Chapitre 2

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Mon poignet est rouge vif, et je ne pus m'empêcher d'éclater en sanglots sourds.

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que j'ai des parents comme ça ? Pourquoi il n'y a que moi qui me fait battre, et pas les autres stupides ? »

Victoria arrêta mes pensées aussitôt qu'elles étaient venues en rentrant dans ma chambre.

- C'est trop dur de frapper ? Demandai-je.

- Oui, beaucoup trop.

-Qu'est-ce que tu veux ? Réclamai-je sur la défensive.

-Oh, rien de très spécial... Je voulais juste savoir ce qu'il s'est passé ce matin. Répondit elle en haussant les épaules.

-Pourquoi ? Ça t'intéresse, peut-être ? Tu veux juste m'humilier une fois de plus.

-Moi ? Elle posa son doigt sur sa poitrine en levant les sourcils d'étonnement. Je ne ferai jamais une chose pareille, sourit-elle. Par contre, Sébastien peut le faire.

Elle l'appela. Sébastien arriva en une foulée, le sourire aux lèvres. Il a vingt ans, et ma sœur dix-neuf. Forcément, je suis la plus petite des deux, donc ils se rabattent sur moi depuis toute petite. Mon frère a les yeux bleus perçants, ainsi que ma sœur. Dans la famille, tout le monde a cette couleur, et ça devient énervant à force. Ce gris pur, froid, métallique. Il n'y a que Agathe et moi qui n'avons pas hérité de ça. Mon frère a le visage carré comme les acteurs Américains, les cheveux noirs ébouriffés, un long nez fin, et une carrure en V, pas trop maigre, ni trop gros. Il a vraiment un corps parfait, en fait. Ma sœur, elle, lui ressemble comme deux gouttes d'eau, mais en femme. Le visage carré, les cheveux mi-longs aux épaules noirs, une taille fine, des bras musclés, une morphologie en V, un nez long et plus fin que lui. Ils sont vraiment beaux, mais tellement narcissiques. Je me demande comment mes parents ont pu me faire, moi et Agathe. On est tellement différent ! Pas seulement d'apparences – quoique les cheveux... - mais aussi de caractère.

-Alors ? Demanda Sébastien, que faut-il que je fasse ?

-Je dirai qu'il faudrait d'abord que tu lui souscrives des informations.

-Mais je vais te les donner, tes informations ! Vers cinq heures du mat', pendant que vous dormiez j'ai joué du piano, et maman a été réveillée, ensuite elle est venue me gronder. Vers sept heures, ce fût papa qui vint me frapper. Content ? Maintenant partez !

-Oulà, pas si vite. Où il t'a frappé ? Montre-nous. Réclama Vic.

Je hochais négativement la tête. Mon frère fronça les sourcils, et montra son poing.

D'habitude, je n'obéis pas, mais j'ai déjà beaucoup trop mal. Je n'ai pas envie de me refaire taper par mon père parce que j'ai désobéi à mon frère et à ma sœur. Ils poussèrent des petits cris de joie et, rigolèrent entre eux.

-Je dois dire qu'il ne t'a pas loupé ! Tant mieux !Peut-être que tu devrai continuer à jouer du piano, ça te réussit bien, je trouve. Dit ma sœur en me flanquant un coup de coude dans le genou.

-Allez, bonne journée ! Me lança mon frère par dessus son épaule en ricanant de plus belle.

Je me recroqueville sur moi-même par-dessus les couvertures. De longues minutes passèrent, et je décidai d'aller dans la salle de bain. Je croise mon reflet dans le miroir, et me regarde longuement. Plus de sept jours que je ne me suis plus vue.

Un visage ovale, les cheveux longs noirs qui m'arrivent à la taille, une frange qui cache mon grand front, des yeux verts luisants, un petit nez, une bouche pulpeuse et rougie, des joues rosées, et des cils longs noirs foncés.


J'enlève mon t-shirt blanc, mon soutien-gorge, mon short et ma culotte, pour me regarder de tout en long. Un buste fin et musclé, une taille marquée en sablier, des épaules musclées et fines, un dos fin et musclé, des seins normaux qui ne tombent pas, un ventre plat avec des abdominaux dessinés, des jambes élancées, et une pointure de pied de trente-huit. J'ai bien changé depuis l'année dernière. Il faut dire, je me suis mis au sport pour pouvoir combattre mes parents au cas où, ou pour ne pas avoir trop mal si il y a lieu de coups.

Malheureusement, j'ai une peau qui marque très vite. J'ai peut-être un corps qui donne envie, mais il est rué de bleus, de cicatrices, de plaques rouges, et d'eczéma lié au stress. De plus, je ne vois pas comment on peut envier le corps de quelqu'un ;c'est seulement la carapace qui recouvre le magnifique être qui vit à l'intérieur. Personne ne peut avoir un corps parfait, il n'existe pas, et il n'existera jamais. J'espère que ce corps plaira à quelqu'un dans l'avenir. 

Mais je ne pourrai jamais avoir quelqu'un. Avec des parents comme ceux-là ? Sûrement que non. 

Indésirée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant