et c'est là que tout m'échappa. Une puissante force qui s'était longtemps déchainée en moi se déversa et dans un cri elle emporta tout avec elle. La table vola, les ombrelles se dechirèrent pour s'abattre à côté de leur propriétaire qui se cachaient le visage, les chaises volèrent pour s'écraser plusieurs mètres plus loin. Victoria était debout devant moi, ses pieds ne touchaient plus le sol, son visage si blanc se colora d'une étrange couleur rougeatre. Mais tout ce qui m'importait c'était la puissance avec laquelle ma simple main gauche l'avait fait se décoller du sol. Je la maitrisais elle, et son sourire insupportable. J'entendai des cris autour de moi mais j'étais trop concentrée sur son visage livide, ses bras qui se balançaient le long de son corps en une danse morbide, à son corps de pantin et à cet étrange lueur dans son regard. Il ne s'agissait pas de peur, plutôt de surprise.

- Arrête, je t'en prie !, me supplia Ema qui s'était levée, elle s'étrangle tu vas la tuer !, hurla-t-elle.

En effet le corps de la belle brune était secouée de gros spasmes et elle suffoquait. Mais son regard changea radicalement. Il n'y avait toujours pas de peur mais de la douleur. C'est alors que je me rendis compte de ce que je faisais. Je laissais retomber ma main et le corps de Victoria glissa lourdement sur l'herbe.

- C'est tout...ce que...tu sais faire, railla-t-elle en se laissant rouler sur le dos un sourire mauvais et moqueur sur les lèvres tandis qu'elle était soudain prise d'une crise de rire qui se transforma en étouffement.

Des gouttes de sueurs coulaient le long de mon front. J'avais une horrible douleur à la tête et mon tatouage me brulait. Je ne parvenais plus à contrôler cette "chose" qui s'accrochait à mon coeur et brulait mes veines.

- Ne la provoque pas, interdit Ema à Victoria en s'agenouillant près d'elle.

Mes mains retombèrent le long de mon corps, ma tête bascula en arrière et le sol se mit à trembler sous nos pieds. Un sourire béat se dessina sur mon visage. Le pouvoir était immense, je le sentais dans tous mon être, il me procurait un bien-être que je savais malsain. La partie sombre qu'il y avait en moi ressortait. Et puis tout disparut. Je tombai à genou sur le sol. Quand je rouvris les yeux je vis le visage d'Eleonora baisser sur moi. Elle avait une main posé sur mon front et semblait chuchoter des phrases, comme si elle aspirait quelque chose en moi. De toute évidence ce qu'elle me faisait me calmait et bientôt mon cœur reprit une allure normale.

MalédictionWhere stories live. Discover now