Dimanche soir. Je sens le sexe et je ne me suis toujours pas lavée. Je ne sais pas si je me punie, car je me sens extrêmement bien. Maurice est parti. Son odeur baroque brode encore tous les murs de ma chambre, mais je suis à l'aise, bien en tailleur sur mon lit. Comme un petit Bouddha tranquille, j'entends au loin le bruit des vagues mais elles ne m'appellent plus comme avant. Le chant des sirènes ne m'attire plus.
Seulement, à minuit, je me rends compte que j'ai porté toute la journée un t-shirt dont l'odeur me ravivait comme un charme. A minuit je me rends compte à quel point j'étais habillée comme lui. A minuit, je me rends compte qu'en fait, c'était son t-shirt à lui.
J'hume le pêché de tout mon corps, et le tissu contre balance, levant avec lui le voile sur ma culpabilité. Pourquoi je culpabilise ou pourquoi je souffre, c'est sans réponse au fond.
Lundi matin, j'évoque encore la psychanalyse. Quand t'as mal quelque part tu vas voir un docteur, quand t'as mal à la tête tu vas voir un psy, me dit ma mère. Si c'était que ça. J'en ai plein la tête, plein le cœur, plein le cul. J'ai mal partout, ça craint. Je suis sûre que ça s'éteindra. Ou alors j'y fous le feu. J'essaie de visualiser ma tête, mon cœur, ou mon cul en feu, c'est de suite moins drôle.
Je regarde les nuages, mais ce n'est pas si reposant. Ça bouge beaucoup trop, toutes ces formes, c'est fatiguant de se dire que Dieu nous parle. Dans le bleu du ciel. Et dans le bleu de la mer il y a cette violence de la houle qui éteint la force drôle. Ce soir, je découvre que n'importe quel protoplasme est bleu lorsqu'il est en vie. Le bleu de l'eau, le bleu des veines, le bleu de l'hématome, le bleu du noir, le bleu du feu, à la racine de la flamme. Tout est bleu.
« Plus rien n'arrivera davantage » dit-elle. Il existe donc un point de satiété en tout. Je repense à ces derniers jours. Singulière sensation que de perdre le contrôle, on fait semblant de respirer.