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- Harmonie ? S'inquiète Justin. Tu vas bien ? Je t'ai fait mal ?

Je m'assieds en m'aidant du peu de force qu'il me reste dans mes bras. Je masse mes tempes avec le bout de mes doigts pour calmer les battements qui résonnent dans ma tête.

- Je vais bien, réponds-je. J'ai juste la tête qui tourne légèrement, mais ça va passer.

Quentin arrive au côté du professeur. Il s'accroupit à côté de moi, dégage quelques mèches de cheveux qui tombaient sur mon visage, et me demande si je vais bien. Je lui réponds que oui, mais en parcourant mon corps, son regard est rapidement passé de l'inquiétude à l'effroi. Il jure tout bas et passe ses bras en dessous de mes jambes et derrière mon dos. Comprenant ce qu'il fait, je l'aide en passant mes bras derrière sa nuque. Puis il se relève et commence à marcher. Une fois dans le gymnase, il m'amène jusqu'aux toilettes.

- Et merde. J'ai vraiment mal en fait, dis-je une fois posée à terre.

- C'est normal, ton dos saigne. Tu as du te couper sur un cailloux ou quelque chose comme ça.

- Je saigne beaucoup ?

- Ton maillot à changé de couleur, Hamy, me répond-il depuis une des cabines en arrachant du papier toilette. Tu as du te couper profondément. Viens là, je vais te retirer le sang avec ça, soulève ton t-shirt.

- Non ! M'écrie-je. Je vais le faire, c'est bon.

- Tu n'y arriveras pas. Laisse moi faire.

- Comme tu voudras.

J'enlève alors mon maillot, puis mon t-shirt. Quentin s'avance vers moi après avoir humidifié le papier. Je sens qu'il est mal à l'aise. Je le suis également. Je sens son regard fixé sur mes cicatrices ouvertes et en sang, il ne dit pas un mot. Il était loin de s'attendre à ça. Je me sens gênée de me dévoiler à lui comme ça, sans parler. Mais d'un autre côté, lui prouver à quel point il a été con de me laisser tomber après l'accident est très excitant. J'espère qu'il va culpabiliser pour son acte.

- Hé merde, jure-t-il.

- Choqué ? demandé-je, sarcastique.

- Honnêtement ? Oui. Je... je n'aurai jamais imaginé que... enfin, ça.

- Bon, si tu ne peux pas le faire, donne moi le papier. Je vais le faire moi-même.

- Non, c'est bon. Je vais le faire. Hamy, c'est vraiment horrible ce qu'on t'a fait... Comment peux-tu vivre avec ça ?

Je me retourne pour croiser son regard, mais il garde les yeux baissés. A-t-il honte ? J'espère bien.

- Ha, parce que cela t'intéresse maintenant ?

- Putain, jure-t-il, cette fois en me regardant dans les yeux, d'un air horrifié, Hamy. Ne me fais pas ça. Tu sais que ce n'est pas complètement de ma faute. Et tu sais que je regrette d'avoir laissé ma mère m'embobiner comme ça. Mais j'ai changé. Laisse moi une chance de te le prouver, et de me rattraper. Je t'en supplie.

Je connais Quentin par cœur, il était mon meilleur ami. Nous avons partagés tellement de bons moments ensemble. Le voir me supplier comme ça me fait mal. Je ne suis pas encore prête à lui pardonner, mais suis en capacité de lui donner une chance. Je peux mettre ma rancune de côté pour reprendre notre amitié, là où elle s'est arrêtée.

- OK, réponds-je, mais nettoie-moi ça. Parce que j'ai mal, et que ça va sécher.

Il me gratifie d'un grand sourire. Je me retourne, puis il dépose le papier mouillé sur mon dos. Aïe. Il appuie, descends, monte, plusieurs fois. Une fois le sang nettoyé, Quentin suit mes cicatrices de son doigt.

- Tu devrais aller à l'hôpital, lance-t-il.

Pardon ?

- Non, il en est hors de question. J'y ai déjà passé assez de temps comme ça, je ne veux pas y retourner.

- Comme tu voudras. Il faut quand même qu'on retourne sur le terrain, et comment vas-tu faire avec ce maillot tout en sang ? Que vas-tu dire au professeur ?

- Je ne sais pas, j'improviserai.

Quentin lève les yeux au ciel en secouant légèrement la tête de gauche à droite. Puis il retire son maillot, ainsi que son t-shirt.

- Tiens, me dit-il en me tendant son T-shirt. Prends-le.

- Tu es sûr ? Dis-je en rougissant un peu.

- Oui, tu ne vas pas y retourner avec ton maillot en sang. Et encore moins en soutient-gorge !

- Alors, merci.

- C'est normal. Bon, maintenant enfile-le et suis moi.

J'enfile son T-shirt, qui est trop grand pour moi, puis je le suis jusqu'en dehors du gymnase. Nous retournons ensuite sur le terrain. J'abandonne Quentin et me dirige vers le professeur, qui arbitre le match qui oppose mon équipe et celle de Quentin. Des camarades nous ont remplacés durant notre absence. Une fois proche du professeur, je l'interpelle et lui tends le maillot.

- Qu'est-ce que... s'étonne-t-il. Tu es blessée ?

- Non, ce n'est rien.

- Alors, pourquoi y a-t-il plein de sang sur ce maillot ?

- Juste une petite coupure, rien de grave.

- Montrez-moi votre dos.

- Non, mais je vous assure qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter.

- C'est un ordre Mademoiselle Klington ! Je suis responsable de ce qui vous arrive sur ce terrain, si vous êtes blessée...

- Je ne le suis pas !

Quentin arrive vers moi en renfort. Tous les autres nous regardent.

- Mademoiselle, je ne voudrais pas qu'il vous arrive du mal sur ce terrain. Vous avez l'air d'avoir beaucoup saigné à en juger par l'état de votre chasuble, s'il faut que j'appelle l'hôpital...

- Non je vous dis ! C'est inutile je vous assure.

Je commence à me retourner pour rejoindre le milieu de terrain mais le professeur m'attrape par le bras, je m'en échappe.

- Je ... il faut que j'y aille ! Dis-je avant de me mettre à courir vers les vestiaires.

En arrivant je croise un professeur, je lui demande de m'ouvrir pour récupérer mes affaires. Puis je retourne au lycée en appelant ma mère pour lui expliquer ce qu'il vient de se passer.

- J'arrive, je viens te chercher, me dit-elle.

Je sors du lycée. Dix minutes plus tard, ma mère arrive, je monte dans la voiture. Elle m'a harcelée de questions durant tout le trajet, mais je n'y répondais pas.

- Je pense que tu devrais expliquer toi-même à tes professeurs ta situation... lance-elle, espérant surement une réaction de ma part.

Est-elle sérieuse ?

UnforgettableWhere stories live. Discover now