Chapitre III.

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  Merci pour l'intérêt que vous portez à cette nouvelle histoire! J'espère que vous avez passé des fêtes inoubliables!

                                                                                                * * * *

    Lorsque l'eau commença à être tiède, elle se décida à sortir du bain. Elle appuya les mains et poussa sur celles-ci pour se relever. Cependant, elle suspendit son geste. Les cheveux qui s'étaient détachés de sa longue chevelure formaient des lettres. Et même un mot « AARON ». Bouche bée, elle cligna plusieurs fois des yeux. Les lettres ne bougeaient pas alors que son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine. Elle appuya sur ses talons et sortit précipitamment de la baignoire. Elle s'empara d'une serviette et s'enroula dans celle-ci. Les lettres étaient toujours là. D'une main tremblante, elle vida la baignoire. Aaron, était-ce le prénom de l'homme ? Elle ne connaissait aucun Aaron! Et pourtant, ce prénom lui était si familier. Elle s'insulta de folle. Il ne manquait plus qu'elle ait des hallucinations. Une chose était certaine, elle ne mettrait plus un pied dans cette baignoire. Elle se sécha, prit son portable et se dirigea vers le salon. Elle avait eu assez d'émotions pour aujourd'hui. Elle déplia le canapé. Depuis le décès de Paul, elle n'arrivait plus à dormir dans leur lit. Elle songea qu'elle devait ajouter dans ses nouveaux objectifs celui de changer de meubles, d'appartement voire même de coiffure. Sûrement aussi de vêtements. Finalement, tout lui rappelait Paul. La douleur n'arrivait donc pas par vague. Elle était constante. Si elle voulait essayer de vivre, elle devait recommencer à zéro. Bien-sûr elle ne l'oublierait pas. Paul aurait toujours sa place dans son esprit comme dans son cœur. 

    Avant de s'allonger dans ce lit improvisé, elle ouvrit la baie vitrée donnant sur le balcon et fuma une cigarette. Cette tentative n'avait pas seulement changé son état d'esprit, elle l'avait aussi replongée dans la nicotine. Pour une fois, le sommeil la gagna rapidement. Elle se trouvait devant un long miroir, habillée d'une robe jaune à frange sur le bas, une plume de la même couleur en bandeau dans ses cheveux coupés en carré. Elle était blonde. Elle pensa que c'était un rêve car jamais elle ne voudrait faire cette couleur. De la musique résonna et l'interrompu dans sa contemplation. Elle se tourna et remarqua des gens habillés dans le même style des années 20. Ils dansaient dans un salon autour de musiciens. D'autres étaient allongés dans des fauteuils et buvaient du champagne. Elle leva la main, elle avait un porte cigarette. Celle-ci était allumée. Elle sentait l'odeur comme si cela était réel. Ses mains se mirent à trembler. Elle ferma les yeux et les rouvrit. Rien n'avait changé. Elle répéta l'opération une seconde fois. Elle était encore dans cette soirée ou alors cette époque. Elle n'en avait aucune idée. Sans comprendre la raison, ses pieds se mirent à bouger légèrement. Pourtant, elle ne connaissait pas cette danse.

- Ah très chère Hélène ! Ce bel apollon et vous, avez le don d'organiser les meilleures soirées de la ville ! L'interrompit une femme rousse en se postant devant elle.

    Elle ne sut quoi répondre. Ils la voyaient! Du menton, la femme lui indiqua sa gauche. Elle suivit cette direction et faillit s'évanouir. L'inconnu du tunnel était appuyé contre un piano, un verre de Whisky dans la main et lui souriait. Elle ne voyait plus que lui. Elle ignora la femme et avança dans sa direction. L'homme garda son sourire. Il avait même l'air heureux de la voir.

- Est-ce un rêve ?

Il lui fit un clin d'œil.

- A toi de deviner ma belle.

