Ses chaussures crissaient dans la neige sale des rues du Paris de ce mois de Novembre 1888. La jeune femme s'arrêta un instant sur l'esplanade pour observer le chantier. Les ouvriers montaient petit à petit la partie supérieure de la Tour de 300 mètres. La journaliste sortit son lourd appareil et positionna son trépied. En regardant dans l'objectif, elle se dit que sa photo ressemblerai à une de ces radiographies dont son collègue lui parlait chaque lundi matin. La charpente noire de la Tour D'Eiffel se détachait sur le ciel laiteux de ce matin de Novembre. Elle inséra la plaque argentique dans le boîtier et régla le temps d'exposition sur 3 minutes, pour être sûre que sa photo soit nette. Quand sa photo fut prise, elle remballa son matériel et se remit en route vers le chantier, en espérant tomber sur un ouvrier suffisamment amical pour se laisser interviewer. Elle marcha le long du canal en manquant de glisser sur les pavés gelés.« _Attendez mademoiselle ! Je vais vous aidez à porter votre matériel ! dit un ouvrier qui arrivait derrière elle.
La jeune journaliste se tourna et accepta volontiers l'aide proposée.
_Vous allez où ? questionna l'homme ?
_Je compte me rendre sur le chantier de le Tour D'Eiffel monsieur.
_Je peux savoir pourquoi ? Je viens de finir mon temps de pause, mais il est tôt pour une aussi jeune demoiselle !
Effectivement il n'était que 8h30 à la montre de la jeune femme, et Paris venait à peine de s'éveiller.
_J'y vais pour le travail. Je suis journaliste pour le « Matin ». On m'a commandé un article sur l'avancée des travaux et les conditions de travail des ouvriers. Je comptais interroger quelqu'un pour avoir un article le plus réaliste possible. Mais pour vous, il n'est pas un peu tôt pour prendre une pause ?
_Oh non mademoiselle ! Je suis au travail depuis 4h ce matin !
_Mais, travaillez-vous donc de nuit ?
_Oui mademoiselle ! Ce chantier ne dort jamais ! Mais assez bavardé, je dois reprendre le travail, mais y'a un petit jeune qui sera enchanté de discuter avec une jolie fille !
_Oh, et bien je vous remercie.
_De rien mademoiselle. »
La jeune femme observa le chantier où le brave homme l'avait conduite. Le sol entièrement déneigé était sale, les mules passaient sans relâche entre les quatre piliers qui montaient en s'incurvant vers le ciel, et les ouvriers s'activaient ,tant pour se réchauffer que pour obéir aux ordres lancés par le contremaître. La belle journaliste notait tous ces détails dans son carnet en évitant de trop s'approcher des flaques d'eau pour ne pas salir sa robe de soie et de laine bleue et blanche, quand un gamin d'environ 13 ans à la figure rougie et aux doigts bleuis par le froid arriva en courant. La jeune femme se sentit un peu honteuse de s'être plainte du froid ce matin alors qu'elle portait de chaudes mitaines et un châle en cachemire par-dessus son manteau.
« _B'jour M'dame ! Le grand Michel a dit que vous vouliez m'poser des questions sur not' travail ?
_Oui, mais je t'en prie appelle moi Apolline. De combien de temps disposes-tu avant la fin de ta pause ?
_A peu près une heure M'dame Apolline.
_Parfait ! Que dirais-tu d'aller discuter autour d'une tasse de chocolat chaud ? Je t'invite !
_Vrai ?
_Mais oui !
_Oh bah oui alors ! Vous êtes drôlement chouette M'dame Apolline ! Au fait moi je m'appelle Charlie ! »
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Une Louve à Paris [TERMINÉ] [1ere Histoire]
Ficção HistóricaParis 1888, La Tour Eiffel n'est encore qu'un chantier que les Parisiens détestent. Les plus pauvres vivent dans la misère la plus totale tandis que les bourgeois vivent dans le luxe et l'opulence. A l'époque de Zola et Hugo, une jeune journaliste...