Chapitre II

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- Mia, je te présente Arthur, mon fils, déclara Barth, à peine avais-je eu le temps de poser un pied dans la cuisine.


J'observai le garçon que j'avais en face de moi. Il était plutôt gringalet, plus grand que moi, d'une demi tête peut-être. Je voyais ses bras fins dépasser de son Tee-shirt trop large pour lui, tout à fait le style geek, ce genre de garçon qui achètent leurs vêtements sans même les essayer par lots de trois. Son jean n'était pas mieux, avec ses ourlets qui raclaient le sol à chaque pas qu'il faisait et ses poches qui tombaient sur l'arrière de ses cuisses, sans son haut, je suis sûre que l'intégralité de son caleçon apparaîtrait ; c'est finalement une bonne chose qu'il prenne ses tee-shirts trop longs.


- Bon, Arthur, Mia a envie de découvrir la ville, je compte sur toi pour ne pas la perdre, on en a encore besoin ! Et puis, c'est l'occasion de rattraper le temps perdu ! s'enthousiasma son père.

- Si tu le dis, grommela Arthur.

- Oh aller Arthur ! Je suis certaine que ça va être sympa ! Pas vrai Mia ? souris Rosie.

- Hum oui sans doute, lâchai-je.

- Alors en route, mauvaise troupe ! lança Barth, tout fier.


On fut mis dehors tous les deux, comme deux âmes en peine sur le perron d'une maison qui nous était interdite. Sauf que nous n'étions pas un couple, nous ne nous connaissions pas, et ni l'un ni l'autre n'avait l'intention d'engager la conversation pour que ce moment des plus déplaisants soit un peu moins difficile à passer.

Je décidai de descendre les marches et de partir en direction de la mer, avec le but de trouver une plage.


- Ça t'embête si je m'en grille une ? lui demandai-je en lui montrant une clope.

- Hum non, vas-y, articula-t-il, non sans mal.


On marchait, d'un pas régulier au rythme des vagues qui se déversaient sur le sable encore chaud du début de l'été. Arthur me suivait, je l'intimidais. Il n'osait pas me parler, ou m'indiquer où aller. Et c'est vrai que je ne faisais pas vraiment d'efforts, mais je ne tenais pas à ce qu'il me cerne mal. J'étais ici chez lui, pas par volonté, alors je ne comptais pas m'intégrer dans leur famille. J'étais là pour un seul été. Dormir, travailler et bouffer, c'est tout ce que je voulais faire.


- Tu ne parles pas beaucoup, dit-il, finalement.

- Toi non plus.

- C'est vrai.


La plage se dessina dans le paysage au moment où j'écrasai ma cigarette sur le sol avec la pointe de ma basket. Je m'arrêtai un peu, contemplant la beauté du paysage. Le soleil de fin de journée reflétait sur l'eau ses quelques rayons et le ciel devenait progressivement plus foncé. C'était vraiment sublime.


- Tu aimes ? me demanda-t-il.

- C'est joli.

- T'as pas l'habitude de voir ça chez toi ?

- Non.

- Tu ne parles vraiment pas beaucoup.

- Non.


J'enlevai mes chaussures pour les laisser sur le haut de la plage et commençai à m'avancer vers l'eau. Je ne sentais plus la présence d'Arthur à côté de moi, il avait dû s'arrêter. La mer vint me chatouiller les pieds et je restai plantée là, à regarder l'horizon, les pieds mouillés.

Juste un été. (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant