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 Elle était prête , enfin. Et, elle attendait impatiemment que Castle vienne la chercher. Angoissée, elle se mit à se ronger les ongles. C'était long tout de même... Et si... La porte s'ouvrit ! Kate sursauta légèrement. Cela inquiéta un peu son acolyte. Il fallait qu'il paraisse calme et confiant. Calme et confiant, se répéta l'écrivain en inspirant profondément. Son idée n'était pas mauvaise, il en était certain... Il fallait juste que Kate voit les choses comme lui... Cela ne semblait pas si simple !

Il lui adressa son grand sourire charmeur, celui qui exaspérait Kate autant qu'elle l'adorait. Elle se prit à lui sourire aussi. Il se plaça derrière elle et elle leva la tête vers ses yeux bleus...

- Qu'as-tu prévu, souffla-t-elle en s'y noyant malgré elle.

Il sourit simplement davantage. Elle pénétra enfin dans le salon... Et ouvrit de grands yeux, surprise. Des bougies éclairaient d'une manière chaleurese cette belle pièce. Et au centre trônait le canapé, convertit en lit pour l'occasion, drapé d'un magnifique et soyeux tissu écru. Elle huma délicatement la fragrence sucrée d'orange, de jasmin et de pêche mélangés... Exquit ! Un petit sourire s'imprima sur le visage de la jeune femme qui ferma délicatement les yeux.

- Est-ce que madame est prête, demanda une voix profonde près d'elle.

Castle, les manches de sa chemise savamment pliés, un léger bouton retiré, la laissant contempler une parcelle de peau pâle aussi prometteuse qu'un ciel azuré, la regardait avec un air avenant et sérieux, et même un brin solennel. Elle hocha doucement la tête, conquise par cette mise en scène des plus attirante.

- Je vous invite à prendre place, susurra-t-il en lui désignant la couche du plat de la main.

Elle avança machinalement son fauteuil mais eut un léger doute, une fois près du grand matelat. L'écrivain le sentit à son regard, soudainement hésitant, à ces gestes, particulièrement incertains, et à cette lèvre inférieure, assaillit férocement par ses dents blanches ; elle n'était plus que doutes. Il posa une main appaissante entre ses omoplates.

- Allongez-vous, madame, mettez-vous à l'aise, la séance va pouvoir commencer.

Elle inspira profondément mais sourit en voyant le clin d'oeil fugace qu'il lui adressait avec espièglerie. Elle se hissa sur la couche, s'allongeant précotioneusement sur le drap doux et lisse, inspirant son odeur fraîche. Elle obéit lorsque Castle lui intima de fermer les paupières et sentit alors les doigts froids de Castle courir sur la peau de son visage. Une odeur de citronelle se fraya un chemin jusque ses narines et elle se détendit légèrement. Les doigts de Castle courraient sur sa peau et massaient chaque parcelle à laquelle il pouvait avoir accès. Une douce musique de chute d'eau et de piano envahit chaque recoin de la pièce... Kate se laissa aller complètement, s'abandonnant aux doigts experts de l'écrivain. Ce dernier délaissa son visage pour s'occuper de ses longues jambes, particulièrement bien mises en valeurs par le short sombre qu'elle portait. Le lieutenant semblait particulièrement détendue. Tout cela commençait très bien.

Le maître du macabre, mu en spécialiste des massages relaxants, frotta un noix de crème entre ses mains avant de les déposer sur les membres inférieures de sa jeune patiente. Il la massa avec soin et amour, caressant toniquement chaque cellule de son épiderme. Puis, il enchaîna subtilement avec les exercices de kinesithérapie. Il ne cessait de contempler le visage de Kate, à la recherche de la moindre crispation. Mais elle restait totalement calme, appaisée. Il étira les muscles de sa partenaires avec douceur, lui massant jusque ses orteils délicats. Un soupir échappa à la brunette, qui se laissait charmer par le bien-être l'habitant. Elle ne pensait à rien, rien d'autre que cet instant de bonheur. Elle était simplement bien. Elle entrouvrit les yeux et rencontra ceux, si bienveillant, de sa moitié, sourire aux lèvres. Ses lèvres s'étirèrent en une réponse inaudible. Elle exprimait son bien-être par un sourire. Castle en fut touché.

Il aida ensuite Kate à se retourner pour s'allonger sur le dos, et il continua son petit manège, heureux de voir que tout se passait pour le mieux. Puis, il remonta délicatement le tee-shirt de la jeune femme, qui se tendit légèrement. Il dévoila son dos, gracieux, et le massa à son tour, avant d'y déposer des pierres chaudes. Un murmure fut la seule réponse qu'il eut... Mais c'était tout ce qu'il attentait. Il la contempla et passa une main dans ses cheveux, massant ensuite son cuir chevelu. La respiration calme, elle était silencieuxe et appréciative. Il avait créé tout cela pour elle... Rien que pour elle... Castle prit soin de ne blesser Kate d'une quelconque manière, notamment avec les pierres. Il avait craint qu'elle ne soit trop chaudes... Mais tout semblait parfait ! Sa dulcinée se sentant comme un poupée entre ses mains lors des éxercices fait de manière "classique", l'avait blessé... Pour elle ! Elle était tellement à ses yeux ! Ce massage, cet instant, c'était lui montrer que se laisser dorlotter, se laisser guider par autrui dans ses mouvements physiques, ce n'était pas si étrange, finalement. Il voulait lui montrer qu'elle n'avait rien d'un pantin, elle était une femme désirable ! Et il semblait avoir atteind son objectif...

La session prit fin bien trop vite au goût de Kate, qui émit un râle de mécontentement. Cela fit rire Castle. Elle qui pleurait pour ne pas faire ses exercices, râlait maintenant pour ne pas les voir s'arrêter ! Elle se redressa sur les coudes et tourna la tête vers lui. Elle avait les joues légèrement rougis. Elle semblait ne pas vouloir le laisser se stopper.

- Même les meilleures choses ont une fin, Kate, sourit-il.

Une moue boudeuse étira le visage de la jeune femme mais elle sembla se résigner en un baillement.

- Allez, au lit, s'exclama-t-il en ébouriffant les cheveux de Kate.

Elle grogna mais regagna son fauteuil docilement. Roxane s'empressa de venir l'aider.

- On inverse les rôles, demain, Castle, murmura le lieutenant, taquine. Je ne suis sûrement pas la seule à avoir besoin d'exercices !

Elle loucha sur le ventre de l'écrivain avec un air des plus éloquent. Il plaqua ses mains dessus.

- Eh ! Je ne suis pas gros, s'offusqua-t-il. Et je fais de l'exercice !

Il avait rajoutté la deuxième partie de la phrase en la voyant partir, riant aux éclats. Il soupira en souriant à son tour. Cette femme allait le faire devenir chèvre ! Et Dieu, qu'il l'adorait ainsi ! Il remit le salon en ordre, sifflotant doucement, juste heureux d'avoir atteind son but. Et elle savait ce qu'il avait fait... Sa dernière remarque le prouvait ! C'est donc, le coeur en joie qu'il regagna sa propre chambre et...

Il était sans voix. Sur son lit... Sur ses draps sombres... Une guirlande de lumières formait un seul petit mot. Pas besoin de signature, il savait que c'était elle. Et elle lui disait merci ...

Finalement, ce soir, il utiliserait la chambre de sa fille... 

Accident de parcoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant