[ Chapitre 24 ]

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Élias a recommencé à parler progressivement.
Nous avons passé toute la journée tous les deux, à parler de tout et de rien, parfois interrompus par les infirmiers qui venaient changer les poches de sang qui alimentaient le corps du jeune homme.

-Vous avez eu une chance extraordinaire, monsieur, lui assura une infirmière. Je n'ai jamais vu une balle frôler d'aussi près les organes vitaux. Vous êtes un miraculé.

Étonnement, personne ne chercha à approfondir les circonstances de cette blessure par balle.
Les infirmiers qui s'affairaient autour d'Élias ne me regardaient pas, jetant seulement des regards désapprobateurs en entrant dans la petite chambre.

Belval entra dans la pièce à midi, nous apportant de quoi manger, sachant que les endives grillées de l'hôpital était une torture comestible.
J'ai passé des heures allongée à côté d'Élias, qui avait fini par être sorti des urgences pour avoir enfin une chambre individuelle.

-Comment es-tu entré dans la villa ? Me suis-je enquise en jouant avec ses cheveux si doux.

Élias attrapa ma main et se pencha vers moi, entraînant mes yeux dans la tempête des siens.

-Je n'allais pas laisser la fille du président en danger, pardi.

Je me suis renfrognée et ai dégagé mon bras.
Le boxeur à éclaté de rire et m'a prise dans ses bras, emmêlant les tubes transparents.
Je me suis blottie contre lui, comme j'étais désormais habituée à le faire.
Mon corps s'emboîtait avec perfection au creux de son torse, comme deux pièces d'un puzzle.

-Je t'aime, Élias Arone, ai-je chuchoté en rougissant, n'arrivant toujours pas à le dire calmement.

Le jeune homme prit mon menton avec douceur, mettant les pauvres battements de mon cœur au supplice.

-Et je vous aime, Wendy Prissera.

Il embrassa mon nez et je fermai les yeux, me remémorant les deux derniers mois qui s'étaient enchaînés avec un rythme effréné.
À mon tour, je me penchai pour embrasser ses joues qui reprenaient enfin des couleurs.
Au moment où je touchais sa peau de pêche, Élias a rapidement tourné la tête et a posé ses lèvres sur les miennes.

Jamais je ne m'habituerais à cette explosion, cette décharge qui broyait mes entrailles. Une nuée de papillons s'envola dans mon ventre et me poussa à étreindre la nuque d'Élias.
Il sourit et posa sa main bandée sur mes cheveux, les emmêlant en m'embrassant.

-Tu me rendras fou.

Ce fut l'une des plus belles journées de mon existence.
Recroquevillée contre Élias qui tentait de se remettre le plus vite possible, nous avons débattu sur une centaine de sujets pertinents (ou non), ri à s'en faire pleurer et nous étions heureux, tout simplement.

Vers la fin de l'après-midi, les infirmiers ne cessaient plus leurs allés-retour, insistants sur le fait qu'Élias avait grand besoin de repos.
Il a fallu que je sois saisie d'une envie pressante pour accepter de m'éloigner quelques instants du blessé.
J'ai débarqué dans le couloir vide, les joues encore rougies d'avoir tant ri.

Belval était assis à même le sol et lisait un magazine pour femme enceinte.
J'ai éclaté de rire et l'ai fait sursauté brutalement.
Pauvre garde du corps qui rêvait de protéger une nation et qui se retrouvait collé à une adolescente trop émotive.

Après avoir été aux toilettes les plus blanches et les plus propres du monde, je me suis hâtée de retourner voir Élias.
Mais Belval saisit mon poignet pour m'indiquer quelque chose.
Devant la réception de l'hôpital, se tenait une troupe qui me fit monter la moutarde au nez.
Les gardes du corps personnels de mon père, au complet.
Sans mon père.

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