Lorsque je me réveille la tête qui me fait horriblement mal, et mon sang qui tape contre ma tempe, je ne regarde pas tout de suite où je me trouve. A partir du moment où j'ouvre les yeux, je me maudis de ne pas les avoir laissé fermés. Je me trouve dans une petite pièce terne,humide, avec seulement une petite table pouilleuse, avec un tabouret et une lampe de chevet pleins de toiles d'araignée. Je suis assise, où plutôt attachée à une chaise en bois, avec un trou au niveau du postérieur. Je n'ose même pas imaginer les bêtes qui se trouvent dans cet endroit...
La corde me cisaille les poignets, et j'essaye tant bien que mal de la retirer. Mais avoir les bras accrochés derrière une chaise, ainsi que les chevilles entre elles, ce n'est pas hyper pratique. Je suis vraiment attachée comme un saucisson : j'ai les cuisses et le ventre entourés d'une corde, pour que je ne puisse pas me lever. Je l'aurais bien détachée avec les dents, mais elle est très épaisse.
Du coup, je pense à ce qu'il s'est passé avant que je ne me retrouve ici. Malheureusement, les souvenirs refont vite surface, et une pointe de mélancolie s'empare de mon être. J'ai envie de pleurer, de crier, et de m'arracher les cheveux... J'ignore ce que j'ai envie réellement, en fait. Peut-être tenir ma petite sœur dans mes bras ? Et ceci, je ne le pourrai plus jamais.
Je pense à me laisser mourir, à qui puis-je servir dorénavant ? Soudain, je songe à Diane, et j'éprouve de la gêne. Je ne pense même pas à elle, je ne pense qu'à moi. Comment fera-t-elle sans moi ? Sa vie est déjà tellement morne, - même si elle fait, ou veut faire croire le contraire – elle n'a pas besoin de perdre sa seule amie, la seule personne qui l'aime. Pendant ce laps de temps où je suis dans cet endroit glauque et lugubre, je pense à ce que j'ai fais pour mériter des parents comme ceux-là. Surtout, comment y sont-ils parvenus à le devenir ? Rien n'arrive par hasard dans la vie, je le sais que trop bien. Mais alors, que leur est-il arrivé ? Il serait temps que je le sache, et si jamais un jour, je les recroise, il faudra que je leur demande. En réfléchissant à tout, serait-il possible que ce soient eux qui m'emprisonnent ici – enfin mon père ? Il séquestre sa propre fille dans une cave, il la bat, la violente, l'insulte, l'humilie, et il pourrait tout aussi bien la garder contre son gré. Maman doit avoir un sacré problème pour accepter son mari de battre ses enfants... Maman n'est en réalité pas vraiment méchante, au fond. Elle me méprise, mais elle n'a jamais levé la main sur moi. Papa, lui, l'a fait tellement souvent, sans vraiment aucune raison apparente. Le plus souvent, c'était parce que je posais des questions, ou que je répondais. Maman est peut-être d'accord, et le laisse faire. Ou elle en a peur, comme moi ? Si ça se trouve, elle aussi, il la violente. Je stoppe net mes pensées, car tout ce que je fais ne mène à rien, à part poser des questions sans réponses et me torturer.
Je bascule ma tête en arrière, ferme les yeux, puis vague à une chanson.
-T'es réveillée ? Crie une voix d'homme.
Je me redresse directement, et rouvre les yeux.
-Vous... qui êtes-vous ?
Il sourit, puis ressort par la porte. J'essaye de me déplacer tant bien que mal en sautant avec la chaise. Je sais maintenant où se trouve la sortie. Arrivée à la porte, j'eus un moment de panique ; la chaise vacille, et manque de tomber par terre. Heureusement, j'arrive à poser mes doigts contre la porte, et la chaise se remet sur ses quatre pattes. Je tente de me lever un peu de la chaise, mais la corde me scie les cuisses. J'étouffe un cri de douleur pendant que je continue de me mettre debout le plus possible pour atteindre la poignée de la porte avec mes mains attachées dans mon dos. Je tourne la poignée, et tout mon corps s'effondre de déception à sa place initiale. La corde recommence à me serrer et à me gratter. Pour sûr, je dois être bien rouge aux poignées et aux cuisses, avec ces efforts. Je cherche dans tous les recoins voire s'il n'y a pas des ciseaux, une clé comme par miracle. Mais mon ravisseur a bien prévu son coup. J'ignore totalement combien de temps je vais rester ici, et ça m'angoisse.
D'autant que, l'homme qui est venu tout à l'heure, je ne le connais pas du tout. Bizarrement, me savoir emprisonnée par mon père, m'aurait un peu rassurée. Même si ses coups n'ont rien à envier, j'aurai connu mon agresseur. Je me remis à ma place initiale, au milieu de la pièce, essoufflée.
Je m'empêche de pleurer, en pensant aux enfants plus démunis et plus malheureux que moi. Je me mords la lèvre à la faire saigner, pour m'occuper et ne pas laisser une larme couler. Si je pleure, je ne vaux rien. Il faut que je me montre forte, pour me le prouver à moi-même et aussi si il revient. Il saura que je ne suis pas facile à impressionner, à faire peur, et que je peux être forte. Chacun a sa part de force en lui, il faut juste la dompter.
VOUS LISEZ
Indésirée.
Mystery / ThrillerLa peur, l'angoisse, le dégoût de ses parents, les frappes de son père, et les injures de ses parents et frère et soeur sont tout le mal-être d'Anyssa, dix-sept ans. Uniquement soutenue par sa petite soeur, Agathe et sa meilleure amie, elle devra fa...