Alone [bxb] (Terminé)

Chapitre 4

C'est avec le regard vide et dépourvu de toutes émotions que je partis vers l'école sous la pluie battante.

Les gouttes de pluie roulant sur mon visage se mélangaient aux larmes qui roulaient d'elles-même sur mes joues.

Le soleil, caché par de gros nuages gris, n'éclairait qu'une petite partie de la rue.

Je marchais, la musique à fond dans les oreilles et les mains dans les poches.

Je ne sentais plus rien. La musique m'amenait dans un autre monde. Un monde sans jugement, sans problème. Un monde meilleur. De toute façon, n'importe quel autre monde serait mieux que celui dans lequel je vivais.

Parce que le monde dans lequel je vivais ne faisait que me briser un peu plus de jour en jour, et personne n'essayait de me réparer.

Parce que j'étais brisé.

Si un jour quelqu'un essayait de réparer mon coeur, il allait découvrir bien rapidement qu'il manque trop de morceaux pour en refaire seulement la moitié.

Parce que j'étais brisé.

Je ne servais à rien. Si je mourrais, il n'y aurait personne qui s'en préoccuperait, sauf ces brutes. Quoi de plus triste que de perdre son souffre-douleur favori? Que de ne plus pouvoir frapper, martyriser, une personne déjà trop brisée?

Déjà au collège, je n'allais pas bien, mais je sentais que ma rentrée au lycée allait être pire... Rentrer dans le monde des grands...

Rentrer dans un monde plus violent...

Au moins, j'espèrais que personne n'allait me remarquer, moi, le pauvre petit fragile.

Comme si quelqu'un allait voir que t'existes!

Je suis invisible...

J'étais tellement dans mes pensées que je ne me rendis pas compte que j'avais ratté mon bus.

-Merde... Murmurais-je en me frappant le front.

J'avais quinze minutes à marcher avant d'arriver au lycée.

Je me mis à marcher un peu plus rapidement en replaçant mon sac sur mon épaule.

La pluie frappait mon visage. Mes yeux encore rouges me brûlaient. Mais j'avançais. Je me voulais pas que l'on remarque ma présence, je ne voulais que mes parents sâchent que j'étais arrivé en retard. Je ne devais pas arrivé en retard!

Les personnes me regarderaient, elles me remarqueraient, elles me frapperaient. Parce que j'étais con. Parce que j'étais moche. Parce que j'avais de mauvaises notes. Parce que j'étais une erreur. Parce que je ne servais à rien. Parce que je n'étais rien!On me l'avait répété tellement de fois, ça m'était rentré dans la tête...

Et c'est rentré dans sa tête à lui.

Les larmes recommencèrent à couler. Je sentais ces légères gouttes d'eau salée rouler dans mon cou.

Mais là, ce n'étais pas le temps d'être faible. Je devais aller plus vite.

Mes longues jambes frêles m'élancèrent de plus en plus loin.

Parce que je voulais arriver à l'heure. Je ne voulais pas me faire emmerder, au moins qu'ils me laissent cette année...

S'il vous plaît bon dieu seigneur de mes deux... Épargnez-moi, au moins  cette fois-ci !...