    Il aimait donc les énigmes. Contrairement à elle. Elle n'avait pas de temps à perdre. Ses recherches n'avaient pas porté leurs fruits. Donc, oui c'était certainement un rêve mais elle voulait des réponses. Donc, elle lui attrapa le bras. Lorsqu'elle le sentit, elle écarquilla les yeux en fixant cette étreinte. Elle le sentait. De sa main libre, l'homme lui caressa la sienne. Une décharge électrique la traversa. Elle n'avait jamais éprouvé une telle sensation. Elle releva la tête et le détailla. Lorsqu'elle avait cherché son identité, elle était persuadée de se souvenir de ses traits. Ce qu'elle trouvait  étrange. Mais là, face à lui, elle se fit la réflexion qu'elle avait mal évalué sa beauté. Il était à couper le souffle.

- Quel est votre prénom ?

Il lui répondit d'un sourire à faire tomber à la renverse n'importe quelle femme.

- Aaron.

    Elle se réveilla en sursaut. Elle repoussa la couette et sortit du lit. Elle avait horriblement chaud. Elle tapota le mur à la recherche de l'interrupteur. Dès que la lumière jaillit, elle poussa un long soupir. De sa main droite, elle enleva la sueur qui perlait sur son front. Ce rêve était si étrange ! Elle était si désorientée qu'elle fondit en larmes au milieu du salon. Elle s'assit à terre et se recroquevilla sur elle-même, les épaules prises de soubresauts. Cette situation était difficile à supporter et lui rappelait à quel point elle se sentait seule. Elle attrapa son téléphone et composa un numéro. Elle espérait que sa sœur réponde. D'un autre côté, c'était absurde mais elle avait peur de déranger. Les yeux fixés sur l'écran, elle réfléchit à ce qu'elle allait dire. "Coucou c'est moi, oui nous sommes au milieu de la nuit mais j'ai l'impression de perdre la tête. Quand je me suis suicidée, j'ai vu un homme. Je l'ai revu dans mon rêve. Cela semblait si réel. Je l'ai même touché!". Elle secoua la tête. Non, elle ne pouvait pas lui dire ça. Et encore moins lui rappelait ce geste qui la faisait tant souffrir. En plus, elle finirait par être internée si elle en parlait. Elle s'allongea et alluma la télé. Elle zappa. Aucun programme ne l'intéressait. Donc elle abandonna et laissa une émission sur un concours de tatouage. Encore une chose qu'elle avait toujours aimé mais elle n'avait jamais osé passer le cap. Elle y réfléchirait plus sérieusement. Désormais, elle était une nouvelle Hélène. Une femme qui profitait de chaque instant en se rappelant que cela pouvait être le dernier.


    Depuis un mois, elle n'avait plus fait ce genre de rêve. De même qu'elle n'avait plus rêvé de l'homme. Peut-être était-ce grâce aux somnifères qu'elle prenait. Pour ne pas les provoquer, elle avait déserté les bibliothèques et abandonné ses recherches. Elle attrapa un verre d'eau et prit le cachet. Elle s'allongea dans le canapé et n'éteignit pas la lumière. Elle fixa le plafond en attente que le sommeil la prenne. Elle pensa à ses meilleures amies, Elisa et Pablo. Elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle les avait vus. Demain, elle leur enverrait un sms. Elle hurla lorsqu'elle se retrouva devant un miroir entouré de dorures. Elle portait une robe bleu marine typique du 18ème siècle, de même qu'une perruque blanche. Sa peau était poudrée et elle avait une mouche en dessous de la bouche. Sa cage thoracique était compressée, faisant ressortir sa poitrine. Elle se passa les mains sur le torse et constata à son plus grand désarroi que son corps n'était pas transparente. Avant qu'elle n'ait pu réfléchir aux options qu'elle avait, quelqu'un lui attrapa la main et la fit entrer dans une pièce dont la porte était cachée dans un mur. Une main posée fermement contre sa bouche l'empêchait de hurler. Puis, la lueur d'une bougie lui permit de voir son agresseur.


Au delà d'une vie. [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant