Opossum

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J'en reviens au début. A mes vagues. Les revoilà qui ondulent au grès de l'océan. La musique voltige, par dessus mes créants. Les boucles de mes cheveux dussent-elles aussi, tout au moins elles dansent. C'est un parfait mouvement de blues. Je ne suis plus que musique. Et je vibre. Faut pas déconner, j'étais pas au courant, comment ça, ça s'arrête ? Comment ça la boucle est bouclée ? Non, la voute est voûtée peut-être, mais la boucle, elle, voyez-vous, elle est libre.

-Que me voulez-vous ?

-Je vous veux, vous.

-Comment faire autrement ?

-C'est-à-dire ?

-Je vous aime mais c'est non.

-Pourquoi ainsi, bel enfant ?

-C'est non. Et je vous aime.

La courbe fit son apparition. Elle continue à l'arpenter de ses songes, nuits et jours, n'ayant de cesse de le retrouver. La mue de serpent est-elle bientôt prête ? Mon doux, répondez-moi dit-elle, voyez-vous je ne sais plus quoi penser. Elle tremble jusque ses pieds. Elle est tout près pourtant elle tremble. Elle voit trouble. En elle tout se démolit, ses espoirs sont polis et elle marchera bientôt dessus. Jésus. A moins qu'il ne rajoute quelque chose ; ça avait si bien commencé entre eux. La pyramide peut-elle s'effondrer ? Elle en doute. Elle se sépare de lui tant bien que mal. Mais cet arôme d'harmonie ne veut pas partir. Il lance, comme un nerf coincé. Elle s'élancera dans la course folle d'ici peu pourvu qu'il tienne. Elle est rôdée pour le choc, pour le court-jus.

IV

Prélude : Mon estomac est comme mon cœur et mon esprit : plein de merde. Ah, oh, je vous voie, moi aussi je rie. Demain ça ira mieux. On va me laver tout ça. Sait-on si le cœur se laisse faire ? Ah, c'est l'esprit qui pose problème. Ah, lui, oui. Oh, laissez-le faire son affaire. Il chie tout seul en son temps. Merci.

Après avoir été apeurée, déshabillée, déplacée, transportée, émue, rêveuse, réveillée et triste à mourir, je suis encore debout ce soir. Je hais les hôpitaux ça m'engoisse. J'ai pleuré tout mon sel, je suis à bout, et je fume de nouveau. Je dois avoir l'air d'une vraie droguée. Mais je vous assure je ne cherche que la détente, car tout ce que vous faites, ça m'angoisse. Je m'angoisse moi-même pour vous. Les hôpitaux, quelle torture. Quant à moi, je ne sais pas, je finis par croire dur comme mur qu'au final je résisterai à tout. Alors, merci, bonsoir. Je vais aller voir ailleurs si j'y suis. Voyez-vous, je m'emmène moi-même balader.

Le week-end suivant, je revoyais Custine. L'amour se passe de mots. C'est silence et c'est interlude. La tension créée de la distance qui s'annihile, et ne fait que nous rapprocher un peu mieux. Du balcon, ma petite vue de théâtre, il ya le chemin pavé, mais plus personne n'y marche. Mon regard reste scotché sur le lampadaire d'en face. Et alors que mon cerveau mûri, je vois trois raies de lumière qui font le yoyo entre mes cils et mes yeux. Si je les examine elles disparaissent aussitôt. Alors je laisse faire, ces petites raies silencieuses. A l'intérieur, les tremblements ont fait place au creux. Un grand trou, et mes larmes sont lave. Elles sont corrosives, mon amour. Je t'aime de tout mon cœur mon amour. Que faire, je meurs, que faire ?

De loin cela semble si irréel. Je te connais si peu, tu es entré en trombe, partiras-tu de la même façon ? Je ne sais plus si je m'aime, c'était déjà pas évident. Mais le soleil est si loin désormais, je ne suis plus qu'éblouie dans le noir. Les couvertures ne te réchauffent plus, petit amour tu brûles de froid. Ça crève les yeux, ça me crève les yeux. Ils en pleurent sans arrêt c'est fatiguant.

N'est-ce pas, Custine, c'est incroyable la faculté du cerveau a faire des retours en arrière. Cette faculté d'oubli. Ou comment renaît l'espoir. Ça doit être ça, peut être, je ne sais pas. Pourquoi l'on efface ?

Le curseur de ma souris clignote. Il attend que j'écrive. Il s'impatiente comme un enfant ou un pied trop nerveux. Qui tapote le sol, métronome fougueux. Je suis là, cher ami, je pense à vous aussi. J'attends moi aussi. Vous m'avez donné rendez-vous ce soir, je ne pense plus qu'à vous voir. Votre sourire et vos yeux, cher ami, sont comme de douces étincelles un soir d'orage. Votre compagnie m'est déjà précieuse. Vous me comprenez, vous, vous comprenez ? Parfois je rêve de vous, plutôt que de rêver de lui. Lui est tantôt sourire, tantôt blessure. Vous n'êtes que douceur.

Le désordre des ombresWhere stories live. Discover now