Il commence à faire jour et des canards essuient des fleurs dans des mouchoirs en papier. Le chagrin est une bestiole persistante. D'ailleurs, personne n'a jamais rien dit d'un animal-pull, la chaleur qu'il procure quand il sourit. Je me crois dans les années vingt de l'Amérique du Jazz. Je suis d'un autre temps. C'est bien moi, à l'aura folle. Regardez moi bien si vous le voulez, je m'en contre fous. Ca tiraille encore un peu dans mon dos, mais les épaules sont solides. Le ventre se dénoue tipiti tipiti. Seules les mains parfois tremblent. Je ne suis pourtant pas une jonquille. Chez moi, c'est passionnant, mais ce n'est pas chez vous. La petite araignée qui a tissé sa toile dans le jardin vous le dira. Quand on la croise on se retient de l'écraser en riant. Et quand on se croit seul on danse.
VII
- Gabriella ?
- Oui, Alice ?
- C'est merveilleux, n'est-ce pas ?
Elle plissait des yeux. - Hmm ?
- L'univers.
- C'est ton pays, chérie.
- Non, mais écoute, ma lune d'amour, ce soleil roux reflet de tendresse, là, c'est à moi ?
- Da.
- Et les animaux sauvages ?
- Aussi.
- Les domestiques ?
- Oui
- Tous ?
- Sans aucun doute.
- Mais Gabi, tout le monde me prend pour une folle.
- Partout où tu cours, l'aurore tu blesses.
- Gnnnhein ?
- Alice, décroche. Ton cœur a du s'avaler tout seul. Me voilà lassée, me voilà lacet.
- Mais de quoi tu parles ?
Enervée, elle attrapa l'appareil.
- Le téléphone bordel, tu l'entends pas qui sonne ?
- Ah ! ça. C'est mon réveil.
- Putain de môme...
- C'est à cause d'Alexandre.
- Quoi, Alexandre. Qu'est-ce qu'il a fait encore ?
- Il ronfle en dormant.
Gabriella s'approcha d'Alice avec délicatesse. Elle dénoua ses cheveux fins et, le regard plongé dans ses beaux yeux l'embrassa sur la bouche. Alice redevint toute petite. Elles se regardèrent en souriant.
Le silence et dort.
FIN.
