Le lundi, ma meilleure amie vint me chercher pour aller en cours comme d'habitude.
Quand j'arrive au pas de la porte, le premier reflex de Diane fût de me reluquer comme si j'étais un mannequin.
- Tu as mis le paquet, dis donc, Anyssa !
-Ah, c'est bon... J'ai bien le droit de me faire plaisir, non ?Déclarai-je en fuyant son regard.
-Oui, tu fais ta vie. C'est juste que c'est surprenant de te voir comme ça, alors que ces derniers jours on aurait dit que tu fuyais le Monde..., répondit-elle.
Je relevai les yeux sur la défensive :
-Non, je ne fuis pas ! Je prenais juste les premiers vêtements qui me venaient, criai-je, et maintenant je veux être féminine !
-Hé... Calme-toi ! Il s'est passé quoi ?
Diane n'est pas au courant que mes parents sont odieux avec moi, et je n'ai pas envie de le raconter, à quiconque. Je me contente alors de secouer ma tête, et nous prîmes le chemin de l'arrêt du bus. Il y eut un long silence, et Diane voulut le couper :
-Tu sais, je ne suis pas idiote. Je ne suis peut-être pas la meilleure des amies côté normalité, si tu vois ce que je veux dire, mais je serai toujours prête à t'écouter, et ne jugerai jamais.
Elle s'est arrêtée de marcher, et me regarde droit dans les yeux. Je fus la première à baisser les yeux, et en voyant que je ne répondais pas, elle souffla un profond soupire, et continua à marcher.
-Très bien. Fais comme tu veux.
Elle passa sa main dans ses cheveux platines. Nous sommes extrêmement différentes toutes les deux, mais rien ne nous empêche de nous aimer. Elle a la peau très blanche, les cheveux blonds platine aux épaules, les yeux marrons foncés presque noirs, une morphologie en H, pas très musclée, mais pulpeuse – pas grosse, juste comme il faut. Un petit nez fin, des yeux légèrement en amandes, un visage rond. Elle est sublime, mais elle n'arrête pas de dire que c'est moi la plus magnifique des deux.
Je suis totalement l'opposée, car j'ai les cheveux noirs à la taille, les yeux verts, un long nez, les yeux normaux, et une peau assez bronzée car je suis d'origine arabe, et elle d'origine hollandaise, mais avec les yeux noirs au lieu de bleus. Nous sommes juste pareil pour la taille. Environ un mètre soixante-dix. Pour le caractère, on est aussi très différentes. Insouciante, cœur d'artichaut, désintéressée, gentille et drôle sont les principales traits de caractère de Diane. Ambitieuse, attachante, timide, sont mes principales traits de personnalité. Il n'y a que la gentillesse – et peut-être drôle quand je le veux -, qui sont les mêmes de ceux cités.
A la fin de la journée, je monte dans ma chambre lessivée. Je lance mon sac sur mon bureau, puis me jette sur mon lit. Je me déshabille, puis passe à la douche. Cette salle de bain me répugne de plus en plus. Je n'ai pas le droit de me plaindre, parce que j'ai une salle de bain et une chambre pour moi seule. Franchement, je préférerai encore être dans la chambre de mon horrible sœur qu'ici. Ma chambre est tout en bois, les vitres sont encore du simple-vitrage, les rideaux ressemblent à ceux de mon arrière-grand-mère, ils sentent le renfermé, le lit est en assez piteux état, le matelas date d'extrêmement longtemps. La lumière suspendue au plafond laisse apparaître ses fils, et n'a même pas d'abat-jour. Il n'y a que l'ampoule en fin de vie. Le carrelage dans la salle de bain est brisé pour la plupart, la baignoire est fissurée, ainsi que le lavabo, la fenêtre est minuscule et ne laisse pas apparaître beaucoup de lumière dans la pièce. Du coup, la salle est terne, froide, humide, et ce coup-ci, il n'y a même pas d'ampoule. Il n'y a pas de rideau, et le verrou est cassé. La glace est ondulée au sommet, et brisée au coin inférieur gauche. Heureusement, on se voit encore bien dedans. En fait, je vis vraiment dans un endroit miteux. D'où je suis, je ne capte pas le Wi-Fi et je n'ai pas de réseau. De toute façon, il m'est interdit d'appeler ou d'envoyer des messages à qui que ce soit dans ma chambre, ou en dehors de la maison. En fait, il faut toujours que je sois à proximité d'eux pour qu'ils m'observent. Et de toute façon, ça ne sert à rien de supprimer les conversations, car ils trouveront toujours un moyen de lire mes conversations, et surtout avec qui. Il n'y a pas de téléphone fixe. Vous savez donc pourquoi je n'appelle pas la « Sécurité Sociale » ou je ne sais quoi pour enfants battus. De toute façon, ils ne me croiront même pas. Une fois, j'ai appelé d'une cabine téléphonique, et ils m'ont raccroché au nez en riant :
« Haha ! Elle est bien bonne celle-là ! Tu n'as que 15 ans, ce ne devait être qu'une petite tape de rien du tout ! »
Mais ils ne savaient pas de quoi ils parlaient...
Cet appel remonte à deux ans. Mais j'en ai fais bien avant. Depuis le dernier, j'ai arrêté et j'ai perdu tout espoir d'appel. Ils ne me viendront jamais en aide, car personne ne croit. Je me demande vraiment pourquoi ils existent. Encore, si j'avais dis dix ans, on pourrait croire que c'est une farce, quoi qu'un enfant qui invente ça... D'autant que, je ne sais par quelle malchance, je me fais toujours « punir » car ils apprennent que j'ai désobéi. Comment ? Je l'ignore depuis 17 ans.
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Indésirée.
Mystery / ThrillerLa peur, l'angoisse, le dégoût de ses parents, les frappes de son père, et les injures de ses parents et frère et soeur sont tout le mal-être d'Anyssa, dix-sept ans. Uniquement soutenue par sa petite soeur, Agathe et sa meilleure amie, elle devra fa...