Chapitre 35 - Léo

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Je suis en sueur. Je viens d'échapper de justesse à une crise d'angoisse et je ne sais pas comment j'ai réussi. Je me suis enfermé dans mon bureau, histoire de ne pas me retourner contre elle... Pourquoi m'a-t-elle parlé de ça ce soir ? Elle sait que c'est le sujet dont il ne faut jamais parler.

Je finis mon verre d'eau et attrape un bouquin dans un tiroir avant d'en sortir du milieu la seule photo que j'ai pu récupérer de ma maison en cendres. J'ai l'impression que mon souvenir d'eux s'efface de jour en jour et j'ai peur de les oublier... J'en ai marre de toutes ces émotions contradictoires qui m'envahissent depuis plusieurs mois. Depuis que j'ai croisé Kaithlyn dans ce hall d'hôpital à vrai dire...

Avant elle, je ne me permettais pas de ressentir les choses. J'ai pleuré plus de fois depuis que je suis avec elle que dans toute ma vie. Les larmes se sont éteintes ce fameux jour et je n'avais plus le droit de pleurer, de penser ou même d'aimer. Ma vie et mes sentiments étaient parfaitement contrôlés. Je ne m'autorisais à craquer qu'une seule fois par an. Chaque vingt-quatre décembre était un enfer pour moi, un véritable enfer. J'ai cru qu'en grandissant et en vieillissant j'accepterais mieux leur décès, mais non. Et cette année en découvrant tous ces nouveaux éléments sur leur mort, je sens que ça va être encore pire.

Je ne sais pas si je regrette ou non d'avoir perdu ce total contrôle sur mes émotions... D'un côté oui, mais de l'autre, je n'aurais pas Kaithlyn. Kaithlyn... Je l'ai rembarré sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit... Je passe mes mains sur mon visage. Je suis con parfois. Enfin je devrais compter les fois où je ne le suis pas plutôt. Je suis étonné qu'elle ne soit pas encore venue me trouver comme d'habitude pour m'asséner de questions. Je range la photo dans le livre et le remets à sa place avant de sortir de mon bureau et de retourner à la chambre.

La lampe de chevet est toujours allumée et Kaithlyn tourne le dos à la porte, allongée sur mon oreiller. Je contourne le lit et je m'y assois doucement. Elle s'est endormie... Elle dort paisiblement alors que mon sommeil s'est envolé bien loin. Je m'allonge face à elle et je l'observe de longues heures ce qui m'apaise bien évidemment... Je vais la décevoir une fois de plus, mais pour moi c'est tout simplement inimaginable de fêter Noël... Je ne me sens pas encore prêt et j'ignore si je le serais un jour.

Mardi 1 décembre 2015

Je viens de terminer ma première consultation de la journée. Je tape la synthèse sur l'ordinateur. Je tente au maximum de m'occuper l'esprit ce matin car je n'ai pas dormi de la nuit. La sonnerie de mon téléphone me fait lever les yeux. Je le sors de la poche de ma blouse, c'est un message de Kaithlyn.

Bébé 09:42 : Bonjour Léo. Je tenais à m'excuser pour hier soir, je ne voulais pas t'énerver... Je n'en parlerais plus c'est promis. Je suis désolée... Bonne journée, je t'aime.

Je fais une petite pause pour lui répondre.

09:45 : Bonjour. C'est moi qui doit m'excuser pour ma réaction à la con... C'est un sujet épineux que je repousse jusqu'au dernier jour. Ce jour est inévitable, mais plus il semble loin, mieux ça va. Je ne sais pas comment en parler, je n'ai jamais eu à le faire ces dernières années. Je t'en parlerais un peu plus tard je te le promets... Je t'aime à ce soir.

Je pose mon téléphone sur le bureau et passe mes mains sur ma tête en soupirant. Je vais devoir lui en parler à un moment ou un autre. Un poing s'enfonce dans ma poitrine, mais je l'évince rapidement en me levant pour aller me chercher un café. Je vais vite rentrer à la maison après le déjeuner. Je croise Susan dans la salle de repos.

— Bonjour Léo.

— Salut. Comment tu vas Susan ?

— Très bien. Tu as une salle mine aujourd'hui.

Paris Love & Hospital T2 : My steamy doctorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant