Roger donnait ses instructions et montrait tranquillement à Castle les étirements journaliers que devaient effectuer sa muse. Castle répétait les mouvements avec application, scrutant le visage de Kate à la recherche du moindre signe de douleur. Il ne rencontra que l'adorablement effrayant air boudeur de la jeune femme. Pourtant, elle gardait le silence. Castle décida qu'il était temps d'arrêter et le kinésithérapeute quitta l'appartement pour le plus grand bonheur de l'écrivain. Il s'installa près de Kate.
- Qu'y-a-t-il, Kate ? Mon idée te déplaît ?
Il avait l'air inquiet que ce soit réellement le cas. Le lieutenant soupira bruyamment mais ne répondit pas. Visiblement, elle trouvait cette question des plus inadaptées.
- Kate, insista-t-il anxieux.
- Bien sûr que ça m'embête, râla la brunette en roulant des yeux, exaspérée.
Ces quelques mots blessèrent l'auteur de romans policier. Il faisait tout cela pour elle ! Rien que pour l'aider, elle ! Il pinça les lèvres de frustration. Kate se redressa sur les coudes.
- Cela n'a rien à voir avec toi, Castle, tenta de se rattraper Katherine devant l'air peiné de son écrivain.
- Tu ne veux pas de moi pour t'aider à faire tes exercices mais ça n'a rien à voir avec moi, s'exclama-t-il de manière sarcastique.
Son interlocutrice souffla d'agacement. Mais pourquoi ne la comprenait-il pas ? C'était trop dur de se mettre à sa place ne serait-ce qu'un instant ?
- Si je te dis que ça n'a rien à voir avec toi, s'énerva-t-elle en tapant du poing sur le matelas.
Richard se releva.
- Je t'attends dans la cuisine, déclara-t-il en se dirigeant vers la porte.
Un sentiment de panique prit brutalement possession de Kate. Allait-il l'abandonner ?
- Castle, s'écria-t-elle précipitemment pour le retenir.
Il ne pouvait pas partir. Pas comme ça. Il se stoppa mais refusa de se tourner vers elle. Il ne voulait pas qu'elle lise dans ses yeux toute sa déception, son amertume. A chacun de ses refus, il souffrait davantage mais toujours il revenait tendre l'autre joue à la jeune femme. Cela devenait pathétique. Katherine prit cela pour de la réticence. Il ne voulait plus revenir près d'elle...
- Castle, murmura-t-elle, je...
Elle déglutis difficilement. Elle devait se livrer à lui si elle ne voulait pas le voir partir.
- Je peux t'expliquer, chuchota-t-elle de manière presque inaudible.
L'écrivain ne bougea pas plus.
- Je me sens... comme un poupée, dit-elle les yeux rivés sur les muscles tendus du dos si parfait de l'homme qu'elle aimait. Comme un pantin.
Castle fit volte-face, surpris. Ses yeux se plongèrent dans le regard inquiet de la jeune femme.
- Je... Vous êtes tous là mais... c'est dure de vous laisser agir autour de moi parce que je ne veux pas vous inspirer de la pitié... Mais c'est inévitable ! Vous voulez tous m'aider et cela montre pour vous votre amitié... Mais pour moi ça signifie que je ne peux pas me débrouiller seule ! J'ai besoin de quelqu'un pour m'aider dans tous les actes de la vie quotidienne. Et ... Je ne suis plus qu'une poupée entre vos mains !
- Comment peux-tu penser cela, répondit un Richard totalement estomaqué. Tu n'es pas une poupée ! Pas du tout ! Personne ne te voit comme tel !
Il vint s'asseoir sur le matelas à ses côtés et posa une main douce sur l'épaule de la jeune femme. Il y exerça une légère pression.
- Mais c'est comme ça que je l'ai ressentis quand Roger et toi, vous vous êtes mis à parler de moi, à me faire faire des mouvements sans même me demander mon avis, pleura-t-elle brusquement. Je n'ai pas eu mon mots à dire, Castle, lorsque VOUS avez décidé de ce que je ferai tous les jours ! Ou plutôt ce que TU me feras faire tous les jours !
Il en resta cois. Il avait fait preuve d'une énorme indélicatesse alors qu'il faisait de son mieux pour qu'elle se sente mieux. Malheureusement, il n'avait pas pensé à ce qu'elle ressentirais sur le moment. Enfin si... Mais il pensait qu'elle serait heureuse de le voir s'impliquer ainsi pour elle. Il était complètement à côté ! Et Castle en avait honte. Il n'osait même plus la regarder en face. Il avait fait tout ce qu'elle ne voulait pas qu'on lui fasse et cela dès le premier jour. Il était vraiment en dessous de tout ! Totalement !
Les larmes de son aimée tombaient sur les draps. Kate était à fleur de peau depuis l'accident. Tout était hors de contrôle et c'était la pire chose possible pour une maniaque du contrôle comme elle. Elle était forcée de s'en remettre aux autres, de lâcher prise. C'était beaucoup. C'était trop rapide. Elle n'était pas prête pour une telle chose ! Mais qui l'était ? Kate détestait être la demoiselle en détresse et ajourd'hui elle avait pleinement acquis ce rôle, pour son plus grand déplaisir.
C'est avec beaucoup d'hésitation que Richard la prit dans ses bras.
- Je suis désolée, Kate, chuchota-t-il. Je te promets de faire attention pour que ça ne se reproduise plus.
Il avait la gorge nouée et cela s'entendait. Il n'avait jamais voulu qu'elle se sente comme un poupée de cire ! Jamais ! Au contraire, il voulait qu'elle voit que la vie de son fauteuil pouvait valoir la peine d'être vécue ! Cela commençait de la pire manière possible.
Le lieutenant Beckett sécha ses larmes, honteusement. Elle détestait se sentir si faible, si pleurnicharde. Mais que pouvait-elle faire maintenant ? Pas grand chose, elle en était certaine. Elle se sentait misérable tellement cette situation lui était insuportable. Elle si indépendante devenait totalement dépendente des autres et c'était quelque chose de presque insuportable pour elle. Aujourd'hui, à l'instant, elle s'était sentie humiliée. Vraiment. Cela lui démontrait qu'elle avait eut bien raison de garder le monde loin d'elle. Un monde qui ne voyait qu'un handicap physique. Une poupée.
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Accident de parcours
FanfictionUn accident... Une vie brisée... Castle et Beckett vont devoir faire face à une situation difficile qui pourrait bien prendre une tournure plus personnelle... Fanfiction castle ^^