Le goût infini de Vanille

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Elle est de ses mômes aux yeux bleus fins et longs comme ceux d'un chat. Le regard persan, mi distant mi éclairé, comme l'ont les parents sur leurs enfants apprentis et déjà trop bavards. Les cheveux châtains et agiles rendant l'enveloppe glacière d'autant plus gracile. Vanille avait un gout immodéré pour les autres, et le toucher doux quoique balbutiant. Elle aimait tripoter votre peau, regardant l'élastique de la chair tituber sous ses mains avec joie. Aucune ne se ressemblait, et c'est ce qui faisait son bonheur. Ce métier était vraiment fait pour elle, du sur mesure. Elle massait comme l'aurait fait une vague à l'aurore d'une mer silencieuse. Elle ne se posait pas trop de questions, et n'en posait pas trop non plus. Moins elle en savait, mieux c'était. Plus vaste, plus spontané, plus vivant. Elle pouvait y passer des heures, dans le creux du dos et revenir à la nuque, doucement.

Vanille Plantin était seule à se remémorer de vieux songes avec toujours cette même impression délavée sur le visage : devoir encore écrire toute l'histoire ? Tout lui faisait douter de la belle liberté qui l'attendait dehors. Toujours réveillée trop tôt par les coups de poings sur l'encolure des portes. Une histoire de sauterelles, de liane et de fil d'Ariane lui avait fait perdre son souffle. Un jour, elle fut même conduit en ambulance pour cette histoire. Le ronronnement du moteur lui faisait penser à son amoureux, et riant, elle écoutait son râle pour retenir son cœur de trop battre. Arrivée à l'hôpital, Vanille pour Vincent semblait être tombée à pic. Hadrien devait avoir le cœur plus fragile. La nuit qu'elle venait de passer, éveillée, avait été d'une stupéfiante étrangeté. Les phares de la ville convergeait en un point, celui de la lettre finale. Celui de la folie qui croit qu'une fois atteinte elle ne vous lâche plus. Stupide. Tu étais déjà là dans tes yeux d'enfants, au charme envahissant. Elle n'allait pas fermer les yeux parce que désormais ils voulaient devenir plus grands. Lea, Léon, toi qui mets des accents et des airs de Chamsdine dans tes bâillements, comment crois-tu qu'elle soit dans cet état sans toi ? Vanille te dit merci avant de te redire pardon.

La création est une belle tendance au chaos, lui soufflait Clémence. Vanille sifflait en retour. Entre ses dents du bonheur, elle avait la place de ranger un autocar de conneries. Mais sa beauté était charmante. Ce qui me rend folle dit-elle c'est de ne pas penser à une deuxième solution. Oh, tu sais, les solutions ça se compte au carré !

- Nous sommes épiés par des papillons détectives.

- Ce sont des idées. Ce ne sont que des idées !

Le désordre des ombresWhere stories live. Discover now