[ Chapitre 4 ]

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-Excusez-moi, est-ce que tout va bien mademoiselle ?

J'ouvris péniblement les yeux. Où est-ce que je me trouvais bon sang ?
Une cage d'ascenseur...
Un carrelage froid contre mon dos...
Et une vieille femme qui me dévisageait.
Aussitôt, les dernières heures me revinrent en mémoire.
J'avais fugué, avait été poursuivie avant de m'écrouler dans cet immeuble.
Une vague de soulagement m'étreignit alors. Je m'en étais sortie, ces hommes ne m'avaient pas attrapée.
Tout cela avait des allures de série pour adolescents en manque de sensations fortes.

- Oh je... Oui, merci madame.

J'ai baissé les yeux, effarée. Je portais toujours ma longue robe écarlate, à peine camouflée sous mon épais manteau. Mais ce qui m'effraya fut le fait que je ne parvenais pas à me relever. Mon bras gauche était en sang, faute à la porte de l'immeuble qui l'avait écorché. Mon dos n'était plus qu'une vague douleur, je ne le sentais plus, faute à la chute depuis la fenêtre de ma chambre.

-Attendez, je reviens tout de suite, s'empressa de dire la vieille femme.

Elle fila dans le couloir de l'immeuble et frappa à une porte. Elle m'inspirait confiance. De grands yeux doux et bruns, des bouclettes blanches comme neige et de minuscules mains fripées, elle était la grand-mère parfaite... En pyjama de plus.
J'ai refermé mes paupières.
Elle allait peut-être appeller la police.
Oui sûrement.
Quand soudain, une vive douleur me comprima le dos.
On me soulevait.
J'ai entrouvert les yeux, priant pour ne pas reconnaître un uniforme marine et un visage sévère.

Au lieu de ça, un homme d'une quarantaine d'années apparut. Il m'adressa un sourire franc et je tournai la tête afin d'apercevoir la grand-mère.
Il s'avéra que l'homme me porta jusqu'à un appartement dans lequel s'affairait la vieille dame.

-Tiens, pose la sur le canapé s'il-te-plaît, chuchota-t-elle.

C'est la dernière chose que j'entendis avant que les ténèbres me recouvrent une seconde fois.

Crépuscule.
Je me suis redressée sur le canapé en remettant les derniers événements en ordre. Mon manteau reposait sur une chaise de bois et j'étais recouverte par une lourde couverture colorée.
J'ai promené mon regard sur la pièce.
Un parquet sombre, un buffet de bois sur lequel une dizaine de cadres photos étaient exposés.
Une jolie table, des chaises, une porte ouverte qui donnait sur une cuisine silencieuse.
Un arbuste s'épanouissait dans un coin de la pièce et une baie vitrée donnait sur un parc.
Sur le parc qui m'avait valu la frayeur de ma vie.

-La belle au bois dormant est enfin réveillée !

La grand-mère venait de faire son apparition. Elle alluma une lumière douce au-dessus de ma tête.

-Merci beaucoup de m'avoir... ramassée, madame. Et pardonnez-moi de mon intrusion, m'empressai-je d'ajouter.

-Oh tu penses donc ! Heureusement que mon voisin était là pour te ramener ici, tu ne pouvais plus bouger d'un cheveu ! J'ai bandé ton bras, il était salement amoché.

Elle m'offrit un sourire qui me réconforta tout à coup et qui fit naître des larmes au coin de mes yeux.
Oh non, pas encore.
Le regard de la grand-mère se remplit d'inquiétude et elle s'approcha de moi, m'enveloppant de ses bras.
Je me laissais aller, alors qu'en temps normal j'aurais été plus que méfiante.
Des larmes perlèrent sur mes joues, éliminant les derniers résidus de maquillage.

-Ce qu'il te faut, ma grande, c'est un chocolat chaud.

Cinq minutes plus tard, je refermais mes paumes sur une tasse fumantes en couvrant la vieille femme de remerciements.

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