PDV de Gale :
18:14 "fuseau horaire de Sydney"
Au-dessus de l'océan Pacifique...
Elle s'était tue. Elle portait un jeans déchiré et tâché et un chemisier blanc froissé. C'était de la mise en scène. Elle allait faire un retour triomphale. Elle était légèrement maquillée, juste assez pour ne pas être moche sur des photos. Je revoyais la fille que j'avais capturée. Pas la coéquipière. La princesse égocentrique et calculatrice. Le moi féminin que j'avais enlevé. Mon coeur se serra, elle était si loin la fille que j'avais apprécié. La femme que j'avais face à moi lisait des dossiers encombrants et relevai des lunettes de vue que je soupçonnais d'être des fausses. J'avais face à moi une autre sorte de Victoria, l'héritière.
-Bon il va falloir que tu m'écoutes.
Elle avait ce ton pincé que je lui connaissais bien. Je ne voyais plus la fille qui riait avec son agresseur et qui pleurait sincérité. Disparue.
-Je ne peux pas y croire.
Elle leva furtivement les yeux vers moi avant de se replonger dans ses feuilles avec une moue de dédain.
-Quoi ?
Je soupirai.
-Et bien.
Elle faisait mine de s'en ficher, du moins je l'espérais. Je tournai la tête, me retenant de gémir. J'avais une blessure ouverte sur la poitrine qui cicatrisait mal. Mais plutôt mourir que lui le dire.
-Et bien ?
Je me remis à soupirer pour l'agacer, j'avais à peine plus de vingt-deux heures pour la faire redevenir la jeune femme que j'avais appris à, plus ou moins, apprécier. Ou plutôt supporter. Je ne pouvais pas croire qu'elle soit redevenue cette pimbêche insupportable. D'ailleurs en parlant d'insupportable, elle mâchait un chewing-gum d'une façon des plus insupportables. Je savais qu'il devait y avoir une bouteille, peut-être même un carton, de champagne dans cette hélicoptère. Je refusais de croire qu'Alice ne lui en avait pas offert après leur petit arrangement.
PDV De Victoria
18:18 "fuseau horaire de Sydney
Au-dessus de l'océan Pacifique...
Je me concentrai du mieux que je pouvais pour ne pas me plonger dans ces yeux, j'évitais aussi de regarder les nombreux bleus qui ornaient son corps, tels des insignes, des grades. Il aurait pu les arborer avec désespoir mais au contraire, ceux-ci faisaient ressortir sa fierté, sa virilité et, soyons honnête, sa beauté. Personne ne m'avait jamais fait d'effets pareils. Contrairement à ce que pensaient tout le peuple, ma grand-mère et l'église anglicane, je n'étais pas vierge. Choquant, n'est-ce pas ? Et bien, puisque l'on en est aux confidences, sachez que mes dernières relations sont aux nombre incroyable de trois. Je sais, c'est à la fois peu et beaucoup. Peu pour une fille de nos jours et énormément pour une héritière. Je suis plutôt conservatisme question politique, normal vu mon éducation mais ce n'est pas pour autant que je rejette des idées avant-gardistes. Tant qu'il ne s'agit pas de légaliser la zoophilie, je suis plutôt ouverte. Bref, j'ai fini de vous rédiger mon rapport sur moi-même, alors retournons au moment présent. Gale se trouvait en face de moi, il était retenu à son siège par une double paire de menottes et appuyé profondément dans celui-ci. Je commençai à m'impatienter. Il ne voulait pas me dire le fond de sa pensée.
-Bon Gale, on va pas jouer à sa toute la soirée. Alors soyons bref. Je te dis ce que tu veux savoir et tu me dis ce que je veux savoir.
J'avais sorti ma phrase du ton le plus plat et sobre possible. D'un ton tellement dénudé d'émotions que je le vis serrer les dents. Je l'insupportai. Et rien ne m'étais plus désagréable que les gens qui ne me supportaient pas. Il m'aidait à le détester.
-T'es redevenue une garce et je suis redevenu un meurtrier. Y a rien à dire de plus.
Je soupirai, à mon tour, et dis d'un ton plus ironique encore que ce que je souhaitais
-Mais où va le monde Gale, où va le monde ?
Il détourna le regard un instant puis sourit d'un air narquois. Je l'interrogeai des yeux. Il continua à sourire.
-T'es plutôt sexy avec ton chemisier froissé.
PDV De Gale
18:30
Au-dessus de l'océan Pacifique...
Elle avait rougi, preuve irréfutable que j'avais une chance et bien plus grande que ce que je croyais. Victoria avait rougi. Ma liberté allait se jouer la dessus. Il fallait que je m'arrange pour l'embrasser avant la fin du trajet.
-Bon, vas-y balance moi ton plan princesse.
Elle toussota et commença à m'expliquer notre programme et, je devais l'avouer, celui-ci était plutôt malin. J'avais presque hâte de voir comment il allait se dérouler. Enfin, sauf la partie où j'allais être escorté jusqu'à la prison secrète et cachée du Buckingham Palace puis où j'allais servir d'esclave personnel à Miss Angleterre jusqu'à qu'elle se lasse et me rende à Miss Australie. C'était clair, cette partie ne me plaisait pas, mais alors pas du tout. C'était intelligent de sa part de s'être inspirée des faits réels, du moins des premiers jours, et prétendre ma mort me préserverait au moins des foudres de Mademoiselle. Sans même s'en rendre compte, elle m'avait fournit une protection sans égal.
-Voilà, c'est à peu près tout.
-Votre Majesté, je plains de tout coeur le peuple entier de Grande-Bretagne pour son ignorance envers votre cruel personne et votre machiavélique plan.
Victoria ignora ma tirade et rangea ses dossiers.
-Il ne faudrait pas que je m'échappe, murmurai-je.
Elle se crispa sur son dossier puis me jeta d'un ton platonique.
-Il ne faudrait pas en effet.
Puis elle me fit un sourire qui se voulait sans doute ironique mais qui trahissait un ton légèrement indécis. Je pouvais réussir et il me restait encore une vingtaine d'heures pour la faire tomber raide dingue amoureuse ou, si c'était déjà fait, de convaincre de son amour pour moi.
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~Next Princess~
ActionÊtre une princesse a de nombreux avantages mais, moi, Victoria, princesse de Grande-Bretagne, regrette presque ma couronne. Attendez, vous vous demandez pourquoi ? Alors on va reprendre depuis le tout début...